1: Les Pays-Bas ont choisi le futur avion de combat américain
2: La décision est critiquée par les partisans d' un geste en faveur d' une solution européenne
3: Après des mois de tergiversations , le gouvernement des Pays- Bas , coalition de sociaux-démocrates et de libéraux conservateurs , a tranché :
4: pour remplacer sa flotte d' avion de combat F- 16 , il va participer au projet Joint Strike Fighter de Lockheed .
5: Vendredi 8 février , il a décidé d' y investir plus de 900 millions d' euros , en commun avec une industrie d' armements néerlandaise moribonde qui en attend quelques retombées .
6: La décision était très controversée , notamment chez les sociaux-démocrates du PVDA , qui avançaient deux catégories d' objections .
7: D' abord , l' importance de l' engagement financier , à quelques mois des élections générales prévues en mai ;
8: ensuite , la portée symbolique de la décision , en faveur d' un projet américain , alors que les Néerlandais se sont péniblement ralliés à la politique commune de sécurité et de défense européenne .
9: Tout ce débat est rempli d' incohérences et d' ambiguïtés , relève Ad Melkert , président de groupe parlementaire du PVDA .
10: Si les urnes sont favorables à son parti , il devrait succéder au premier ministre Wim Kok , qui a annoncé sa retraite .
11: Derrière l' idée européenne , mise en avant par la société Dassault qui construit le Rafale , concurrent du Joint Strike Fighter ( JSF ) , et par le consortium Eurofighter ( Allemagne , Grande-Bretagne , Italie , Espagne ) se profilent souvent des intérêts nationaux .
12: Le Rafale n' est pas un avion européen , c' est un avion français , explique un diplomate néerlandais , qui ajoute :
13: il n' y a pas d' industrie européenne de l' armement ;
14: il n' y a que des firmes nationales qui ont toutes des liens avec des sociétés américaines .
15: Et si on faisait un autre choix , affirme Frank de Grave , ministre de la défense , en cultivant le paradoxe , les Américains nous poseraient la même question :
16: qu' en est -il de la coopération et de la solidarité atlantiques ?
17: Une escadrille
18: Si le choix en faveur du JSF ne faisait guère de doute malgré le baroud d' honneur fait au dernier moment par Dassault , c' est avant tout parce que les responsables de l' armée de l' air néerlandaise ont pesé lourdement dans ce sens .
19: Chez nous , l' armée de l' air est une escadrille de l' aviation américaine , déclare un observateur , même si officiellement la décision a été prise sur des critères purement techniques et financiers .
20: Il fallait répondre à deux questions , dit -on dans les milieux proches du parti libéral , auquel appartiennent le ministre des affaires étrangères , Jozias Van Aartsen , et celui de la défense , Frank de Grave :
21: premièrement , quels seront les besoins de l' armée dans dix à quinze ans quand les Pays-Bas devront remplacer leur flotte de F- 16 et quel appareil répond le mieux à ces besoins ?
22: Deuxièmement , où sont les meilleures conditions pour l' industrie néerlandaise ?
23: A ces interrogations , la réponse a été américaine .
24: Tous les éléments techniques n' allaient pas dans le sens d' une décision européenne , explique Ad Melkert , avec un goût certain pour la litote .
25: Pourtant , quels que soient les arguements pratiques , la décision en faveur du JSF reste un choix politique , parfaitement assumé à La Haye :
26: l' interopérabilité euro-américaine reste un dogme de la politique étrangère néerlandaise .