Le corpus TCOF comporte deux grandes catégories : des enregistrements de corpus d’interactions entre adultes et enfants et des enregistrements d’interactions entre adultes dans différentes situations de communication (conversation, entretien, récit de vie, réunion de travail, etc.). Cette dernière base est constituée d’environ 300.000 mots pour un total de 23 heures de parole. L’ensemble a été mis à disposition du projet Orféo.
Corpus | TCOF |
Nom du fichier | Pomp_prov_sd |
Responsable(s) | Jeanne-Marie Debaisieux |
Résumé | un pompier raconte quelques unes de ses expériences les plus marquantes. |
Date de l'enregistrement | 00/00/2007 |
Durée de l'enregistrement | 00:34:59 |
Nature du signal | audio |
Anonymisation du signal | bip |
Niveaux d'annotation | Annotation automatique |
Annotation | automatique |
Type | entretien |
Secteur | privé |
Interaction en milieu … | amical |
Modalité | oral |
Nombre de locuteurs | 2 |
Situation de l'enregistrement | face_à_face |
Adresse d'échantillon | /annis-sample/tcof/Pomp_prov_sd.html |
Identiant du locuteur | L1 |
Âge du locuteur | 21-60 |
Sexe du locuteur | F |
Profession du locuteur | étudiant |
Niveau d'études du locuteur | études supérieures |
Lieu de naissance du locuteur | France, PACA |
Identiant du locuteur | L2 |
Âge du locuteur | 21-60 |
Sexe du locuteur | M |
Profession du locuteur | pompier |
Niveau d'études du locuteur | inconnu |
Lieu de naissance du locuteur | France, PACA |
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L1: | interview d' un pompier professionnel alors peux -tu me dire en quoi consiste ton travail |
L2: | alors mon travail ben je suis pompier je suis pompier c'est-à-dire euh ben tout ce qui se rattache au terme de pompier les porter secours assister les personnes en danger intervenir sur les différents feux feux urbains feux de forêts surtout ici dans le Midi |
L1: | hum hum |
L2: | et puis tout ce qu' on appelle nous les opérations diverses c' c'est-à-dire fuite d' eau le chat qui est sur l' arbre qui arrive plus à descendre le nid de frelons et caetera et caetera quoi c' est assez étendu |
L1: | c' est un travail très varié quoi |
L2: | ouais c' est varié euh ouais parce que chaque intervention est différente quoi tu tomberas jamais sur sur le même accident tu verras jamais le même feu tu |
L1: | hum hum |
L2: | enfin tu dois faire face à certaines situations qui qui se ressemblent pas quoi |
L1: | d' accord et est-ce que tu peux me raconter un souvenir marquant dans ta carrière de pompier |
L2: | un souvenir marquant |
L1: | oui quelque chose qui t' |
L2: | oh ben hum |
L1: | ou |
L2: | pour moi ben jusqu' à maintenant ça a été le tremblement de terre à Mexico qui a eu lieu en quatre-vint-cinq auquel j' ai j' ai participé en tant que secouriste quoi |
L1: | hum hum |
L2: | c' est c' est quand même quelque chose qui marque dans la vie de dans la vie d' un pompier parce qu' on va pas tous les jours à Mexico aider les Mexicains quoi |
L1: | hum hum |
L2: | voilà et j' étais à l' époque euh j' étais pas encore professionnel j' effectuais mon service militaire au Bataillon des Marins-Pompiers de NNAAMMEE et |
L1: | c' était la condition nécessaire pour partir |
L2: | ah non la condition pour partir il fallait avoir le le stage enfin stage un examen de sauvetage déblaiement qui est une spécialisation chez les pompiers comme il en existe beaucoup d' ailleurs et être secouriste et être titulaire du Brevet de Réanimation |
L1: | hum hum |
L2: | voilà si tu réunissais ces ces deux conditions euh tu avais des chances de partir bon tout le monde n' a pas pu partir on a on a été tiré au sort quoi |
L1: | hum |
L2: | parce que l' effectif est assez grand quand même et j' ai eu la chance d' être la chance d' être parmi ceux qui sont partis à Mexico |
L1: | d' accord et là-bas comment ça s' est passé |
L2: | ah là-bas c' est c' est c' est impressionnant quoi c' est pas c' est |
L1: | j' imagine ça devait être gigantesque |
L2: | ben ouais ben imagi ouais ben moi aussi avant de partir tout le monde imaginait à peu près quoi parce qu' on avait lu les journaux on avait écouté la radio tout ça donc on se faisait déjà une petite image de Mexico ce que ce ce qu' on allait voir et en fait quand on est arrivés c' était c' était tout autre chose ça prenait une autre dimension c' était c' était c' était fou quoi |
L1: | hum hum c' était encore plus grand dans la réalité |
L2: | ah ouais parce que vraiment tu es on imaginait déjà je t' ai je te l' ai dit mais voir tous ces immeubles effondrés les rues qui existaient plus des trous dans la chaussée des gens qui couraient à droite à gauche des |
L1: | c' était l' affolement général là-bas |
L2: | ah ouais |
L1: | hum |
L2: | bon un affolement général |
L1: | et en quoi consistait ton travail sur place |
L2: | eh ben nous sur place donc on est arrivés on a été pris en charge par les autorités mexicaines qui nous ont accompagnés à à notre hôtel enfin à notre hôtel j' appelle ça un hôtel mais c' était un quartier général quoi on logeait dans un hôpital |
L1: | hum hum |
L2: | donc on avait des lits de camp tout ça ensuite nos chefs sont allés chercher euh auprès toujours de ces autorités mexicaines le travail que l' on devait effectuer parce que c' est faut une organisation quoi on peut pas aller à droite à gauche et on nous avait confié le déblaiement de d' un hôpital qui s' était effondré au centre de |
L1: | donc vous avez un secteur bien particulier bien défini |
L2: | ah bien précis ouais ouais nous on le bataillon des Marins-Pompiers s' occupait de cet hôpital je me rappelle plus son nom mais il s' était effondré et il y avait des bon un hôpital c' est plein de malades de personnels au moment du tremblement il était plein cet hôpital enfin il était plein je sais pas combien de personnes il y avait mais il y avait encore des personnes de vivantes sous les décombres |
L1: | hum hum |
L2: | donc nous on a fait on s' est occupé que de cet hôpital ensuite on était avec l' U S S de NNAAMMEE bon ils se sont occupés de ils étaient à l' est de Mexico ils avaient une clinique ou ou un immeuble je sais plus hum |
L1: | hum |
L2: | enfin eux ils s' occupaient rien que de |
L1: | d' autre chose |
L2: | voilà chaque groupe avait avait son secteur d' intervention sa partie de travail à faire voilà en gros c' était |
L1: | et votre travail euh |
L2: | notre |
L1: | consistait en quoi je veux dire sur place |
L2: | ben sur place le nous on nous appelait pour essayer de dégager les survivants donc on devait s' y employer |
L1: | déblayer euh dégager les victimes |
L2: | en fait en fait ça se passe il y a il y a trois phases il y a d' abord une phase de recherche |
L1: | hum hum |
L2: | c'est-à-dire il faut essayer de repérer les victimes alors pour ça on a une équipe qui est appelée l' équipe de recherche et localisation c'est-à-dire les maîtres-chiens avec leurs chiens donc euh ce sont les premiers qui ratissent qui marchent sur les décombres avec les chiens ils lâchent les chiens les chiens ils flairent ils essayent de repérer au flair euh |
L1: | ils essayent de voir si il y a des victimes ou pas |
L2: | voilà |
L1: | à quel endroit elles sont |
L2: | quel endroit et alors là c' est là c' est flagrant hein quand le chien il sent que quelqu' un est vivant il s' arrête il bouge plus il gratte avec la patte il aboie mais enfin c' est ici quoi le chien il se trompe rarement ensuite bon une fois que le chien a a repéré la victime ou l' endroit où la victime est ensevelie il arrive une deuxième équipe qui va essayer de confirmer la présence de ce de de cette victime donc euh c' est c' est l' équipe de localisation ils arrivent avec un appareil un appareil bon je vais pas te le décrire parce que c' est pas que c' est complexe mais enfin c' est c' est un genre d' écouteur |
L1: | hum hum |
L2: | et alors donc il y a un pompier |
L1: | qui capte les sons |
L2: | voilà |
L1: | hum |
L2: | un écouteur qui capte les sons sous le sol alors euh en deux mots je t' explique il y a quelqu' un qui lance un appel à la victime ou à la prétendue victime hein en tapant sur une pierre avec une barre de fer et il y a trois autres pompiers avec cet appareil donc qui sont chargés de de recevoir de capter les sons que peut é émettre |
L1: | la victime |
L2: | la victime avec un casque avec voilà et une fois que les chiens euh sont passés que que l' équipe de localisation a fait son travail a repéré la victime à ce moment-là on essaie de la localiser |
L1: | hum hum |
L2: | sur un papier on trace un trait nous on est là la victime elle est là il faut creuser comme ça et à ensuite il arrive la troisième équipe l' équipe de déblaiement donc qui creuse des galeries des tunnels jusqu' à la victime |
L1: | hum hum |
L2: | voilà en gros c' est |
L1: | et là euh |
L2: | le travail |
L1: | le déblaiement en lui-même comment il se déroule |
L2: | ben le déblaiement c'est-à-dire la troi~ la troisième phase du travail |
L1: | oui |
L2: | eh ben lever les pierres d' abord enfin tout ce que tu peux lever avec les mains et ensuite quand tu commences à creuser |
L1: | mais si vous rencontrez des obstacles par exemple alors |
L2: | je t' ai dit tout à l' heure on trace un trait euh enfin une ligne quoi faut la suivre cette cette ligne c'est-à-dire euh on va creuser droit avec bon on a des appareils pour creuser tu as les pelles pioches mais il y a un matériel soph s qui est sophistiqué maintenant avec le laser tout ça |
L1: | hum |
L2: | donc on creuse droit du point de départ jusqu' à la victime mais on va tout droit donc c' est-à-dire que on va passer à travers tout ce qu' on va rencontrer sous sous nos sous les décombres bon les pierres les les tables les frigos enfin tout ce que tu peux imaginer dans un appartement quoi |
L1: | et même à travers des corps ou |
L2: | eh ben ouais ben c' est arrivé justement là à un collègue parce que on creusait à peu près un quart d' heure chacun |
L1: | hum |
L2: | parce que c' est c' est assez éprouvant et puis tu manques d' air là là-dessous donc on creusait un quart d' heure on sortait on se reposait il y en avait un autre qui voilà on tou~ on tournait comme ça et le collègue a dû en creusant il est tombé sur un cadavre un corps |
L1: | il a dû le découper |
L2: | il a découpé au laser |
L1: | mais c' est horrible |
L2: | ah ouais il a été marqué il est remonté il pleurait il criait il voulait il voulait rentrer il voulait mais enfin il a fallu que |
L1: | à travers des frigos à travers des tas de |
L2: | ah tout tout ce que tu peux rencontrer tu coupes |
L1: | hum |
L2: | de toute façon le laser ça il y a il y a pas grand chose qui qui lui résiste hein |
L1: | hum hum |
L2: | mais c' est le fait de de couper le corps humain même même même mort hein parce que |
L1: | ouais bien sûr c' est impressionnant |
L2: | c' est ouais enfin je sais que j' au~ j' aurais pas aimé le faire quoi |
L1: | hum |
L2: | mais je sais même pas si si je l' aurais fait enfin lui l' a fait et donc tu creuses comme ça droit jusqu' à la victime |
L1: | hum hum et euh il y a des chances pour que les victimes i il en reste encore dessous quand les autorités décident de |
L2: | ah ouais bien sûr ben |
L1: | d' arrêter les recherches |
L2: | on a eu ce problème au bout du cinquième jour parce que les autorités mexicaines ont décidé que que c' était fini ils ont décrété qu' il n' y avait plus de survivants |
L1: | au bout de combien de jours |
L2: | cinq jours cinq cinq ou six jours |
L1: | mais c' est |
L2: | alors que notre équipe de je t' ai dit la première équipe avec les maîtres-chiens en avaient repéré deux deux de vivantes qui étaient ensevelies |
L1: | et comment vous avez fait alors |
L2: | alors ben c' est nos chefs qui ont négocié avec les autorités de Mexico ils ont essayé de enfin ils ont discuté avec un interprète |
L1: | hum hum |
L2: | parce que d' un côté tu avais bon le chef des Marins-pompiers qui lui voulait continuer à creuser parce qu' il savait que il y avait deux victimes qu' il fallait dégager qui étaient encore vivantes donc s ça ça vaut le coup même d' en sauver une |
L1: | ouais bien sûr |
L2: | et d' un autre côté tu avais un colonel mexicain de l' armée avec toute une rangée de bulldozers qui nous disait de dégager le chantier de dégager l' hôpital de sortir que les bulldozers allaient finir allaient finir le |
L1: | pour quelle raison pour les épidémies |
L2: | voilà parce que au bout d' un certain nombre de jours |
L1: | hum hum |
L2: | l' odeur des cadavres tout ça ça dégage des microbes et il y a des des risques d' infection des dé d' épidémie assez graves quoi hum |
L1: | et finalement comment ça s' est terminé alors |
L2: | eh ben ça s' est terminé qu' au bout de la première discussion euh notre chef a pu obtenir un délai de dou de dix à douze heures je me rappelle plus je crois que c' était douze heures |
L1: | seulement |
L2: | douze heures ouais il nous avait filé douze heures pour sortir ces deux victimes |
L1: | hum hum |
L2: | et si au bout des douze heures on avait pas dégagé les victimes les bulldozers |
L1: | allaient tout ensevelir |
L2: | entraient en action déblayer euh jusqu' au ras de sol |
L1: | hum hum |
L2: | donc ils déblayaient les victimes avec et donc on s' est mis au travail quoi on a creusé on a creusé mais c' était trop long quoi parce que les victimes étaient assez loin et on a pas pu les dégager et au bout de ces douze heures donc le le colonel de Mexico là il est revenu il nous a dit de bon maintenant vous évacuez le chantier ils évacuaient le chantier les bulldozers ils vont bon là ce moment-là bon notre chef désespéré parce que on y était presque quoi |
L1: | ouais |
L2: | ils étaient à cinq six mètres mais en sauvetage déblaiement cinq six mètres à creuser c' est ça te représente je sais pas une dizaine d' heures de travail hein |
L1: | tant que ça |
L2: | ah ouais ouais s c' est vachement long |
L1: | hum hum c' est énorme |
L2: | donc euh il a pas voulu insister et à contre-coeur il nous a fait replier le matériel |
L1: | hum |
L2: | tout en sachant que il y avait encore ces deux deux gars là dessous donc on a commencé à replier le matériel mais mais vraiment ça faisait peine hein parce que |
L1: | et ce qui fait que les deux personnes ont été ensevelies |
L2: | non non et une fois qu' on a tout replié euh ce même gars euh ce colonel il est revenu il nous a dit allez-y vous les sortez les bulldozers ils y travailleront après donc on a encore tout ressorti le matériel on a tout remis en marche on a dégoi on a dégagé une première victime c' était un docteur le docteur de l' hôpital |
L1: | hum |
L2: | et et la |
L1: | il est sorti vivant |
L2: | ah ouais ouais il était vivant enfin on l' a soutenu quoi parce que on l' a se on l' a soutenu au départ mais il marchait hein il était |
L1: | hum |
L2: | il av il avait rien si il était co~ il était choqué c' est tout et une deuxième qui avait un fémur de cassé mais mais en bonne santé également |
L1: | hum hum mais ensuite vous avez tout recouvert |
L2: | ouais ensuite on a rangé le matériel et les bulldozers ont tout é |
L1: | et peut-être qu' il en restait encore des victimes |
L2: | non p s je sais pas enfin on en a plus localisé mais il devait en rester un |
L1: | hum hum |
L2: | ça c' est sûr |
L1: | c' est dingue de penser ça |
L2: | ben ouais ça fait mal au coeur |
L1: | hum hum |
L2: | surtout que bon tu viens de tu viens de NNAAMMEE jusqu' à Mexico tu pars tu en fait on a travaillé que cinq six jours quoi c' est bon ça valait le déplacement hein mais on aurait pu encore mieux faire j' en suis sûr |
L1: | hum |
L2: | on en sortait encore si si si on était resté plus mais ils ont pas voulu Ils ont pas voulu ils ont pas voulu |
L1: | hum hum |
L2: | mais l' accueil des Mexicains a été pour euh pour les Français ça a vraiment été quand on est partis ils avaient les banderoles merci euh |
L1: | ah bon et ils aussi |
L2: | ah ouais ouais merci aux Français |
L1: | hum hum |
L2: | superbe parce qu' on les sentait vraiment dans le b~ enfin je sais pas si ils sont comme ça dans la la vie de tous les jours mais là euh là vraiment les Français pour les Mexicains c' était pff |
L1: | hum hum des héros |
L2: | non p peut-être pas jusque là mais bon je vois vis-à-vis des Américains c' est parce qu' on avait les Américains aussi ) |
L1: | hum hum |
L2: | les euh je sais plus leur nom les pompiers américains ben ils ont pas ramassé un tel succès que |
L1: | ah d' accord et est-ce que tu as assisté aux inondations de Nîmes |
L2: | ouais j' y suis allé avec les pompiers de NNAAMMEE |
L1: | mais c' était à peu près le même travail ou c' est totalement différent |
L2: | alors c' est ça a rien à voir hein c' est moins bon c' est une catastrophe également à Nîmes parce que il faut voir les dégâts que l' eau a faits mais c' est moins catastrophique que ce qui y a eu au Mexique quand même mais |
L1: | c' est quand même |
L2: | ouais c' était impressionnant aussi hein quand tu vois deux mètres d' eau dans dans une rue |
L1: | et les gens vous ont bien accueillis aussi à Nîmes |
L2: | ah c' était pas pareil euh certains oui et puis parce que ce qui se passait c' est que comme à Mexico bon on avait un s~ un secteur attribué quoi |
L1: | hum hum |
L2: | enfin là le gros du travail c' était fallait vider l' eau quoi vider l' eau des appartements des caves tout ça donc on nous attribuait un sect~ secteur également on avait une rue à faire et donc on commençait à pomper |
L1: | hum hum |
L2: | avec les camions avec les moto-pompes enfin avec tout ce qu' on avait et bon une fois que les moto-pompes étaient mises en route bon on traînait dans la rue quoi enfin les pompes elles pompaient mais puis nous on et là ce moment-là ils arrivaient des personnes d' une autre rue qui venaient nous chercher et qui nous disaient ouais ma cave elle est inondée ma salle à manger est inondée il faut que vous veniez bon on leur expliquait qu' on pouvait pas parce qu' on était en train de pomper là |
L1: | hum vous aviez un secteur encore défini et vous pouvez |
L2: | voilà |
L1: | pas |
L2: | on peut pas se dégager du |
L1: | bouger |
L2: | secteur quoi |
L1: | hum hum |
L2: | et les gens ils le comprenaient pas alors ça fait que il y a i pff il y en a qui le percevaient bien quoi qui mais il y a il y en a d' autres qui ont pas du tout apprécié qui nous traitaient de bons à rien qu' on faisait ce qu' on voulait |
L1: | hum hum |
L2: | et caetera et caetera |
L1: | oui hum d' accord qui comprenaient pas |
L2: | qui comprenaient pas voilà mais quoi quoi te dire encore mais ça été moins impressionnant que que Mexico là je te dis Me Mexico pour moi ça a vraiment été un |
L1: | le souvenir le plus marquant de ta carrière |
L2: | ah ouais hum hum bon je sais que c' est triste parce qu' il y a eu des des milliers de morts mais dans la carrière d' un pompier être allé à être allé à Mexico c' est quand même |
L1: | pour le travail quoi |
L2: | ah ouais du point de vue du travail parce que quand tu passes l' examen le que je te disais de sauvetage déblaiement bon l' examen tu as une partie qui est pratique où on te simule une catastrophe où tu as des victimes ensevelies dans des dans des caches qu' on a fait nous qui sont recouvert juste d' une d' une dalle de béton et c' est à toi la dégager mais d la réalité c' est tout autre hein |
L1: | hum |
L2: | quand tu vois ce l' hôpital où on travaillait qui était tout écroulé les tuiles les murs par terre tu te |
L1: | et dans ces cas de grandes catastrophes est-ce que il y a des gens qui profitent |
L2: | ouais ben ça de partout hein |
L1: | par exemple dans les inondations de de Nîmes ou même à Mexico il y a il y a des gens profitaient de la misère des |
L2: | ben Mexico il y avait ben bien sûr |
L1: | des autres |
L2: | il y avait la ouais il y avait la la police mexicaine qui veillait vingt-quatre sur vingt-quatre également et qui |
L1: | hum hum |
L2: | faisait gaffe aux pillards parce que tu as tu avais des gens qui volaient dans les ruines et à Nîmes bon on a eu le cas de ce boulanger là mais c' était marqué dans tous les journaux ça je sais pas si tu l' as lu le boulanger qui le lendemain de la catastrophe donc la catastrophe avait eu lieu un lundi le mardi il vendait sa baguette à quinze francs la tranche de jambon à cents francs enfin un truc abominable quoi |
L1: | hum hum il profitait vraiment de |
L2: | non seulement certains gens avaient tout perdu là parce que vraiment tout hein |
L1: | en plus il y a il y avait des gens |
L2: | en plus ils vont chercher à bouffer ils voient la tranche de jambon à cents francs |
L1: | hum hum |
L2: | ça c' est vraiment horrible quoi |
L1: | est-ce est-ce qu' il y en avait qui volaient par exemple |
L2: | ah je sais pas j' en ai pas vu |
L1: | des voitures ou quoi |
L2: | non ce qui se p euh ce qui ce qu' il y a eu avec les voitures c' est que il y a eu un parking enfin des parkings souterrains de complètement innondés tu t' imagines c' était sous le sol donc l' eau s' est engouffrée là-dedans et des pff des centaines de voitures foutues quoi et ces voitures ont été dégagées petit à petit des grues sortaient les voitures et toutes ces voitures elles étaient mis sur une grande esplanade |
L1: | hum hum |
L2: | et elles s' entassaient elles s' entassaient tu avais toujours des des types avec une caisse à outils qui qui traînaient et qui cherchaient à récupérer ci une roue un carburateur un essuie-glace enfin n' importe quoi tout ce qui était encore |
L1: | et-ce est-ce qu' il y en avait qui qui volaient par exemple des vivres qu' on envoyait aux euh aux gens de Nîmes |
L2: | les vivres |
L1: | oui enfin je veux |
L2: | non c' est-à-dire que il y a eu des dons à travers toute la France je me rappelle des dons euh qui venaient de enfin des quatre coins de l' hexagone quoi et tous ces dons étaient réceptionnés à la mairie de Nîmes et en fait les personnes qui venaient récupérer ces dons c' était pas que des sinistrés quoi ça c' est des responsables de la mairie qui étaient chargés de la distribution des dons qui nous disaient on donne des trucs à des gens qui qui n' ont pas été touchés par l' eau qui qui ont euh enfin qui sont pas sinistrés qui en ont pas besoin et c' est pour ça nous quand on est rentrés on est restés que trois jours là-bas puisqu' après on a eu une relève une équipe qui est venue nous remplacer euh mon père il me disait ouais je vais écrire je vais leur envoyer un chèque et si alors moi je lui ai dit non c pas la peine que tu envoies |
L1: | tu penses que c' était pas la peine quoi |
L2: | non moi non euh pff non |
L1: | parce que c' était mal distribué parce |
L2: | pourtant il y avait voi voilà c' était au niveau de la distribution et des gens qui et des gens qui qui qui en qui en profitaient qui étaient enfin c' était pas |
L1: | hum hum et est-ce qu' il y en avait qui pro qui profitaient de la situation pour régler des comptes par exemple |
L2: | ah ouais on a eu le ben le dernier jour non le juste avant qu' on parte là ils avaient parce qu' il y a eu sept ou huit morts à Nîmes et le dernier en fait le dernier mort qui a été retrouvé c' était dans un parking souterrain |
L1: | hum hum |
L2: | mais il est pas mort noyé hein il est mort |
L1: | ah d' accord |
L2: | il est mort étranglé après il a été jeté dans le parking qui était plein d' eau |
L1: | hum hum mais c' est horrible de penser que |
L2: | ah ben les gens ils profitent de tout hein c' était peut-être ben |
L1: | ouais pour tuer son voisin ou |
L2: | parce qu' en plus là-bas il fallait voir le travail qu' ont eu les policiers quoi parce que il fallait qu' ils bloquent Nîmes il fallait que enfin ils étaient à droite à gauche ils étaient et |
L1: | hum hum oui donc |
L2: | il y en a qui ont profité de l' absence de |
L1: | pas de surveillance |
L2: | voilà de surveillance pour pour régler quelques différends quoi |
L1: | hum hum |
L2: | et bien bien parce que le type étranglé tout c' |
L1: | est horrible |
L2: | ben ouais |
L1: | et sinon euh dans ta carrière de pompier euh est-ce qu' il y a d' autres choses qui t' ont marqué ou euh |
L2: | qui m' ont marqué ben j' ai eu |
L1: | qui t' ont fait peur ou qui |
L2: | j' ai eu deux trois coups de peur qu~ quand même |
L1: | ah bon |
L2: | ouais c' était sur les en particulier en quatre-vingt-six sur un feu de forêt là dans le Midi à Bormes à Bormes-les-Mimosas où le feu nous a carrément sauté au moment où on s' y attendait pas on a été encerclés de flammes il y a eu un affolement |
L1: | mais quelles sensations ça fait |
L2: | ça fait très peur ça fait peur et tu penses tu penses à plein de choses hein tu penses à aux gens que tu vas plus revoir |
L1: | hum hum |
L2: | tu te dis euh je la reverrai plus et puis et puis le feu il arrive tu es tu es encerclé tu t' étouffes tu as ta lance au bout des mains mais tu sais même pas quoi en faire parce qu' il y a des flammes de partout et en fait il faut que tu attendes que ça passe quoi mais une fois que c' est passé et que tu revois le le ciel bleu parce que là je me rappelle c' est quatre heures de l' après-midi mais il y avait tellement de fumée qu' on y voyait rien il faisait nuit quoi |
L1: | hum hum |
L2: | mais une fois que le feu nous a sautés est passé est parti quoi qu' il nous a il nous a complètement échappé il faut dire ce qui est ben tu respires hein |
L1: | hum |
L2: | tu es |
L1: | des fois tu tu risques ta vie alors |
L2: | ben s ben là je t' ai dit deux trois fois euh ouais c' est passé près mais mais enfin c' est un métier que s' il est bien fait il y a s' il est bien fait il y a il y a ouais il y a aucun risque quoi sauf bien sûr imprévu comme une fois NNAAMMEE où j' étais toujours en train de c' était c' était avant de partir à Mexico là j' étais sur l' amb |
L1: | tu étais pompier à NNAAMMEE euh |
L2: | ouais j' ai effectué mon service militaire en tant |
L1: | hum hum |
L2: | qu' appelé au bataillon des Marins-pompiers de NNAAMMEE et donc un matin j' étais sur l' ambulance était sept heures le matin on venait de se lever on avait passé une nuit tranquille en principe c' est rare quand tu es sur l' ambulance à NNAAMMEE de bien dormir la nuit en principe tu tu sors et là sept heure du matin |
L1: | c' est pas le même travail que à NNAAMMEE |
L2: | ah non non ça c' est pas pareil c' est c' est hum il y a plus d' interventions à NNAAMMEE c' est normal |
L1: | hum hum |
L2: | mais tu fais tu fais plus de choses intéressantes je crois à NNAAMMEE qu' à NNAAMMEE parce que |
L1: | ah bon |
L2: | à NNAAMMEE sur sur dix ambulances je te prends le cas hein tu vas chercher huit clochards que tu mènes à l' hôpital |
L1: | ah oui d' accord |
L2: | ça c' est pas intéressant hein tu |
L1: | en fait c' est le même travail mais amplifié |
L2: | voilà amplifié je te dis |
L1: | par exemple au lieu de faire un clochard tu en fais dix au lieu de |
L2: | voilà il y a à NNAAMMEE tu as moins de sorties mais les cas ils sont plus intéressants |
L1: | hum hum |
L2: | tu as plus de b nous ce qu' on appelle de belles sorties de bon c' est malheureux de parler comme ça mais tu as plus de b de beaux accidents de |
L1: | et alors cette fameuse journée là que tu me racontais |
L2: | eh ben ouais donc c' était sept heure le matin on se levait on ju juste on allait boire le café donc l' ambulance a sonné parce qu' on a un klaxon |
L1: | hum hum |
L2: | un klaxon avec des sonneries l' ambulance a sonné on est allés chercher le le message parce que les alertes arrivaient sur un ordinateur et sur le message il y avait marqué blessé par arme à feu avec l' adresse et tout et l' adresse c' était à cinquante mètres de la caserne |
L1: | ah d' accord vous avez été |
L2: | donc on a eu juste eu à ouvrir la porte de la caserne en dix secondes on était devant l' adresse indiquée et on est arrivés on a encore entendu des coups de feu c' était un a c' était un appartement mais qui donnait sur une rue on entendait des coups de feu pan pan et il y avait des femmes aux fenêtres de l' immeuble en face qui nous criaient allez-y rentrez rentrez ils sont en train de se tuer |
L1: | mais tu avais pas peur |
L2: | ben ouais mais enfin moi j' étais pas trop chaud pour rentrer déjà en plus nous en tant que pompier on a pas à rentrer il faut qu' on attende la gendarmerie donc le premier truc qu' on a fait c' est d' appeler la gendarmerie |
L1: | hum hum |
L2: | et en attendant on avait pris une petite pince c' est un genre de un petit pied-de-biche et on essayait d' enfoncer la porte qui était fermée à clef mais sans grande conviction quoi parce que en entendant ces coups de feu ça te et on était en train d' enfoncer la porte donc et derrière cette porte on a entendu un des bruits de pas et puis un petit clic clic là comme si on rechargeait une arme et en fait on rechargeait une alors là tout le chef il avait le pied-de-biche il a laissé tomber il est parti juste au moment où le coup de feu partait le type il était de l' autre côté de la porte et il nous a tiré un coup de feu donc euh je me rappelle le conducteur il est rentré en courant à la caserne de ce qu' il a eu peur moi moi euh moi j' avais une petite trousse de secours en plastique là à la main je l' ai pris je suis allé me mettre sous l' ambulance je bougeais plus j' ai eu une peur et juste à ce moment-là il arrive un un policier en civil de la police judiciaire de NNAAMMEE |
L1: | hum hum |
L2: | enfin à NNAAMMEE on les appelle les cow-boys parce qu' ils sont vraiment fous ouais c' est des fous |
L1: | c' est des intrépides |
L2: | ah ouais ouais c' est euh genre Belmondo un peu les films de Belmondo alors le type il arrive il avait un pistolet dans la ceinture il en avait un autre dans dans le dos il est arrivé on lui |
L1: | il était équipé |
L2: | ah ouais ouais il était équipé mais mais en civil hein un type en plus avec les cheveux longs enfin on aurait dit tout sauf un sauf sauf un sauf un gendarme et lui est arrivé devant la porte parce qu' on lui avait dit oh ne vous approchez pas et tout il vient de tirer il est fou il nous a même pas écouté il s' est présenté devant la porte donc il y avait déjà un gros trou dans la porte il a tiré un coup de pied dans la porte la porte s' est ouverte et il s' est retrouvé en face du type qui avait tiré mais cette fois le type avait la carabine braquée contre sa tempe |
L1: | oh |
L2: | il était prêt à se suicider et quand il a vu le gendarme il a appuyé il s' est suicidé |
L1: | oh là là et tu as vu le mec se suicider |
L2: | ah ouais ouais ouais on était on était juste à côté en plus c' était de la chevrotine je te je te je te dis pas |
L1: | oh ça doit être horrible |
L2: | oh horrible mais c' est pas pour ça que le gendarme il a été euh bon i il a rangé ses il a rangé ses deux pistolets tranquille il nous a dit ben voilà |
L1: | comme si de rien n' était |
L2: | ah ouais ouais ben lui c' était il nous a |
L1: | et quand vous êtes rentrés |
L2: | ben c' est pas ça ouais c' est qu' après il a fallu voir parce que tu as je t' ai dit tout à l' heure que quand on est arrivés il y avait eu des coups de feu |
L1: | hum hum |
L2: | donc il a fallu monter aux étages parce que |
L1: | faire le constat |
L2: | c' était c' était une maison avec un rez-de-chaussée un premier étage il a fallu monter au premier étage pour voir et puis là dans la cage d' escalier on a trouvé un type aussi qui avait été buté |
L1: | hum |
L2: | qui était mort et une femme dans la cuisine |
L1: | et c' est le mec qui s' est suicidé qui a qui a |
L2: | ouais ouais |
L1: | tué tout le monde |
L2: | il a tué il a tué le bonhomme il a tué la femme son fils il devait être la maîtresse du bonhomme enfin on supposait ça nous hein vite fait |
L1: | ah d' accord hum hum |
L2: | et ensuite il s' est donné la mort quand il a vu le policier |
L1: | c' était le carnage quoi |
L2: | ah complètement et d' ailleurs on est partis on avait pas bu le café ce jour-là on l' a pas bu parce que c' était vraiment pas beau voilà bon ça c' est des trucs qui te marquent quand même même même ça fait combien c' était en quatre-vingt-quatre quatre-vingt-cinq ça fait bientôt cinq ans |
L1: | tu l' as pas oublié |
L2: | de temps en temps tu y penses encore |
L1: | hum hum |
L2: | tu te dis té |
L1: | et euh sinon donc tu fais des trucs beaucoup plus extraordinaires en ville quand même non dans des grandes villes comme ça |
L2: | ah ben c' est sûr |
L1: | que à NNAAMMEE |
L2: | ah ouais |
L1: | hum |
L2: | ben surtout à NNAAMMEE je me rappelle j' y suis resté un an hein pourtant ben j' ai dû faire quatre ou cinq meurtres |
L1: | hum hum |
L2: | en travaillant deux jours euh et et en ayant un jour de repos donc cinq meurtres c' était |
L1: | et les euh les accidents routiers est-ce qu' ils sont |
L2: | les accidents routiers euh |
L1: | terrifiants des fois ou |
L2: | certains ouais s certains tu |
L1: | extraordinaires |
L2: | ah ouais ben c'est-à dire |
L1: | quand c' est des accidents des gros des gros accidents avec des camions ou |
L2: | ben c'est-à dire un accident n' est jamais tu vas faire dix accidents et euh ce seront dix accidents différents |
L1: | hum hum |
L2: | tu auras dix situations différentes et c' est ça qui est parmi ces situations tu en as certaines de cocasses quand même hein quand tu vois un une voiture en équilibre sur un pont avec un blessé dedans ou ou une voiture qui brûle avec un type dedans |
L1: | hum hum |
L2: | ben il y en a c' est vrai qui qui marquent hein ouais il y en a deux ou trois quand même qui me sont restés gravés quand je |
L1: | lesquels |
L2: | un sur autoroute euh un sur l' autoroute euh |
L1: | qu' qu'est-ce qu' il s' était passé sur l' autoroute |
L2: | eh ben on est arrivés enfin on est arrivés sur trop trop tard hein il y avait trois trois jeunes dans une voiture qui avait fait un tonneau c' était une petite voiture ça devait être une Austin ou une auto Bianchi et la voiture avait pris feu juste après de suite après |
L1: | hum hum |
L2: | et les trois jeunes étaient restés à l' intérieur avaient brûlé dedans |
L1: | hum |
L2: | et c' était en commune de NNAAMMEE donc c' est à peu près à une quinzaine de kilomètres de NNAAMMEE donc le temps que tu reçoives l' appel |
L1: | ils étaient calcinés |
L2: | carbonisés ouais |
L1: | oh |
L2: | et c' est donc on était partis mais on est arrivés peut-être dix minutes après |
L1: | hum |
L2: | c' était trop tard il y avait plus rien à faire les les les les trois jeunes ils étaient ils étaient carbonisés ça c' est ça c' est vraiment marquant ensuite il y avait eu le enfin là je te dis euh ce qui me revient en tête qui me m' a marqué une fois mais j' étais pas j enfin je travaillais pas là je on revenait de de la mer à moto et j~ je suis tombé sur sur un accident de circulation un camion qui avait sauté l' autoroute |
L1: | hum hum |
L2: | et qui était tombé en contrebas dans un champ de vigne et le chauffeur avait été décapité |
L1: | hum hum |
L2: | mais complètement comme un comme au temps du |
L1: | c' est horrible |
L2: | ah ouais ah ça je crois que tu vois une un corps sans tête tu peux pas bon tu tu tu |
L1: | j' arrive pas à m' imaginer |
L2: | voilà tu te le tu te l' imagines quoi |
L1: | non je arrive pas à l' imaginer tellement c' est horrible |
L2: | un corps sans tête enfin plu plus ou moins tu vois mais le voir enfin là moi j' avais juste vu le corps qui était resté à l' intérieur de la cabine parce que en gros le type il |
L1: | et tu avais vu la tête |
L2: | ouais la tête |
L1: | hum |
L2: | mais beaucoup plus plus loin une vingtaine de mètres plus loin parce que le type il roulait avec une vitre ouverte et le camion a quitté l' autoroute et a sauté en contrebas et en fait c' est la cabine qui a déc dé euh avec la vitre ouverte qui l' a |
L1: | l' a décapité |
L2: | voilà il a passé la la tête à travers la vitre qui était ouverte et quand le camion a fait un tonneau c' est c' est tout tout le poids de la cabine lui est tombé sur euh sur le cou et l' a décapité |
L1: | et dans ce cas-là qu'est-ce que tu peux faire |
L2: | ben rien il y a absolument rien |
L1: | oui mais tu as retrouvé la tête |
L2: | ben la tête bon après les pompiers sont arrivés mais j' avais commencé un peu à la chercher |
L1: | hum |
L2: | bon c' est pas que ça me plaît mais c' est mon |
L1: | mais il faut pas affoler les gens qui s' arrêtent ou |
L2: | voilà et finalement c' est un pompier qui l' avait trouvée ben c' est pas beau hein c' est pas beau parce que un corps sans |
L1: | ça doit être remarque |
L2: | tête c' est déjà pas beau mais une tête sans corps c' est c' est encore plus horrible c' est vrai ouais alors c' est je te dis pourtant j' en ai fait un paquet d' accidents mais je te dis c' est |
L1: | ouais celui-là il est dur particulièrement traumatisant |
L2: | et chaque fois que je repasse à c à cet endroit là euh j' y j' y repense |
L1: | hum hum |
L2: | j' y repense |
L1: | et sinon euh les gens euh qu'est-ce qu' ils choisissent comme moyen pour se pour se suicider |
L2: | oh oh tu me poses de ces questions pour se suicider oh ben moi j' ai vu de tout j' ai vu la |
L1: | non parce qu' en fait on on est pas très bien conscient de de ça quoi je veux dire moi je sais pas trop |
L2: | ça va de moi j' ai fait plusieurs tentatives de suicide euh bon d' abord c' était le cas de la jeune fille qui est amoureuse qui perd son amoureux et qui pour faire croire à son amoureux qu' elle va se suicider elle prend trois cachets |
L1: | hum hum |
L2: | et voilà bon ça c' est la tentative de suicide classique quoi par bar~ par barbiturique |
L1: | mais qui est fausse quoi |
L2: | mais j' ai j' en enfin il y en a qui marchent mais par barbiturique j' en ai jamais vu qui se |
L1: | qui vraiment euh |
L2: | qui vraiment euh allaient jusqu' à la mort |
L1: | arrivaient à se tuer |
L2: | sinon ben tu as le tu as ceux qui se pendent ça ça j' en ai fait deux deux fois trois |
L1: | les pendus ça doit être horrible aussi hein |
L2: | ouais ben ouais surtout que en principe quand euh quand une personne se pend elle se pend seule et souvent elle est découverte deux trois semaines après quoi |
L1: | hum hum |
L2: | dans son appartement parce que c' est une personne âgée parce que c' est ci ensuite qu'est-ce que ben ensuite tu as |
L1: | qui se jettent sous des voitures aussi |
L2: | non ça par contre j' en ai jamais vu hein j' ai j' ai vu une fois sur le journal enfin c' est arrivé du côté de |
L1: | hum hum |
L2: | une femme s' était assise sur l' autoroute |
L1: | il faut avoir un sacré courage hein |
L2: | et sinon après tu as par contre j' en avais vu une qui m' avait marqué parce que le type il avait pris un fer à repasser il avait levé le fil euh le fil électrique du fer à repasser |
L1: | hum hum |
L2: | il avait levé la gaine tu sais tu as un tu as une |
L1: | une gaine |
L2: | ouais une gaine |
L1: | hum hum |
L2: | il s' était attaché ben et puis à l' intérieur tu as tu as deux fils |
L1: | hum fils électriques |
L2: | voilà alors il avait décollé les deux fils il les avait tirés il en avait attaché un à un poignet l' autre bout il avait attaché à l' autre à l' autre bras et il lui restait la prise donc et il a branché la prise dans une prise de courant il avait les deux poignets |
L1: | oh là là |
L2: | et il s' était suicidé comme comme ça électrocuté |
L1: | et il est mort électrocuté |
L2: | ah ouais |
L1: | et il était comment brûlé |
L2: | ben il avait les poignets de brûlé |
L1: | ça fait comme la foudre alors |
L2: | ouais non la foudre si tu veux comme son nom l' indique tu es fou tu es foudroyé tu te tu te en fait tu tu te mais là dans une prise de une prise d' un appartement |
L1: | tu te sens mourir tu crois |
L2: | ah ben bien sûr du du deux que du deux cent vingt volts tu tu as le temps de te voir quand même hein |
L1: | est-ce qu' il y en a qui se jettent de des immeubles ou quoi |
L2: | ah ça par contre j' en ai jamais vu |
L1: | non |
L2: | j' en ai jamais vu non de des types qui se jettent de non |
L1: | hum |
L2: | voilà en gros voilà ben c' est c' est c' est ce qui me |
L1: | mais le plus impressionnant pour toi ça a été donc euh |
L2: | Mexico ah ouais |
L1: | Mexico puisque c' est quelque chose de grandiose en fait ben |
L2: | bien sûr |
L1: | tandis que sinon euh c' est des petits |
L2: | ensuite ben c' est ce qu' on appelle la routine nous hein |
L1: | hum hum |
L2: | et je t' ai dit tu as des interventions qui te marquent plus que d' autres que tu te remémores de temps en temps à toi ou bien que ou que tu en discutes avec ceux qui ont fait l' intervention avec toi euh tu te rappelles l' accident à tel endroit on avait fait ci on avait ça bon je sais que c' est un peu dégueulasse d' en parler mais mais pour nous pour nous |
L1: | pour vous c' est surtout euh question du travail c' est pas tellement euh |
L2: | parce qu' après de suite après un accident on discute toujours on dit on aurait dû faire ça plutôt que ça pour pour pour le sortir en fait on se remet tout touj on se remet en question quoi |
L1: | hum hum |
L2: | bon |
L1: | et euh qu'est-ce que tu penses de du euh tremblement de terre en U R S S |
L2: | l' Arménie |
L1: | oui |
L2: | ah ben j' ai juste vu les images à la télé là |
L1: | hum hum |
L2: | ça devait être à peu |
L1: | et est-ce qu' il y a des amis à toi qui sont partis là-bas |
L2: | ouais |
L1: | ouais |
L2: | ouais ouais ben NNAAMMEE y est retourné |
L1: | hum hum |
L2: | hum il y a la l' U S S de NNAAMMEE qui est partie aussi moi j' en connais un ou deux |
L1: | mais ça ça doit être encore plus |
L2: | mais je l' ai pas vu |
L1: | que que Mexico alors |
L2: | ouais ouais ouais ouais |
L1: | hum hum |
L2: | parce que Mexico si tu veux c' était cen centralisé au centre ville surtout hein il y avait que le centre ville qui avait vraiment morflé alors qu' en Arménie tu as vu c' était trois quatre villes différentes qui a~ c' était vachement plus étendu donc euh ah ouais c' est sûr ils ont laissé des survivants dessous hein |
L1: | ah ouais d' |
L2: | ah c' est ah ouais là là je |
L1: | c' est obligé quoi |
L2: | ah ouais j' en suis sûr |
L1: | hum hum |
L2: | je suis sûr de ailleurs c' était |
L1: | c' est horrible de penser qu' il y a encore des gens qui |
L2: | je suis sûr qu' ils en ont laissé parce que c' était |
L1: | comme la petite fille à Mexico là |
L2: | non c' était pas Mexico c' était |
L1: | c' était |
L2: | la petite fille hum qui est m qui est morte |
L1: | oui oui |
L2: | c' était en Colombie le fleuve de boue là |
L1: | ouais |
L2: | hum hum |
L1: | hum hum |
L2: | comme ça ma foi moi ça |
L1: | c' était vraiment émouvant de voir ça à la télé hein |
L2: | ouais mais je comprends pas que avec |
L1: | tous les |
L2: | ouais pas tous les moyens parce qu' on voyait vraiment que les gens autour ils avaient ils avaient aucun moyen mais ils étaient bien une une dizaine tu avais le type qui filmait on voyait trois ou quatre types qui essayaient de la soutenir et tout euh je sais pas avec tant de bonhommes je suis sûr que |
L1: | qu' ils auraient pu la sauver |
L2: | ouais mais ils se sont ils s' y sont mal pris |
L1: | ils se sont mal organisés |
L2: | ah ouais ils se sont mal organisés parce que bon elle était prise dans l' eau je suis sûr que tu plonges à quatre ou cinq types ensemble hein surtout c' était pas profond hein tu as vu elle avait de l' eau |
L1: | hum |
L2: | mais tu peux soulever la pierre qui coinçait la jambe un truc comme ça je suis sûr que tu peux y arriver hein |
L1: | hum hum |
L2: | en fait ils se sont mal organisés ils se sont pas entendus et puis voilà et puis t de toute f je sais pas tu as tu as pas à montrer des images comme à la télé comme comme ça |
L1: | ouais c' est sûr c' est un peu |
L2: | voilà moi je suis sûr que le journaliste il s' est fait un fric monstre avec |
L1: | c' est un peu odieux |
L2: | parce que c' est un scoop ça hein |
L1: | oui c' est sûr |
L2: | voir une minotte qui mé qui meurt qui |
L1: | c' est vraiment profiter aussi d' une autre façon de la détresse des gens quoi |
L2: | voilà moi je suis sûr que le journaliste là il s' est fait une fortune avec ce truc |
L1: | hum hum |
L2: | parce que c' est passé à toutes les chaînes du monde ça |
L1: | ouais bien sûr |
L2: | il a dû ramasser un fric abominable et la pauvre petite elle elle priait et tout et je pas |
L1: | hum hum |
L2: | pas ça bien tu peux filmer c' est ton boulot comme nous c' est notre bou~ boulot d' aller sortir des types de des voitures mais |
L1: | pas profiter du du témoignage |
L2: | mais voilà |
L1: | des gens surtout de la douleur des gens plus |
L2: | hum hum |
L1: | bon ben bon ben je te remercie j' ai appris beaucoup de choses durant cet interview merci et à bientôt au revoir |
L2: | ben ça été un plaisir de te parler de ce que je faisais puis j' espère qu' on se reverra |
L1: | d' accord au revoir |
L2: | salut |
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