_: TENNIS . A Bercy , le tapis bleu est déroulé Début aujourd'hui du Masters de Paris . Sous les pieds des stars de la raquette , le sol déroulé à Bercy est attentivement choisi et étudié . Explications . Dans le cocon de Bercy où débute aujourd'hui le BNP Paribas Masters de Paris , nouvelle appellation du tournoi aux 2 828 000 dollars de dotation , beaucoup iront au tapis et comme d' habitude un seul restera debout . Ceux qui mordront la " poussière " ne savent peut-être pas que la surface mise au point par les techniciens de la société française Gerflor était pourtant étudiée pour équilibrer les débats . " Au milieu des années quatre-vingt-dix , explique Michel Matranga en charge chez Gerflor du secteur des sols sportifs , les joueurs comme les organisateurs avaient demandé une surface moins rapide . C' était la grande période où les forts serveurs ennuyaient le public , ça allait trop vite ! " Qu' à cela ne tienne , Gerflor leur a glissé sous les pieds un tapis bleu-violet fabriqué à Tarare , près de Lyon . Pas de la bouse de vache séchée comme dans certains tournois en Inde , mais un produit synthétique appelé Taraflex . Du cousu main La surface que les joueurs foulent allégrement aux pieds à Bercy n' est pourtant pas n' importe quelle carpette . Pour tout dire , elle est presque aussi chère qu' un tapis persan . Michel Matranga calcule : " Ce serait au minimum 65 euros le mètre carré en prix public . Un produit classique dans un gymnase scolaire , fourni et posé , revient entre 45 et 55 euros le mètre carré . En fait , c' est une fabrication spéciale , on arrête les machines lorsqu' on fabrique les terrains du tournoi de Lyon , de la Kremlin Cup à Moscou et de Bercy . C' est presque du cousu main ! " Balle qui roule amasse la mousse Contrairement au proverbe , en tennis , la balle amasse pas mal de mousse . C' est même un des facteurs essentiels du ralentissement des projectiles bombardés par les gros bras du circuit . Alain Rivat , responsable en recherche et développement chez Taraflex-Gerflor , livre une explication en profondeur : " En fait , il y a trois manières de ralentir la balle . La première tient à la composition du sol . Plus la mousse qui le compose est épaisse et souple , plus la balle déforme cette mousse . C' est cette déformation qui va provoquer le ralentissement de la balle . Le deuxième biais pour freiner la balle , c' est de donner un " grain " à la surface . Ce grain entraînera une rotation de la balle et donc la ralentira . Enfin avec les nouvelles surfaces en élastomère , on obtient une hauteur de rebond supplémentaire . Résultat , si la balle met 10 % de temps supplémentaire pour arriver au joueur , il a forcément plus de capacité pour réagir à un service qui lui arrive à 200 kilomètres à l' heure . " Testé et approuvé Qui n' est pas tombé sur un marchand de tapis qui lui aurait bien vendu une pièce en poil de chameau alors que la réalité cache un vulgaire acrylique ? En tennis , aucun risque , les sols sont testés et approuvés . Créée en 1993 , la société Labosport , au Mans , est un laboratoire privé chargé du contrôle des revêtements sportifs . Bercy comme Lyon , mais aussi les pistes d' athlétisme ou le gazon synthétique de Clairefontaine , l' antre des Bleus , sont passés par la " moulinette " de ses techniciens . Dominique Boisnard , directeur et fondateur de Labosport : " La Fédération internationale de tennis ( ITF ) classe les revêtements selon un coefficient tennistique . Ce coefficient tennistique est caractéristique de la vitesse de jeu d' un sol . " Ainsi dans la classification de l' ITF , un gazon très rapide obtient un coefficient de 0 , 7 , la terre battue , 0 , 3 , le Taraflex de Bercy , 0 , 49 . C' est le service d' un joueur reproduit par un robot-serveur qui permet de calculer ce coefficient . Dominique Boisnard poursuit : " Ensuite , notre travail , sur le site , est de contrôler les tests effectués en laboratoire . On déplace alors nos robots-serveurs . En fonction de l' humidité , de l' installation de la surface , d' une malfaçon en usine , la vitesse de jeu n' est pas forcément la même que celle calculée en laboratoire . " Les pieds dans le tapis Les canonniers du jeu peuvent dormir tranquille , on ne les obligera pas à jouer sur une planche savonnée pour contrer leur artillerie . " Aujourd'hui , estime Alain Rivat , on réduira difficilement la vitesse de la balle en jouant sur la surface . On pourrait le faire mais c' est le pied du joueur qui aura alors tendance à se bloquer . En augmentant les propriétés élastomères d' une surface comme en jouant sur son aspect abrasif , on bloquerait les appuis du joueur . En fait , on ne peut guère plus maintenant ralentir que de un ou deux pour cent la vitesse de la balle en jouant sur la surface . L' avenir , c' est plutôt d' essayer de travailler sur le confort du joueur , de réduire les chocs . " Stéphane Simian , responsable de la gestion sportive à la Fédération française de tennis , mais aussi ancien joueur professionnel , en sait quelque chose : " En fin de saison , le confort de la surface est un paramètre essentiel pour des joueurs déjà bien émoussés ! "