1: Santé .
2: La canicule tue
3: Depuis jeudi , la chaleur a causé plusieurs décès de personnes âgées .
4: Les services d' urgence ont du mal à faire face et tirent la sonnette d' alarme .
5: La responsabilité des pouvoirs publics est mise en cause .
6: La prolongation de la canicule fait des ravages .
7: Et plus seulement d' ordre écologique .
8: Même si les chiffres exacts sont inconnus , il est maintenant certain que la chaleur tue .
9: Les personnes âgées sont les premières victimes de cette " hécatombe " , pour reprendre le terme du docteur Patrick Pelloux .
10: Le président de l' Association des médecins urgentistes hospitaliers de France ( AUHF ) n' hésite pas à parler d' une cinquantaine de morts dues à la chaleur en quatre jours sur la région parisienne .
11: Un bilan contesté par la direction générale de la santé , qui assure ne posséder aucune statistique réelle .
12: La difficulté à établir un chiffre précis tient au manque de recul .
13: Mais également à la multiplication des paramètres à prendre en compte .
14: La chaleur est rarement la cause unique d' un décès .
15: Comme le reconnaît Patrick Pelloux , " les personnes qui meurent ont des pathologies sous-jacentes : des cancers , des problèmes cardio-vasculaires ou d' autres soucis de santé qui les fragilisent " .
16: Pour Dominique Meyniel , chef de service aux urgences de l' hôpital Tenon , la canicule est " comparable à une épidémie de grippe , en plein hiver : elle fauche les personnes en fin de vie . Une personne en bonne santé n' a aucun risque de succomber à des températures extrêmes " .
17: À la maison de retraite , une infirmière pour 72 personnes
18: Reste que la situation prend des proportions inquiétantes .
19: " C' est l' horreur , estime -t-on au SAMU de Saint-Denis . Le nombre de demandes d' intervention pour une première quinzaine d' août est anormalement élevé . "
20: Aux urgences d' Île-de-France , la fréquentation a enregistré une augmentation de 100 % en une semaine par rapport à la même période l' été dernier .
21: Le chef de service de l' hôpital Tenon reconnaît n' avoir jamais connu pareille situation en seize ans de métier .
22: " D' habitude , aux urgences , on se situe autour d' un décès par semaine , explique -t-il . Depuis la semaine dernière , on en a déjà enregistré dix . "
23: Selon lui , tout s' est joué ces quatre derniers jours .
24: " Au début , les patients tenaient le coup . Et puis , petit à petit , la résistance des personnes les plus fragiles s' est émoussée . "
25: On est loin des traditionnels cas de déshydratation enregistrés chaque année à cette période de l' été .
26: " La plupart des patients qui viennent nous voir souffrent de vrais cas d' hyperthermie , poursuit -il . Avec des fièvres de 40 ou 41 øC ! Elles sont dans un état proche de la mort , au-delà de ce que l' on peut faire pour elles . "
27: Pour ne rien arranger , l' été est une période dramatique dans les services d' urgence .
28: Manque de lits , manque de personnel :
29: les médecins ont du mal à faire face à l' afflux de malades .
30: À l' hôpital Tenon , où deux salles de médecine sont fermées , on a résolu le problème en colonisant le service de chirurgie .
31: Mais la solution reste imparfaite .
32: " En chirurgie , le suivi est moins régulier , explique le docteur Meyniel . On ne passe voir le malade qu' une fois par jour , au lieu de cinq à six fois en médecine . "
33: Une saturation qui a des répercussions en chaîne .
34: À la maison de retraite médicalisée des Lilas , à Vitry-sur-Seine , les personnes âgées victimes d' hyperthermie se voient refuser le transfert aux urgences .
35: " Tout le monde est débordé , explique le médecin , Françoise Nay . Quand on appelle le 15 , ils nous répondent de prendre en charge les malades nous-mêmes , sur place . C' est ce qu' on fait . Mais on ne peut pas dire que ce soit idéal . "
36: Effectivement , avec une infirmière pour 72 personnes , il est difficile d' accorder des soins et de l' attention à tout le monde .
37: Sans parler des problèmes de compétence .
38: De l' aveu même de Françoise Nay , une fois les perfusions posées , le personnel soignant se trouve un peu démuni .
39: Polémique sur l' impréparation des pouvoirs publics
40: Pour Patrick Pelloux , la France est au bord de la " catastrophe sanitaire " .
41: Le président de l' AMUHF accuse les autorités sanitaires d' une gestion " incroyablement scandaleuse " de la situation .
42: " Pendant l' épidémie de SRAS au printemps dernier , l' état d' alerte a été décrété dans les hôpitaux , souligne -t-il . Pareil pour l' anthrax fin 2001 . Dans les deux cas , cela a été la mobilisation générale , alors qu' il n' y a pas eu de mort à déclarer . "
43: Ce discours ne fait toutefois pas l' unanimité chez le personnel médical .
44: Pour le docteur Meyniel , il est trop facile de rejeter la faute sur les pouvoirs publics .
45: La situation n' est pas différente d' un hiver très froid .
46: Le gouvernement n' en est pas responsable .
47: Une position assez proche de celle de Bernard Kouchner .
48: Pour l' ancien ministre socialiste de la Santé , qui s' exprimait hier sur Europe 1 , " si on pense que le gouvernement va changer la nature des choses et la température , on se trompe " .
49: De l' avis du docteur Meyniel , la solution repose sur la solidarité de proximité .
50: Il faut s' occuper des personnes âgées autour de soi , passer les voir régulièrement , veiller à ce qu' elles boivent , contrôler que tout aille bien .
51: Des précautions importantes , certes , mais qui n' excluent pas d' autres moyens d' action .
52: Dans cette optique , les mesures d' urgence prises par l' Assistance publique des hôpitaux de Paris sont les bienvenues .
53: Pour faire face à la situation , la direction de l' AP-HP a décidé d' augmenter sa capacité en lits et de reporter les hospitalisations programmées non urgentes .
54: Une solution provisoire , en espérant que la baisse prochaine des températures promises par Météo France arrive vite ...