Le Monde
Le Corpus Chambers-Rostand du français journalistique
Projet ORFEO © 2015 CNRS
Corpus Le Corpus Chambers-Rostand du français journalistique
Le corpus est distribué par the University of Oxford. Il contient 979,831 words, extraits de 1723 articles à partir de trois journaux quotidiens français : Le Monde (576 articles / 355,046 mots), L'Humanité (576 articles / 367,486 mots), La Dépêche du Midi (570 articles / 257,299 mots)
Métadonnées : general
| Corpus | Chambers-Rostand |
| Nom du fichier | Le Monde |
| Responsable(s) | Angela Chambers, Séverine Rostand, Université de Limerick, Irlande |
| Niveaux d'annotation | Annotation automatique |
| Annotation | automatique |
| Type | presse écrite |
| Sous-type de texte | presse quotidienne nationale |
| Modalité | écrit |
| Adresse d'échantillon | /annis-sample/chambers-rostand/1_M_C_120602.html |
Texte
| _: | Robert Combas , l' art à l' âge du recyclage Peintre , sculpteur , dessinateur , figure majeure de la figuration libre dans les années 1980 , il reste un artiste follement prolixe et inventif CHEZ COMBAS , tout est pléthorique : l' atelier , les tableaux , la parole . L' atelier occupe le troisième étage de ce qui fut une usine de construction électrique . On y pénètre par une porte très ordinaire qui ne laisse rien soupçonner de ce qu' il y a derrière . L' espace est vaste , couvert d' une verrière . A gauche , l' atelier , où les oeuvres sont accumulées partout . A droite , une sorte de salon-bar dont on découvrira qu' il sert en réalité de discothèque . Au centre , une sorte de serre entièrement vitrée renferme deux palmiers en pots et un jacuzzi vert , dont on apprendra plus tard qu' il n' a encore jamais servi . Partout , des meubles - années 1960 pour la plupart - , des tas de livres et de magazines , des guitares et , naturellement , des Combas : peintures , dessins , sculptures , photos . Des très récents et des anciens . Des très grands et des petits . Des toiles libres et légères punaisées au mur et des travaux sous verres et cadres . Sur les cadres , Combas a dessiné des figures . Sur les verres , il en a tracé d' autres en filaments de couleurs et paillettes . Dans un angle , une peinture en cours . Du côté des fenêtres - vue imprenable sur les barres d' Ivry - , des stocks de pots , de pinceaux , de colle et , dans des rangements , encore des dessins de toutes périodes , des pages d' écriture , des photos découpées et destinées à être , un jour , recouvertes . Enfin , au milieu de ce capharnaum prodigieux , Robert Combas , qui ne s' assied pas un instant et oublie de boire sa menthe à l' eau tant il a de choses à dire . L' histoire de ce lieu d' abord : il y est installé depuis cinq mois , il n' est pas encore tout à fait à son aise pour y travailler et , néanmoins , il est certain que ce déménagement ne peut qu' être profitable . C' est la première fois que je suis propriétaire . Depuis 1980 que je suis à Paris , rien que des locations , en changeant tous les deux ans . Il est arrivé qu' un propriétaire lui réclame des dommages et intérêts parce que le peintre avait travaillé sur les murs et les tentures . Pour l' instant , ici , rien de tel . Des plastiques protègent le parquet là où il faut . L' atelier est si grand que la question vient forcément : est -il un signe de prospérité ? Ah ça ... Depuis que le marché de l' art s' est effondré , en 1991 , il y a toujours cette rumeur , Combas s' est cassé la gueule . Eh non / Je ne me suis jamais cassé la gueule . Au moment de la crise , les prix ont baissé : normal . Les trois quarts des peintres ont eu des problèmes . Moi , j' ai toujours vendu . Il y en a suivent des noms que l' on ne répétera pas qui ne vendaient plus rien . Pas moi . Sa description du milieu de l' art français est cruelle . Il y voit des aventuriers , qui n' ont même pas l' intelligence de la spéculation , un cercle de l' art officiel qui ne l' a pas aidé , et presque plus de critiques . La figuration libre n' a pas eu de critique qui la soutienne : personne qui ait eu le courage de donner une opinion sur cet art -là . On a été médiatisé , mais pour rien . Et maintenant ? Haussement d' épaules . Ce qui compte , c' est le travail . Le travail m' a toujours sauvé . Comment le définirait -il aujourd'hui ? La première réponse est nette : Me définir m' emmerde . Mon ego me fait chier . Je suis un peu bouddhiste . On insiste . En fait , il y a le travail central : c' est-à-dire les couleurs en taches quasi abstraites qui sont resynthétisées dans un sens figuratif par le dessin noir . Le dessin vient après les couleurs - ma peinture n' est pas du coloriage . Ca , c' est le coeur . Autour , il y a des satellites , des innovations . Ce beau modèle n' est pas fixe . Il est susceptible d' évolutions , dont Combas affirme ne pas comprendre le rythme , mais dont il sait qu' elles lui sont nécessaires . La répétition du même tableau , ce n' est pas pour moi . Ou alors il faudrait que j' aie un discours pour justifier la répétition , mais non , vraiment , je ne peux pas . Il travaille à l' inverse , dans tous les sens , un vrai chaos . Mais , en fait , ce n' est pas un chaos . Tout est relié au centre : les sculptures , les dessins et puis , en s' éloignant , ce que j' appelle les tatouages académiques et les pinceaux peints . Les tatouages sont des dessins de style conventionnel sur lesquels Combas introduit des figures et dont il transforme le style . Il en a un en chantier , sur un chevalet : des animaux et des humanoïdes apparaissent sur un fond de paysage impeccablement tracé d' une ligne fine . Photocopié , ce paysage fait office de tremplin pour des improvisations graphiques . Des photos publicitaires ou érotiques , entièrement transformées , suscitent d' autres créatures , d' autres poses . Je suis un gaspilleur Les pinceaux peints sont des assemblages de pinceaux qui ont servi préalablement . Parfois , ils sont réunis en forme de croix . En un sens , ce sont des crucifixions . Mais il y a autre chose . Depuis mon enfance , je suis un gaspilleur , ça fait partie de moi . A l' atelier , c' est pareil . Alors , j' ai besoin de recycler : je réduis le gaspillage ... Je passe mon temps à recycler , les instruments , les objets , les images , les textes . Pour preuve , un Combas tout frais : sur un carton à dessin vert , il a peint un orchestre de jazz . Chaque musicien a une auréole autour de la tête : un microsillon collé sur le carton . L' une de ses expositions actuelles , à Montpellier , a la musique pour sujet : des groupes sur scène , des chanteuses de rêve , des crooners monstrueux , des Blancs déguisés en Noirs , des Noires déguisées en déesses antiques . La technique est on ne peut plus mixte : des découpages , des collages , des reliefs et des écritures - ce que Combas nomme son écriture automatique sans que l' on sache si l' appellation est un hommage au surréalisme . Ce qui est sûr , c' est que ses tableaux sont des hommages à la musique . Et des recyclages d' une histoire ancienne , celle des débuts de l' artiste et de son adolescence . Entre 12 et 15 ans , à Sète , j' ai dessiné des groupes de rock - rien d' autre . Après , je suis passé à un mélange de BD pourrie et d' art brut . Aux Beaux-Arts , j' ai rencontré l' art contemporain . A partir de la sixième , je n' ai fait que dessiner . Pas bien . Mais que ça . Suit cette réflexion : Avec mes parents , à ce moment -là , ça a été comme une révélation , presque mystique : il allait se passer quelque chose avec moi , forcément . BIOGRAPHIE 1957 Naissance à Lyon . 1974 - 1980 Etudes aux Beaux-Arts à Sète , puis à Montpellier . 1980 Installation à Paris et débuts de la figuration libre . 1987 Exposition au CAPC de Bordeaux . 1993 Rétrospective au Musée d' art moderne de la Ville de Paris . |
Arbres syntaxiques
1: Robert Combas , l' art à l' âge du recyclage
2: Peintre , sculpteur , dessinateur , figure majeure de la figuration libre dans les années 1980 , il reste un artiste follement prolixe et inventif
3: CHEZ COMBAS , tout est pléthorique :
4: l' atelier , les tableaux , la parole .
5: L' atelier occupe le troisième étage de ce qui fut une usine de construction électrique .
6: On y pénètre par une porte très ordinaire qui ne laisse rien soupçonner de ce qu' il y a derrière .
7: L' espace est vaste , couvert d' une verrière .
8: A gauche , l' atelier , où les oeuvres sont accumulées partout .
9: A droite , une sorte de salon-bar dont on découvrira qu' il sert en réalité de discothèque .
10: Au centre , une sorte de serre entièrement vitrée renferme deux palmiers en pots et un jacuzzi vert , dont on apprendra plus tard qu' il n' a encore jamais servi .
11: Partout , des meubles - années 1960 pour la plupart - , des tas de livres et de magazines , des guitares et , naturellement , des Combas :
12: peintures , dessins , sculptures , photos .
13: Des très récents et des anciens .
14: Des très grands et des petits .
15: Des toiles libres et légères punaisées au mur et des travaux sous verres et cadres .
16: Sur les cadres , Combas a dessiné des figures .
17: Sur les verres , il en a tracé d' autres en filaments de couleurs et paillettes .
18: Dans un angle , une peinture en cours .
19: Du côté des fenêtres - vue imprenable sur les barres d' Ivry - , des stocks de pots , de pinceaux , de colle et , dans des rangements , encore des dessins de toutes périodes , des pages d' écriture , des photos découpées et destinées à être , un jour , recouvertes .
20: Enfin , au milieu de ce capharnaum prodigieux , Robert Combas , qui ne s' assied pas un instant et oublie de boire sa menthe à l' eau tant il a de choses à dire .
21: L' histoire de ce lieu d' abord :
22: il y est installé depuis cinq mois , il n' est pas encore tout à fait à son aise pour y travailler et , néanmoins , il est certain que ce déménagement ne peut qu' être profitable .
23: C' est la première fois que je suis propriétaire .
24: Depuis 1980 que je suis à Paris , rien que des locations , en changeant tous les deux ans .
25: Il est arrivé qu' un propriétaire lui réclame des dommages et intérêts parce que le peintre avait travaillé sur les murs et les tentures .
26: Pour l' instant , ici , rien de tel .
27: Des plastiques protègent le parquet là où il faut .
28: L' atelier est si grand que la question vient forcément :
29: est -il un signe de prospérité ?
30: Ah ça ...
31: Depuis que le marché de l' art s' est effondré , en 1991 , il y a toujours cette rumeur , Combas s' est cassé la gueule .
32: Eh non / Je ne me suis jamais cassé la gueule .
33: Au moment de la crise , les prix ont baissé :
34: normal .
35: Les trois quarts des peintres ont eu des problèmes .
36: Moi , j' ai toujours vendu .
37: Il y en a suivent des noms que l' on ne répétera pas qui ne vendaient plus rien .
38: Pas moi .
39: Sa description du milieu de l' art français est cruelle .
40: Il y voit des aventuriers , qui n' ont même pas l' intelligence de la spéculation , un cercle de l' art officiel qui ne l' a pas aidé , et presque plus de critiques .
41: La figuration libre n' a pas eu de critique qui la soutienne :
42: personne qui ait eu le courage de donner une opinion sur cet art -là .
43: On a été médiatisé , mais pour rien .
44: Et maintenant ?
45: Haussement d' épaules .
46: Ce qui compte , c' est le travail .
47: Le travail m' a toujours sauvé .
48: Comment le définirait -il aujourd'hui ?
49: La première réponse est nette :
50: Me définir m' emmerde .
51: Mon ego me fait chier .
52: Je suis un peu bouddhiste .
53: On insiste .
54: En fait , il y a le travail central :
55: c' est-à-dire les couleurs en taches quasi abstraites qui sont resynthétisées dans un sens figuratif par le dessin noir .
56: Le dessin vient après les couleurs - ma peinture n' est pas du coloriage .
57: Ca , c' est le coeur .
58: Autour , il y a des satellites , des innovations .
59: Ce beau modèle n' est pas fixe .
60: Il est susceptible d' évolutions , dont Combas affirme ne pas comprendre le rythme , mais dont il sait qu' elles lui sont nécessaires .
61: La répétition du même tableau , ce n' est pas pour moi .
62: Ou alors il faudrait que j' aie un discours pour justifier la répétition , mais non , vraiment , je ne peux pas .
63: Il travaille à l' inverse , dans tous les sens , un vrai chaos .
64: Mais , en fait , ce n' est pas un chaos .
65: Tout est relié au centre :
66: les sculptures , les dessins et puis , en s' éloignant , ce que j' appelle les tatouages académiques et les pinceaux peints .
67: Les tatouages sont des dessins de style conventionnel sur lesquels Combas introduit des figures et dont il transforme le style .
68: Il en a un en chantier , sur un chevalet :
69: des animaux et des humanoïdes apparaissent sur un fond de paysage impeccablement tracé d' une ligne fine .
70: Photocopié , ce paysage fait office de tremplin pour des improvisations graphiques .
71: Des photos publicitaires ou érotiques , entièrement transformées , suscitent d' autres créatures , d' autres poses .
72: Je suis un gaspilleur
73: Les pinceaux peints sont des assemblages de pinceaux qui ont servi préalablement .
74: Parfois , ils sont réunis en forme de croix .
75: En un sens , ce sont des crucifixions .
76: Mais il y a autre chose .
77: Depuis mon enfance , je suis un gaspilleur , ça fait partie de moi .
78: A l' atelier , c' est pareil .
79: Alors , j' ai besoin de recycler :
80: je réduis le gaspillage ...
81: Je passe mon temps à recycler , les instruments , les objets , les images , les textes .
82: Pour preuve , un Combas tout frais :
83: sur un carton à dessin vert , il a peint un orchestre de jazz .
84: Chaque musicien a une auréole autour de la tête :
85: un microsillon collé sur le carton .
86: L' une de ses expositions actuelles , à Montpellier , a la musique pour sujet :
87: des groupes sur scène , des chanteuses de rêve , des crooners monstrueux , des Blancs déguisés en Noirs , des Noires déguisées en déesses antiques .
88: La technique est on ne peut plus mixte :
89: des découpages , des collages , des reliefs et des écritures - ce que Combas nomme son écriture automatique sans que l' on sache si l' appellation est un hommage au surréalisme .
90: Ce qui est sûr , c' est que ses tableaux sont des hommages à la musique .
91: Et des recyclages d' une histoire ancienne , celle des débuts de l' artiste et de son adolescence .
92: Entre 12 et 15 ans , à Sète , j' ai dessiné des groupes de rock - rien d' autre .
93: Après , je suis passé à un mélange de BD pourrie et d' art brut .
94: Aux Beaux-Arts , j' ai rencontré l' art contemporain .
95: A partir de la sixième , je n' ai fait que dessiner .
96: Pas bien .
97: Mais que ça .
98: Suit cette réflexion :
99: Avec mes parents , à ce moment -là , ça a été comme une révélation , presque mystique :
100: il allait se passer quelque chose avec moi , forcément .
101: BIOGRAPHIE
102: 1957
103: Naissance à Lyon .
104: 1974 - 1980
105: Etudes aux Beaux-Arts à Sète , puis à Montpellier .
106: 1980
107: Installation à Paris et débuts de la figuration libre .
108: 1987
109: Exposition au CAPC de Bordeaux .
110: 1993
111: Rétrospective au Musée d' art moderne de la Ville de Paris .
Fichiers
| Nom fichier | Lien | Taille (octets) |
|---|---|---|
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