1: TENNIS .
2: A Bercy , le tapis bleu est déroulé
3: Début aujourd'hui du Masters de Paris .
4: Sous les pieds des stars de la raquette , le sol déroulé à Bercy est attentivement choisi et étudié .
5: Explications .
6: Dans le cocon de Bercy où débute aujourd'hui le BNP Paribas Masters de Paris , nouvelle appellation du tournoi aux 2 828 000 dollars de dotation , beaucoup iront au tapis et comme d' habitude un seul restera debout .
7: Ceux qui mordront la " poussière " ne savent peut-être pas que la surface mise au point par les techniciens de la société française Gerflor était pourtant étudiée pour équilibrer les débats .
8: " Au milieu des années quatre-vingt-dix , explique Michel Matranga en charge chez Gerflor du secteur des sols sportifs , les joueurs comme les organisateurs avaient demandé une surface moins rapide . C' était la grande période où les forts serveurs ennuyaient le public , ça allait trop vite ! "
9: Qu' à cela ne tienne , Gerflor leur a glissé sous les pieds un tapis bleu-violet fabriqué à Tarare , près de Lyon .
10: Pas de la bouse de vache séchée comme dans certains tournois en Inde , mais un produit synthétique appelé Taraflex .
11: Du cousu main
12: La surface que les joueurs foulent allégrement aux pieds à Bercy n' est pourtant pas n' importe quelle carpette .
13: Pour tout dire , elle est presque aussi chère qu' un tapis persan .
14: Michel Matranga calcule : " Ce serait au minimum 65 euros le mètre carré en prix public . Un produit classique dans un gymnase scolaire , fourni et posé , revient entre 45 et 55 euros le mètre carré . En fait , c' est une fabrication spéciale , on arrête les machines lorsqu' on fabrique les terrains du tournoi de Lyon , de la Kremlin Cup à Moscou et de Bercy . C' est presque du cousu main ! "
15: Balle qui roule amasse la mousse
16: Contrairement au proverbe , en tennis , la balle amasse pas mal de mousse .
17: C' est même un des facteurs essentiels du ralentissement des projectiles bombardés par les gros bras du circuit .
18: Alain Rivat , responsable en recherche et développement chez Taraflex-Gerflor , livre une explication en profondeur : " En fait , il y a trois manières de ralentir la balle . La première tient à la composition du sol . Plus la mousse qui le compose est épaisse et souple , plus la balle déforme cette mousse . C' est cette déformation qui va provoquer le ralentissement de la balle . Le deuxième biais pour freiner la balle , c' est de donner un " grain " à la surface . Ce grain entraînera une rotation de la balle et donc la ralentira . Enfin avec les nouvelles surfaces en élastomère , on obtient une hauteur de rebond supplémentaire . Résultat , si la balle met 10 % de temps supplémentaire pour arriver au joueur , il a forcément plus de capacité pour réagir à un service qui lui arrive à 200 kilomètres à l' heure . "
19: Testé et approuvé
20: Qui n' est pas tombé sur un marchand de tapis qui lui aurait bien vendu une pièce en poil de chameau alors que la réalité cache un vulgaire acrylique ?
21: En tennis , aucun risque , les sols sont testés et approuvés .
22: Créée en 1993 , la société Labosport , au Mans , est un laboratoire privé chargé du contrôle des revêtements sportifs .
23: Bercy comme Lyon , mais aussi les pistes d' athlétisme ou le gazon synthétique de Clairefontaine , l' antre des Bleus , sont passés par la " moulinette " de ses techniciens .
24: Dominique Boisnard , directeur et fondateur de Labosport : " La Fédération internationale de tennis ( ITF ) classe les revêtements selon un coefficient tennistique . Ce coefficient tennistique est caractéristique de la vitesse de jeu d' un sol . "
25: Ainsi dans la classification de l' ITF , un gazon très rapide obtient un coefficient de 0 , 7 , la terre battue , 0 , 3 , le Taraflex de Bercy , 0 , 49 .
26: C' est le service d' un joueur reproduit par un robot-serveur qui permet de calculer ce coefficient .
27: Dominique Boisnard poursuit : " Ensuite , notre travail , sur le site , est de contrôler les tests effectués en laboratoire . On déplace alors nos robots-serveurs . En fonction de l' humidité , de l' installation de la surface , d' une malfaçon en usine , la vitesse de jeu n' est pas forcément la même que celle calculée en laboratoire . "
28: Les pieds dans le tapis
29: Les canonniers du jeu peuvent dormir tranquille , on ne les obligera pas à jouer sur une planche savonnée pour contrer leur artillerie .
30: " Aujourd'hui , estime Alain Rivat , on réduira difficilement la vitesse de la balle en jouant sur la surface . On pourrait le faire mais c' est le pied du joueur qui aura alors tendance à se bloquer . En augmentant les propriétés élastomères d' une surface comme en jouant sur son aspect abrasif , on bloquerait les appuis du joueur . En fait , on ne peut guère plus maintenant ralentir que de un ou deux pour cent la vitesse de la balle en jouant sur la surface . L' avenir , c' est plutôt d' essayer de travailler sur le confort du joueur , de réduire les chocs . "
31: Stéphane Simian , responsable de la gestion sportive à la Fédération française de tennis , mais aussi ancien joueur professionnel , en sait quelque chose : " En fin de saison , le confort de la surface est un paramètre essentiel pour des joueurs déjà bien émoussés ! "