L1: interview d' un pompier professionnel alors peux -tu me dire en quoi consiste ton travail L2: alors mon travail ben je suis pompier je suis pompier c'est-à-dire euh ben tout ce qui se rattache au terme de pompier les porter secours assister les personnes en danger intervenir sur les différents feux feux urbains feux de forêts surtout ici dans le Midi L1: hum hum L2: et puis tout ce qu' on appelle nous les opérations diverses c' c'est-à-dire fuite d' eau le chat qui est sur l' arbre qui arrive plus à descendre le nid de frelons et caetera et caetera quoi c' est assez étendu L1: c' est un travail très varié quoi L2: ouais c' est varié euh ouais parce que chaque intervention est différente quoi tu tomberas jamais sur sur le même accident tu verras jamais le même feu tu L1: hum hum L2: enfin tu dois faire face à certaines situations qui qui se ressemblent pas quoi L1: d' accord et est-ce que tu peux me raconter un souvenir marquant dans ta carrière de pompier L2: un souvenir marquant L1: oui quelque chose qui t' L2: oh ben hum L1: ou L2: pour moi ben jusqu' à maintenant ça a été le tremblement de terre à Mexico qui a eu lieu en quatre-vint-cinq auquel j' ai j' ai participé en tant que secouriste quoi L1: hum hum L2: c' est c' est quand même quelque chose qui marque dans la vie de dans la vie d' un pompier parce qu' on va pas tous les jours à Mexico aider les Mexicains quoi L1: hum hum L2: voilà et j' étais à l' époque euh j' étais pas encore professionnel j' effectuais mon service militaire au Bataillon des Marins-Pompiers de NNAAMMEE et L1: c' était la condition nécessaire pour partir L2: ah non la condition pour partir il fallait avoir le le stage enfin stage un examen de sauvetage déblaiement qui est une spécialisation chez les pompiers comme il en existe beaucoup d' ailleurs et être secouriste et être titulaire du Brevet de Réanimation L1: hum hum L2: voilà si tu réunissais ces ces deux conditions euh tu avais des chances de partir bon tout le monde n' a pas pu partir on a on a été tiré au sort quoi L1: hum L2: parce que l' effectif est assez grand quand même et j' ai eu la chance d' être la chance d' être parmi ceux qui sont partis à Mexico L1: d' accord et là-bas comment ça s' est passé L2: ah là-bas c' est c' est c' est impressionnant quoi c' est pas c' est L1: j' imagine ça devait être gigantesque L2: ben ouais ben imagi ouais ben moi aussi avant de partir tout le monde imaginait à peu près quoi parce qu' on avait lu les journaux on avait écouté la radio tout ça donc on se faisait déjà une petite image de Mexico ce que ce ce qu' on allait voir et en fait quand on est arrivés c' était c' était tout autre chose ça prenait une autre dimension c' était c' était c' était fou quoi L1: hum hum c' était encore plus grand dans la réalité L2: ah ouais parce que vraiment tu es on imaginait déjà je t' ai je te l' ai dit mais voir tous ces immeubles effondrés les rues qui existaient plus des trous dans la chaussée des gens qui couraient à droite à gauche des L1: c' était l' affolement général là-bas L2: ah ouais L1: hum L2: bon un affolement général L1: et en quoi consistait ton travail sur place L2: eh ben nous sur place donc on est arrivés on a été pris en charge par les autorités mexicaines qui nous ont accompagnés à à notre hôtel enfin à notre hôtel j' appelle ça un hôtel mais c' était un quartier général quoi on logeait dans un hôpital L1: hum hum L2: donc on avait des lits de camp tout ça ensuite nos chefs sont allés chercher euh auprès toujours de ces autorités mexicaines le travail que l' on devait effectuer parce que c' est faut une organisation quoi on peut pas aller à droite à gauche et on nous avait confié le déblaiement de d' un hôpital qui s' était effondré au centre de L1: donc vous avez un secteur bien particulier bien défini L2: ah bien précis ouais ouais nous on le bataillon des Marins-Pompiers s' occupait de cet hôpital je me rappelle plus son nom mais il s' était effondré et il y avait des bon un hôpital c' est plein de malades de personnels au moment du tremblement il était plein cet hôpital enfin il était plein je sais pas combien de personnes il y avait mais il y avait encore des personnes de vivantes sous les décombres L1: hum hum L2: donc nous on a fait on s' est occupé que de cet hôpital ensuite on était avec l' U S S de NNAAMMEE bon ils se sont occupés de ils étaient à l' est de Mexico ils avaient une clinique ou ou un immeuble je sais plus hum L1: hum L2: enfin eux ils s' occupaient rien que de L1: d' autre chose L2: voilà chaque groupe avait avait son secteur d' intervention sa partie de travail à faire voilà en gros c' était L1: et votre travail euh L2: notre L1: consistait en quoi je veux dire sur place L2: ben sur place le nous on nous appelait pour essayer de dégager les survivants donc on devait s' y employer L1: déblayer euh dégager les victimes L2: en fait en fait ça se passe il y a il y a trois phases il y a d' abord une phase de recherche L1: hum hum L2: c'est-à-dire il faut essayer de repérer les victimes alors pour ça on a une équipe qui est appelée l' équipe de recherche et localisation c'est-à-dire les maîtres-chiens avec leurs chiens donc euh ce sont les premiers qui ratissent qui marchent sur les décombres avec les chiens ils lâchent les chiens les chiens ils flairent ils essayent de repérer au flair euh L1: ils essayent de voir si il y a des victimes ou pas L2: voilà L1: à quel endroit elles sont L2: quel endroit et alors là c' est là c' est flagrant hein quand le chien il sent que quelqu' un est vivant il s' arrête il bouge plus il gratte avec la patte il aboie mais enfin c' est ici quoi le chien il se trompe rarement ensuite bon une fois que le chien a a repéré la victime ou l' endroit où la victime est ensevelie il arrive une deuxième équipe qui va essayer de confirmer la présence de ce de de cette victime donc euh c' est c' est l' équipe de localisation ils arrivent avec un appareil un appareil bon je vais pas te le décrire parce que c' est pas que c' est complexe mais enfin c' est c' est un genre d' écouteur L1: hum hum L2: et alors donc il y a un pompier L1: qui capte les sons L2: voilà L1: hum L2: un écouteur qui capte les sons sous le sol alors euh en deux mots je t' explique il y a quelqu' un qui lance un appel à la victime ou à la prétendue victime hein en tapant sur une pierre avec une barre de fer et il y a trois autres pompiers avec cet appareil donc qui sont chargés de de recevoir de capter les sons que peut é émettre L1: la victime L2: la victime avec un casque avec voilà et une fois que les chiens euh sont passés que que l' équipe de localisation a fait son travail a repéré la victime à ce moment-là on essaie de la localiser L1: hum hum L2: sur un papier on trace un trait nous on est là la victime elle est là il faut creuser comme ça et à ensuite il arrive la troisième équipe l' équipe de déblaiement donc qui creuse des galeries des tunnels jusqu' à la victime L1: hum hum L2: voilà en gros c' est L1: et là euh L2: le travail L1: le déblaiement en lui-même comment il se déroule L2: ben le déblaiement c'est-à-dire la troi~ la troisième phase du travail L1: oui L2: eh ben lever les pierres d' abord enfin tout ce que tu peux lever avec les mains et ensuite quand tu commences à creuser L1: mais si vous rencontrez des obstacles par exemple alors L2: je t' ai dit tout à l' heure on trace un trait euh enfin une ligne quoi faut la suivre cette cette ligne c'est-à-dire euh on va creuser droit avec bon on a des appareils pour creuser tu as les pelles pioches mais il y a un matériel soph s qui est sophistiqué maintenant avec le laser tout ça L1: hum L2: donc on creuse droit du point de départ jusqu' à la victime mais on va tout droit donc c' est-à-dire que on va passer à travers tout ce qu' on va rencontrer sous sous nos sous les décombres bon les pierres les les tables les frigos enfin tout ce que tu peux imaginer dans un appartement quoi L1: et même à travers des corps ou L2: eh ben ouais ben c' est arrivé justement là à un collègue parce que on creusait à peu près un quart d' heure chacun L1: hum L2: parce que c' est c' est assez éprouvant et puis tu manques d' air là là-dessous donc on creusait un quart d' heure on sortait on se reposait il y en avait un autre qui voilà on tou~ on tournait comme ça et le collègue a dû en creusant il est tombé sur un cadavre un corps L1: il a dû le découper L2: il a découpé au laser L1: mais c' est horrible L2: ah ouais il a été marqué il est remonté il pleurait il criait il voulait il voulait rentrer il voulait mais enfin il a fallu que L1: à travers des frigos à travers des tas de L2: ah tout tout ce que tu peux rencontrer tu coupes L1: hum L2: de toute façon le laser ça il y a il y a pas grand chose qui qui lui résiste hein L1: hum hum L2: mais c' est le fait de de couper le corps humain même même même mort hein parce que L1: ouais bien sûr c' est impressionnant L2: c' est ouais enfin je sais que j' au~ j' aurais pas aimé le faire quoi L1: hum L2: mais je sais même pas si si je l' aurais fait enfin lui l' a fait et donc tu creuses comme ça droit jusqu' à la victime L1: hum hum et euh il y a des chances pour que les victimes i il en reste encore dessous quand les autorités décident de L2: ah ouais bien sûr ben L1: d' arrêter les recherches L2: on a eu ce problème au bout du cinquième jour parce que les autorités mexicaines ont décidé que que c' était fini ils ont décrété qu' il n' y avait plus de survivants L1: au bout de combien de jours L2: cinq jours cinq cinq ou six jours L1: mais c' est L2: alors que notre équipe de je t' ai dit la première équipe avec les maîtres-chiens en avaient repéré deux deux de vivantes qui étaient ensevelies L1: et comment vous avez fait alors L2: alors ben c' est nos chefs qui ont négocié avec les autorités de Mexico ils ont essayé de enfin ils ont discuté avec un interprète L1: hum hum L2: parce que d' un côté tu avais bon le chef des Marins-pompiers qui lui voulait continuer à creuser parce qu' il savait que il y avait deux victimes qu' il fallait dégager qui étaient encore vivantes donc s ça ça vaut le coup même d' en sauver une L1: ouais bien sûr L2: et d' un autre côté tu avais un colonel mexicain de l' armée avec toute une rangée de bulldozers qui nous disait de dégager le chantier de dégager l' hôpital de sortir que les bulldozers allaient finir allaient finir le L1: pour quelle raison pour les épidémies L2: voilà parce que au bout d' un certain nombre de jours L1: hum hum L2: l' odeur des cadavres tout ça ça dégage des microbes et il y a des des risques d' infection des dé d' épidémie assez graves quoi hum L1: et finalement comment ça s' est terminé alors L2: eh ben ça s' est terminé qu' au bout de la première discussion euh notre chef a pu obtenir un délai de dou de dix à douze heures je me rappelle plus je crois que c' était douze heures L1: seulement L2: douze heures ouais il nous avait filé douze heures pour sortir ces deux victimes L1: hum hum L2: et si au bout des douze heures on avait pas dégagé les victimes les bulldozers L1: allaient tout ensevelir L2: entraient en action déblayer euh jusqu' au ras de sol L1: hum hum L2: donc ils déblayaient les victimes avec et donc on s' est mis au travail quoi on a creusé on a creusé mais c' était trop long quoi parce que les victimes étaient assez loin et on a pas pu les dégager et au bout de ces douze heures donc le le colonel de Mexico là il est revenu il nous a dit de bon maintenant vous évacuez le chantier ils évacuaient le chantier les bulldozers ils vont bon là ce moment-là bon notre chef désespéré parce que on y était presque quoi L1: ouais L2: ils étaient à cinq six mètres mais en sauvetage déblaiement cinq six mètres à creuser c' est ça te représente je sais pas une dizaine d' heures de travail hein L1: tant que ça L2: ah ouais ouais s c' est vachement long L1: hum hum c' est énorme L2: donc euh il a pas voulu insister et à contre-coeur il nous a fait replier le matériel L1: hum L2: tout en sachant que il y avait encore ces deux deux gars là dessous donc on a commencé à replier le matériel mais mais vraiment ça faisait peine hein parce que L1: et ce qui fait que les deux personnes ont été ensevelies L2: non non et une fois qu' on a tout replié euh ce même gars euh ce colonel il est revenu il nous a dit allez-y vous les sortez les bulldozers ils y travailleront après donc on a encore tout ressorti le matériel on a tout remis en marche on a dégoi on a dégagé une première victime c' était un docteur le docteur de l' hôpital L1: hum L2: et et la L1: il est sorti vivant L2: ah ouais ouais il était vivant enfin on l' a soutenu quoi parce que on l' a se on l' a soutenu au départ mais il marchait hein il était L1: hum L2: il av il avait rien si il était co~ il était choqué c' est tout et une deuxième qui avait un fémur de cassé mais mais en bonne santé également L1: hum hum mais ensuite vous avez tout recouvert L2: ouais ensuite on a rangé le matériel et les bulldozers ont tout é L1: et peut-être qu' il en restait encore des victimes L2: non p s je sais pas enfin on en a plus localisé mais il devait en rester un L1: hum hum L2: ça c' est sûr L1: c' est dingue de penser ça L2: ben ouais ça fait mal au coeur L1: hum hum L2: surtout que bon tu viens de tu viens de NNAAMMEE jusqu' à Mexico tu pars tu en fait on a travaillé que cinq six jours quoi c' est bon ça valait le déplacement hein mais on aurait pu encore mieux faire j' en suis sûr L1: hum L2: on en sortait encore si si si on était resté plus mais ils ont pas voulu Ils ont pas voulu ils ont pas voulu L1: hum hum L2: mais l' accueil des Mexicains a été pour euh pour les Français ça a vraiment été quand on est partis ils avaient les banderoles merci euh L1: ah bon et ils aussi L2: ah ouais ouais merci aux Français L1: hum hum L2: superbe parce qu' on les sentait vraiment dans le b~ enfin je sais pas si ils sont comme ça dans la la vie de tous les jours mais là euh là vraiment les Français pour les Mexicains c' était pff L1: hum hum des héros L2: non p peut-être pas jusque là mais bon je vois vis-à-vis des Américains c' est parce qu' on avait les Américains aussi ) L1: hum hum L2: les euh je sais plus leur nom les pompiers américains ben ils ont pas ramassé un tel succès que L1: ah d' accord et est-ce que tu as assisté aux inondations de Nîmes L2: ouais j' y suis allé avec les pompiers de NNAAMMEE L1: mais c' était à peu près le même travail ou c' est totalement différent L2: alors c' est ça a rien à voir hein c' est moins bon c' est une catastrophe également à Nîmes parce que il faut voir les dégâts que l' eau a faits mais c' est moins catastrophique que ce qui y a eu au Mexique quand même mais L1: c' est quand même L2: ouais c' était impressionnant aussi hein quand tu vois deux mètres d' eau dans dans une rue L1: et les gens vous ont bien accueillis aussi à Nîmes L2: ah c' était pas pareil euh certains oui et puis parce que ce qui se passait c' est que comme à Mexico bon on avait un s~ un secteur attribué quoi L1: hum hum L2: enfin là le gros du travail c' était fallait vider l' eau quoi vider l' eau des appartements des caves tout ça donc on nous attribuait un sect~ secteur également on avait une rue à faire et donc on commençait à pomper L1: hum hum L2: avec les camions avec les moto-pompes enfin avec tout ce qu' on avait et bon une fois que les moto-pompes étaient mises en route bon on traînait dans la rue quoi enfin les pompes elles pompaient mais puis nous on et là ce moment-là ils arrivaient des personnes d' une autre rue qui venaient nous chercher et qui nous disaient ouais ma cave elle est inondée ma salle à manger est inondée il faut que vous veniez bon on leur expliquait qu' on pouvait pas parce qu' on était en train de pomper là L1: hum vous aviez un secteur encore défini et vous pouvez L2: voilà L1: pas L2: on peut pas se dégager du L1: bouger L2: secteur quoi L1: hum hum L2: et les gens ils le comprenaient pas alors ça fait que il y a i pff il y en a qui le percevaient bien quoi qui mais il y a il y en a d' autres qui ont pas du tout apprécié qui nous traitaient de bons à rien qu' on faisait ce qu' on voulait L1: hum hum L2: et caetera et caetera L1: oui hum d' accord qui comprenaient pas L2: qui comprenaient pas voilà mais quoi quoi te dire encore mais ça été moins impressionnant que que Mexico là je te dis Me Mexico pour moi ça a vraiment été un L1: le souvenir le plus marquant de ta carrière L2: ah ouais hum hum bon je sais que c' est triste parce qu' il y a eu des des milliers de morts mais dans la carrière d' un pompier être allé à être allé à Mexico c' est quand même L1: pour le travail quoi L2: ah ouais du point de vue du travail parce que quand tu passes l' examen le que je te disais de sauvetage déblaiement bon l' examen tu as une partie qui est pratique où on te simule une catastrophe où tu as des victimes ensevelies dans des dans des caches qu' on a fait nous qui sont recouvert juste d' une d' une dalle de béton et c' est à toi la dégager mais d la réalité c' est tout autre hein L1: hum L2: quand tu vois ce l' hôpital où on travaillait qui était tout écroulé les tuiles les murs par terre tu te L1: et dans ces cas de grandes catastrophes est-ce que il y a des gens qui profitent L2: ouais ben ça de partout hein L1: par exemple dans les inondations de de Nîmes ou même à Mexico il y a il y a des gens profitaient de la misère des L2: ben Mexico il y avait ben bien sûr L1: des autres L2: il y avait la ouais il y avait la la police mexicaine qui veillait vingt-quatre sur vingt-quatre également et qui L1: hum hum L2: faisait gaffe aux pillards parce que tu as tu avais des gens qui volaient dans les ruines et à Nîmes bon on a eu le cas de ce boulanger là mais c' était marqué dans tous les journaux ça je sais pas si tu l' as lu le boulanger qui le lendemain de la catastrophe donc la catastrophe avait eu lieu un lundi le mardi il vendait sa baguette à quinze francs la tranche de jambon à cents francs enfin un truc abominable quoi L1: hum hum il profitait vraiment de L2: non seulement certains gens avaient tout perdu là parce que vraiment tout hein L1: en plus il y a il y avait des gens L2: en plus ils vont chercher à bouffer ils voient la tranche de jambon à cents francs L1: hum hum L2: ça c' est vraiment horrible quoi L1: est-ce est-ce qu' il y en avait qui volaient par exemple L2: ah je sais pas j' en ai pas vu L1: des voitures ou quoi L2: non ce qui se p euh ce qui ce qu' il y a eu avec les voitures c' est que il y a eu un parking enfin des parkings souterrains de complètement innondés tu t' imagines c' était sous le sol donc l' eau s' est engouffrée là-dedans et des pff des centaines de voitures foutues quoi et ces voitures ont été dégagées petit à petit des grues sortaient les voitures et toutes ces voitures elles étaient mis sur une grande esplanade L1: hum hum L2: et elles s' entassaient elles s' entassaient tu avais toujours des des types avec une caisse à outils qui qui traînaient et qui cherchaient à récupérer ci une roue un carburateur un essuie-glace enfin n' importe quoi tout ce qui était encore L1: et-ce est-ce qu' il y en avait qui qui volaient par exemple des vivres qu' on envoyait aux euh aux gens de Nîmes L2: les vivres L1: oui enfin je veux L2: non c' est-à-dire que il y a eu des dons à travers toute la France je me rappelle des dons euh qui venaient de enfin des quatre coins de l' hexagone quoi et tous ces dons étaient réceptionnés à la mairie de Nîmes et en fait les personnes qui venaient récupérer ces dons c' était pas que des sinistrés quoi ça c' est des responsables de la mairie qui étaient chargés de la distribution des dons qui nous disaient on donne des trucs à des gens qui qui n' ont pas été touchés par l' eau qui qui ont euh enfin qui sont pas sinistrés qui en ont pas besoin et c' est pour ça nous quand on est rentrés on est restés que trois jours là-bas puisqu' après on a eu une relève une équipe qui est venue nous remplacer euh mon père il me disait ouais je vais écrire je vais leur envoyer un chèque et si alors moi je lui ai dit non c pas la peine que tu envoies L1: tu penses que c' était pas la peine quoi L2: non moi non euh pff non L1: parce que c' était mal distribué parce L2: pourtant il y avait voi voilà c' était au niveau de la distribution et des gens qui et des gens qui qui qui en qui en profitaient qui étaient enfin c' était pas L1: hum hum et est-ce qu' il y en avait qui pro qui profitaient de la situation pour régler des comptes par exemple L2: ah ouais on a eu le ben le dernier jour non le juste avant qu' on parte là ils avaient parce qu' il y a eu sept ou huit morts à Nîmes et le dernier en fait le dernier mort qui a été retrouvé c' était dans un parking souterrain L1: hum hum L2: mais il est pas mort noyé hein il est mort L1: ah d' accord L2: il est mort étranglé après il a été jeté dans le parking qui était plein d' eau L1: hum hum mais c' est horrible de penser que L2: ah ben les gens ils profitent de tout hein c' était peut-être ben L1: ouais pour tuer son voisin ou L2: parce qu' en plus là-bas il fallait voir le travail qu' ont eu les policiers quoi parce que il fallait qu' ils bloquent Nîmes il fallait que enfin ils étaient à droite à gauche ils étaient et L1: hum hum oui donc L2: il y en a qui ont profité de l' absence de L1: pas de surveillance L2: voilà de surveillance pour pour régler quelques différends quoi L1: hum hum L2: et bien bien parce que le type étranglé tout c' L1: est horrible L2: ben ouais L1: et sinon euh dans ta carrière de pompier euh est-ce qu' il y a d' autres choses qui t' ont marqué ou euh L2: qui m' ont marqué ben j' ai eu L1: qui t' ont fait peur ou qui L2: j' ai eu deux trois coups de peur qu~ quand même L1: ah bon L2: ouais c' était sur les en particulier en quatre-vingt-six sur un feu de forêt là dans le Midi à Bormes à Bormes-les-Mimosas où le feu nous a carrément sauté au moment où on s' y attendait pas on a été encerclés de flammes il y a eu un affolement L1: mais quelles sensations ça fait L2: ça fait très peur ça fait peur et tu penses tu penses à plein de choses hein tu penses à aux gens que tu vas plus revoir L1: hum hum L2: tu te dis euh je la reverrai plus et puis et puis le feu il arrive tu es tu es encerclé tu t' étouffes tu as ta lance au bout des mains mais tu sais même pas quoi en faire parce qu' il y a des flammes de partout et en fait il faut que tu attendes que ça passe quoi mais une fois que c' est passé et que tu revois le le ciel bleu parce que là je me rappelle c' est quatre heures de l' après-midi mais il y avait tellement de fumée qu' on y voyait rien il faisait nuit quoi L1: hum hum L2: mais une fois que le feu nous a sautés est passé est parti quoi qu' il nous a il nous a complètement échappé il faut dire ce qui est ben tu respires hein L1: hum L2: tu es L1: des fois tu tu risques ta vie alors L2: ben s ben là je t' ai dit deux trois fois euh ouais c' est passé près mais mais enfin c' est un métier que s' il est bien fait il y a s' il est bien fait il y a il y a ouais il y a aucun risque quoi sauf bien sûr imprévu comme une fois NNAAMMEE où j' étais toujours en train de c' était c' était avant de partir à Mexico là j' étais sur l' amb L1: tu étais pompier à NNAAMMEE euh L2: ouais j' ai effectué mon service militaire en tant L1: hum hum L2: qu' appelé au bataillon des Marins-pompiers de NNAAMMEE et donc un matin j' étais sur l' ambulance était sept heures le matin on venait de se lever on avait passé une nuit tranquille en principe c' est rare quand tu es sur l' ambulance à NNAAMMEE de bien dormir la nuit en principe tu tu sors et là sept heure du matin L1: c' est pas le même travail que à NNAAMMEE L2: ah non non ça c' est pas pareil c' est c' est hum il y a plus d' interventions à NNAAMMEE c' est normal L1: hum hum L2: mais tu fais tu fais plus de choses intéressantes je crois à NNAAMMEE qu' à NNAAMMEE parce que L1: ah bon L2: à NNAAMMEE sur sur dix ambulances je te prends le cas hein tu vas chercher huit clochards que tu mènes à l' hôpital L1: ah oui d' accord L2: ça c' est pas intéressant hein tu L1: en fait c' est le même travail mais amplifié L2: voilà amplifié je te dis L1: par exemple au lieu de faire un clochard tu en fais dix au lieu de L2: voilà il y a à NNAAMMEE tu as moins de sorties mais les cas ils sont plus intéressants L1: hum hum L2: tu as plus de b nous ce qu' on appelle de belles sorties de bon c' est malheureux de parler comme ça mais tu as plus de b de beaux accidents de L1: et alors cette fameuse journée là que tu me racontais L2: eh ben ouais donc c' était sept heure le matin on se levait on ju juste on allait boire le café donc l' ambulance a sonné parce qu' on a un klaxon L1: hum hum L2: un klaxon avec des sonneries l' ambulance a sonné on est allés chercher le le message parce que les alertes arrivaient sur un ordinateur et sur le message il y avait marqué blessé par arme à feu avec l' adresse et tout et l' adresse c' était à cinquante mètres de la caserne L1: ah d' accord vous avez été L2: donc on a eu juste eu à ouvrir la porte de la caserne en dix secondes on était devant l' adresse indiquée et on est arrivés on a encore entendu des coups de feu c' était un a c' était un appartement mais qui donnait sur une rue on entendait des coups de feu pan pan et il y avait des femmes aux fenêtres de l' immeuble en face qui nous criaient allez-y rentrez rentrez ils sont en train de se tuer L1: mais tu avais pas peur L2: ben ouais mais enfin moi j' étais pas trop chaud pour rentrer déjà en plus nous en tant que pompier on a pas à rentrer il faut qu' on attende la gendarmerie donc le premier truc qu' on a fait c' est d' appeler la gendarmerie L1: hum hum L2: et en attendant on avait pris une petite pince c' est un genre de un petit pied-de-biche et on essayait d' enfoncer la porte qui était fermée à clef mais sans grande conviction quoi parce que en entendant ces coups de feu ça te et on était en train d' enfoncer la porte donc et derrière cette porte on a entendu un des bruits de pas et puis un petit clic clic là comme si on rechargeait une arme et en fait on rechargeait une alors là tout le chef il avait le pied-de-biche il a laissé tomber il est parti juste au moment où le coup de feu partait le type il était de l' autre côté de la porte et il nous a tiré un coup de feu donc euh je me rappelle le conducteur il est rentré en courant à la caserne de ce qu' il a eu peur moi moi euh moi j' avais une petite trousse de secours en plastique là à la main je l' ai pris je suis allé me mettre sous l' ambulance je bougeais plus j' ai eu une peur et juste à ce moment-là il arrive un un policier en civil de la police judiciaire de NNAAMMEE L1: hum hum L2: enfin à NNAAMMEE on les appelle les cow-boys parce qu' ils sont vraiment fous ouais c' est des fous L1: c' est des intrépides L2: ah ouais ouais c' est euh genre Belmondo un peu les films de Belmondo alors le type il arrive il avait un pistolet dans la ceinture il en avait un autre dans dans le dos il est arrivé on lui L1: il était équipé L2: ah ouais ouais il était équipé mais mais en civil hein un type en plus avec les cheveux longs enfin on aurait dit tout sauf un sauf sauf un sauf un gendarme et lui est arrivé devant la porte parce qu' on lui avait dit oh ne vous approchez pas et tout il vient de tirer il est fou il nous a même pas écouté il s' est présenté devant la porte donc il y avait déjà un gros trou dans la porte il a tiré un coup de pied dans la porte la porte s' est ouverte et il s' est retrouvé en face du type qui avait tiré mais cette fois le type avait la carabine braquée contre sa tempe L1: oh L2: il était prêt à se suicider et quand il a vu le gendarme il a appuyé il s' est suicidé L1: oh là là et tu as vu le mec se suicider L2: ah ouais ouais ouais on était on était juste à côté en plus c' était de la chevrotine je te je te je te dis pas L1: oh ça doit être horrible L2: oh horrible mais c' est pas pour ça que le gendarme il a été euh bon i il a rangé ses il a rangé ses deux pistolets tranquille il nous a dit ben voilà L1: comme si de rien n' était L2: ah ouais ouais ben lui c' était il nous a L1: et quand vous êtes rentrés L2: ben c' est pas ça ouais c' est qu' après il a fallu voir parce que tu as je t' ai dit tout à l' heure que quand on est arrivés il y avait eu des coups de feu L1: hum hum L2: donc il a fallu monter aux étages parce que L1: faire le constat L2: c' était c' était une maison avec un rez-de-chaussée un premier étage il a fallu monter au premier étage pour voir et puis là dans la cage d' escalier on a trouvé un type aussi qui avait été buté L1: hum L2: qui était mort et une femme dans la cuisine L1: et c' est le mec qui s' est suicidé qui a qui a L2: ouais ouais L1: tué tout le monde L2: il a tué il a tué le bonhomme il a tué la femme son fils il devait être la maîtresse du bonhomme enfin on supposait ça nous hein vite fait L1: ah d' accord hum hum L2: et ensuite il s' est donné la mort quand il a vu le policier L1: c' était le carnage quoi L2: ah complètement et d' ailleurs on est partis on avait pas bu le café ce jour-là on l' a pas bu parce que c' était vraiment pas beau voilà bon ça c' est des trucs qui te marquent quand même même même ça fait combien c' était en quatre-vingt-quatre quatre-vingt-cinq ça fait bientôt cinq ans L1: tu l' as pas oublié L2: de temps en temps tu y penses encore L1: hum hum L2: tu te dis té L1: et euh sinon donc tu fais des trucs beaucoup plus extraordinaires en ville quand même non dans des grandes villes comme ça L2: ah ben c' est sûr L1: que à NNAAMMEE L2: ah ouais L1: hum L2: ben surtout à NNAAMMEE je me rappelle j' y suis resté un an hein pourtant ben j' ai dû faire quatre ou cinq meurtres L1: hum hum L2: en travaillant deux jours euh et et en ayant un jour de repos donc cinq meurtres c' était L1: et les euh les accidents routiers est-ce qu' ils sont L2: les accidents routiers euh L1: terrifiants des fois ou L2: certains ouais s certains tu L1: extraordinaires L2: ah ouais ben c'est-à dire L1: quand c' est des accidents des gros des gros accidents avec des camions ou L2: ben c'est-à dire un accident n' est jamais tu vas faire dix accidents et euh ce seront dix accidents différents L1: hum hum L2: tu auras dix situations différentes et c' est ça qui est parmi ces situations tu en as certaines de cocasses quand même hein quand tu vois un une voiture en équilibre sur un pont avec un blessé dedans ou ou une voiture qui brûle avec un type dedans L1: hum hum L2: ben il y en a c' est vrai qui qui marquent hein ouais il y en a deux ou trois quand même qui me sont restés gravés quand je L1: lesquels L2: un sur autoroute euh un sur l' autoroute euh L1: qu' qu'est-ce qu' il s' était passé sur l' autoroute L2: eh ben on est arrivés enfin on est arrivés sur trop trop tard hein il y avait trois trois jeunes dans une voiture qui avait fait un tonneau c' était une petite voiture ça devait être une Austin ou une auto Bianchi et la voiture avait pris feu juste après de suite après L1: hum hum L2: et les trois jeunes étaient restés à l' intérieur avaient brûlé dedans L1: hum L2: et c' était en commune de NNAAMMEE donc c' est à peu près à une quinzaine de kilomètres de NNAAMMEE donc le temps que tu reçoives l' appel L1: ils étaient calcinés L2: carbonisés ouais L1: oh L2: et c' est donc on était partis mais on est arrivés peut-être dix minutes après L1: hum L2: c' était trop tard il y avait plus rien à faire les les les les trois jeunes ils étaient ils étaient carbonisés ça c' est ça c' est vraiment marquant ensuite il y avait eu le enfin là je te dis euh ce qui me revient en tête qui me m' a marqué une fois mais j' étais pas j enfin je travaillais pas là je on revenait de de la mer à moto et j~ je suis tombé sur sur un accident de circulation un camion qui avait sauté l' autoroute L1: hum hum L2: et qui était tombé en contrebas dans un champ de vigne et le chauffeur avait été décapité L1: hum hum L2: mais complètement comme un comme au temps du L1: c' est horrible L2: ah ouais ah ça je crois que tu vois une un corps sans tête tu peux pas bon tu tu tu L1: j' arrive pas à m' imaginer L2: voilà tu te le tu te l' imagines quoi L1: non je arrive pas à l' imaginer tellement c' est horrible L2: un corps sans tête enfin plu plus ou moins tu vois mais le voir enfin là moi j' avais juste vu le corps qui était resté à l' intérieur de la cabine parce que en gros le type il L1: et tu avais vu la tête L2: ouais la tête L1: hum L2: mais beaucoup plus plus loin une vingtaine de mètres plus loin parce que le type il roulait avec une vitre ouverte et le camion a quitté l' autoroute et a sauté en contrebas et en fait c' est la cabine qui a déc dé euh avec la vitre ouverte qui l' a L1: l' a décapité L2: voilà il a passé la la tête à travers la vitre qui était ouverte et quand le camion a fait un tonneau c' est c' est tout tout le poids de la cabine lui est tombé sur euh sur le cou et l' a décapité L1: et dans ce cas-là qu'est-ce que tu peux faire L2: ben rien il y a absolument rien L1: oui mais tu as retrouvé la tête L2: ben la tête bon après les pompiers sont arrivés mais j' avais commencé un peu à la chercher L1: hum L2: bon c' est pas que ça me plaît mais c' est mon L1: mais il faut pas affoler les gens qui s' arrêtent ou L2: voilà et finalement c' est un pompier qui l' avait trouvée ben c' est pas beau hein c' est pas beau parce que un corps sans L1: ça doit être remarque L2: tête c' est déjà pas beau mais une tête sans corps c' est c' est encore plus horrible c' est vrai ouais alors c' est je te dis pourtant j' en ai fait un paquet d' accidents mais je te dis c' est L1: ouais celui-là il est dur particulièrement traumatisant L2: et chaque fois que je repasse à c à cet endroit là euh j' y j' y repense L1: hum hum L2: j' y repense L1: et sinon euh les gens euh qu'est-ce qu' ils choisissent comme moyen pour se pour se suicider L2: oh oh tu me poses de ces questions pour se suicider oh ben moi j' ai vu de tout j' ai vu la L1: non parce qu' en fait on on est pas très bien conscient de de ça quoi je veux dire moi je sais pas trop L2: ça va de moi j' ai fait plusieurs tentatives de suicide euh bon d' abord c' était le cas de la jeune fille qui est amoureuse qui perd son amoureux et qui pour faire croire à son amoureux qu' elle va se suicider elle prend trois cachets L1: hum hum L2: et voilà bon ça c' est la tentative de suicide classique quoi par bar~ par barbiturique L1: mais qui est fausse quoi L2: mais j' ai j' en enfin il y en a qui marchent mais par barbiturique j' en ai jamais vu qui se L1: qui vraiment euh L2: qui vraiment euh allaient jusqu' à la mort L1: arrivaient à se tuer L2: sinon ben tu as le tu as ceux qui se pendent ça ça j' en ai fait deux deux fois trois L1: les pendus ça doit être horrible aussi hein L2: ouais ben ouais surtout que en principe quand euh quand une personne se pend elle se pend seule et souvent elle est découverte deux trois semaines après quoi L1: hum hum L2: dans son appartement parce que c' est une personne âgée parce que c' est ci ensuite qu'est-ce que ben ensuite tu as L1: qui se jettent sous des voitures aussi L2: non ça par contre j' en ai jamais vu hein j' ai j' ai vu une fois sur le journal enfin c' est arrivé du côté de L1: hum hum L2: une femme s' était assise sur l' autoroute L1: il faut avoir un sacré courage hein L2: et sinon après tu as par contre j' en avais vu une qui m' avait marqué parce que le type il avait pris un fer à repasser il avait levé le fil euh le fil électrique du fer à repasser L1: hum hum L2: il avait levé la gaine tu sais tu as un tu as une L1: une gaine L2: ouais une gaine L1: hum hum L2: il s' était attaché ben et puis à l' intérieur tu as tu as deux fils L1: hum fils électriques L2: voilà alors il avait décollé les deux fils il les avait tirés il en avait attaché un à un poignet l' autre bout il avait attaché à l' autre à l' autre bras et il lui restait la prise donc et il a branché la prise dans une prise de courant il avait les deux poignets L1: oh là là L2: et il s' était suicidé comme comme ça électrocuté L1: et il est mort électrocuté L2: ah ouais L1: et il était comment brûlé L2: ben il avait les poignets de brûlé L1: ça fait comme la foudre alors L2: ouais non la foudre si tu veux comme son nom l' indique tu es fou tu es foudroyé tu te tu te en fait tu tu te mais là dans une prise de une prise d' un appartement L1: tu te sens mourir tu crois L2: ah ben bien sûr du du deux que du deux cent vingt volts tu tu as le temps de te voir quand même hein L1: est-ce qu' il y en a qui se jettent de des immeubles ou quoi L2: ah ça par contre j' en ai jamais vu L1: non L2: j' en ai jamais vu non de des types qui se jettent de non L1: hum L2: voilà en gros voilà ben c' est c' est c' est ce qui me L1: mais le plus impressionnant pour toi ça a été donc euh L2: Mexico ah ouais L1: Mexico puisque c' est quelque chose de grandiose en fait ben L2: bien sûr L1: tandis que sinon euh c' est des petits L2: ensuite ben c' est ce qu' on appelle la routine nous hein L1: hum hum L2: et je t' ai dit tu as des interventions qui te marquent plus que d' autres que tu te remémores de temps en temps à toi ou bien que ou que tu en discutes avec ceux qui ont fait l' intervention avec toi euh tu te rappelles l' accident à tel endroit on avait fait ci on avait ça bon je sais que c' est un peu dégueulasse d' en parler mais mais pour nous pour nous L1: pour vous c' est surtout euh question du travail c' est pas tellement euh L2: parce qu' après de suite après un accident on discute toujours on dit on aurait dû faire ça plutôt que ça pour pour pour le sortir en fait on se remet tout touj on se remet en question quoi L1: hum hum L2: bon L1: et euh qu'est-ce que tu penses de du euh tremblement de terre en U R S S L2: l' Arménie L1: oui L2: ah ben j' ai juste vu les images à la télé là L1: hum hum L2: ça devait être à peu L1: et est-ce qu' il y a des amis à toi qui sont partis là-bas L2: ouais L1: ouais L2: ouais ouais ben NNAAMMEE y est retourné L1: hum hum L2: hum il y a la l' U S S de NNAAMMEE qui est partie aussi moi j' en connais un ou deux L1: mais ça ça doit être encore plus L2: mais je l' ai pas vu L1: que que Mexico alors L2: ouais ouais ouais ouais L1: hum hum L2: parce que Mexico si tu veux c' était cen centralisé au centre ville surtout hein il y avait que le centre ville qui avait vraiment morflé alors qu' en Arménie tu as vu c' était trois quatre villes différentes qui a~ c' était vachement plus étendu donc euh ah ouais c' est sûr ils ont laissé des survivants dessous hein L1: ah ouais d' L2: ah c' est ah ouais là là je L1: c' est obligé quoi L2: ah ouais j' en suis sûr L1: hum hum L2: je suis sûr de ailleurs c' était L1: c' est horrible de penser qu' il y a encore des gens qui L2: je suis sûr qu' ils en ont laissé parce que c' était L1: comme la petite fille à Mexico là L2: non c' était pas Mexico c' était L1: c' était L2: la petite fille hum qui est m qui est morte L1: oui oui L2: c' était en Colombie le fleuve de boue là L1: ouais L2: hum hum L1: hum hum L2: comme ça ma foi moi ça L1: c' était vraiment émouvant de voir ça à la télé hein L2: ouais mais je comprends pas que avec L1: tous les L2: ouais pas tous les moyens parce qu' on voyait vraiment que les gens autour ils avaient ils avaient aucun moyen mais ils étaient bien une une dizaine tu avais le type qui filmait on voyait trois ou quatre types qui essayaient de la soutenir et tout euh je sais pas avec tant de bonhommes je suis sûr que L1: qu' ils auraient pu la sauver L2: ouais mais ils se sont ils s' y sont mal pris L1: ils se sont mal organisés L2: ah ouais ils se sont mal organisés parce que bon elle était prise dans l' eau je suis sûr que tu plonges à quatre ou cinq types ensemble hein surtout c' était pas profond hein tu as vu elle avait de l' eau L1: hum L2: mais tu peux soulever la pierre qui coinçait la jambe un truc comme ça je suis sûr que tu peux y arriver hein L1: hum hum L2: en fait ils se sont mal organisés ils se sont pas entendus et puis voilà et puis t de toute f je sais pas tu as tu as pas à montrer des images comme à la télé comme comme ça L1: ouais c' est sûr c' est un peu L2: voilà moi je suis sûr que le journaliste il s' est fait un fric monstre avec L1: c' est un peu odieux L2: parce que c' est un scoop ça hein L1: oui c' est sûr L2: voir une minotte qui mé qui meurt qui L1: c' est vraiment profiter aussi d' une autre façon de la détresse des gens quoi L2: voilà moi je suis sûr que le journaliste là il s' est fait une fortune avec ce truc L1: hum hum L2: parce que c' est passé à toutes les chaînes du monde ça L1: ouais bien sûr L2: il a dû ramasser un fric abominable et la pauvre petite elle elle priait et tout et je pas L1: hum hum L2: pas ça bien tu peux filmer c' est ton boulot comme nous c' est notre bou~ boulot d' aller sortir des types de des voitures mais L1: pas profiter du du témoignage L2: mais voilà L1: des gens surtout de la douleur des gens plus L2: hum hum L1: bon ben bon ben je te remercie j' ai appris beaucoup de choses durant cet interview merci et à bientôt au revoir L2: ben ça été un plaisir de te parler de ce que je faisais puis j' espère qu' on se reverra L1: d' accord au revoir L2: salut