Le Monde

1: Les opérateurs européens , entre pertes et dettes

2: LE 5 MARS , l' opérateur allemand Deutsche Telekom a affiché , sa première perte , depuis son introduction en Bourse , il y a cinq ans .

3: Elle a atteint 3 , 5 milliards d' euros en 2001 , contre un bénéfice de 3 , 5 milliards d' euros , un an plus tôt .

4: Deux semaines plus tard , le 21 mars , son ex-allié France Télécom devrait , à son tour , faire une opération vérité sur ses comptes .

5: Un à un , les opérateurs de télécommunications qui se sont lancés dans une stratégie d' acquisitions onéreuses en pleine bulle spéculative , sont contraints d' admettre que les sociétés acquises à prix d' or , ont perdu de leur valeur .

6: Cette différence entre le prix d' achat et la valeur actuelle de l' entreprise , appelée survaleur , plombe les comptes des opérateurs et les entraîne dans le rouge .

7: Vodafone , le premier

8: La figure emblématique de cette stratégie d' acquisitions , le britannique Vodafone , leader mondial de la téléphonie mobile , avait reconnu le premier cette dépréciation .

9: Sur le seul premier semestre de son exercice 2001 ( avril-septembre ) , il avait dévoilé une perte record de 15 , 9 milliards d' euros , en grande partie causée par l' acquisition spectaculaire de l' allemand Mannesmann , en mars 2000 , alors que la spéculation atteignait son point culminant .

10: De son côté , Deutsche Telekom , a dû prendre en compte l' impact de sa fusion géante avec l' opérateur américain Voicestream , et a également passé en provision sur l' exercice 2001 la dépréciation des actions France Télécom qu' il détient encore .

11: L' impact de cette stratégie d' acquisitions et d' achat des licences de téléphonie mobile UMTS , ne se traduit pas uniquement par les pertes affichées par les opérateurs .

12: Plus fondamentalement , elle a conduit ces entreprises à s' endetter lourdement pour financer ces opérations .

13: Là encore , la plupart des opérateurs se débattent dans le piège de cette dette qui s' est refermé progressivement au gré de la baisse continue des marchés boursiers .

14: Aujourd'hui , Deutsche Telekom et France Télécom apparaissent comme les deux acteurs les plus endettés .

15: L' opérateur allemand a annoncé que sa dette n' avait baissé que de 4 , 8 % sur le dernier trimestre et s' élevait à 62 , 1 milliards d' euros .

16: Le veto opposé par l' Office des cartels allemand à la cession de ses réseaux câblés à l' américain Liberty Media , et le report de la mise en bourse de sa filiale de téléphonie mobile T- Mobil , en attendant des conditions boursières plus favorables , ont considérablement réduit sa marge de manoeuvre .

17: De son côté , France Télécom , qui a précisé en septembre que sa dette atteignait le montant record de 64 , 9 milliards d' euros , est confronté à la difficulté de replacer sur le marché les cent millions d' actions France Télécom rachetées à Vodafone , dans le cadre de l' acquisition du britannique Orange .

18: Même s' il s' est engagé dans un programme de cessions d' actifs , dont il a respecté les grandes lignes , la valeur absolue de cette dette ne devrait pas beaucoup évoluer .

19: D' autres opérateurs , comme le britannique British Telecom , l' italien Telecom Italia ou le néerlandais KPN ont pour leur part , quelque peu desserré l' étau de leurs dettes respectives , parfois au prix de cessions ou de filialisations douloureuses .