1: Économie .
2: Paris-Berlin :
3: le plan sans vrais moyens de relance
4: La réunion de Berlin accouche d' un plan mort -né pour l' emploi , à cause de son conformisme à l' égard d' une politique monétaire européenne restrictive .
5: C' est peu dire que l' initiative pour la relance de la croissance en Europe , lancée solennellement jeudi par la France et l' Allemagne correspond à un besoin croissant de développer , au niveau de l' UE et dans chacun de ses États membres , des politiques volontaristes en faveur de l' emploi .
6: À un moment où les taux de chômage explosent et la précarité se renforce , l' opération s' est voulu d' autant plus spectaculaire qu' elle vise bien entendu à répondre aux inquiétudes qui surgissent dans la plupart des pays et singulièrement en France et en Allemagne .
7: Le plan de Paris et Berlin comprend deux grands volets :
8: le lancement d' une politique de grands travaux et la convocation d' ici la fin de l' année d' une conférence européenne tripartite - Jacques Chirac évoquait même " un sommet social " - , réunissant les ministres du Travail des Quinze , les partenaires sociaux ( patronat et syndicats ) et la Commission européenne , afin de " coordonner des mesures pour l' emploi et la politique sociale de l' Union " .
9: Au chapitre réalisation de grosses infrastructures figureraient la construction du TGV Est , la concrétisation du projet de guidage par satellite Galileo et des programmes de recherche sur les télécommunications , les biotechnologies et l' énergie .
10: Pour autant , l' initiative paraît bien loin d' être à la hauteur des défis qu' elle prétend prendre à bras le corps .
11: Et les menaces que la Commission européenne fait peser sur l' avenir d' Alstom en refusant l' entrée de l' État français au capital de la société , rendues publiques quelques heures avant la présentation du plan , revêtent un caractère plus que symbolique .
12: Car si l' initiative franco-allemande est présentée comme " un moyen de lutter contre la désindustrialisation " , elle se veut surtout en pleine cohérence avec les réformes libérales introduites ces derniers mois en France et en Allemagne .
13: Voire au-delà dans toute l' Union .
14: Car , on l' a bien souligné à Berlin cette initiative entend " compléter et non contrer " les projets officiels de relance déjà présentés par Silvio Berlusconi , au nom de la présidence italienne de l' UE .
15: Gerhard Schröder et Jacques Chirac ont insisté sur la convergence de leurs " efforts " pour " augmenter la productivité de l' État " et " moderniser " leurs systèmes sociaux .
16: Ce qui , au bout du compte , prétendent -ils , serait " favorable à l' emploi " .
17: Il y a un " carré magique " à mettre en place , a souligné Hans Martin Bury , ministre délégué allemand aux Affaires européennes : " il est formé de la réforme des systèmes de protection sociale , de la consolidation budgétaire , d' impulsions conjoncturelles et d' une amélioration de la capacité concurrentielle de l' industrie européenne . " Fermez le ban .
18: Suivant cette fuite en avant libérale pratiquée en parallèle par les deux pays , les pensions sont ponctionnées et l' âge de départ à la retraite est reculé , la couverture maladie est rationnée et privatisée , la fonction publique est saignée .
19: On voit mal comment de tels réformes qui vont peser sur le pouvoir d' achat de la grande masse des salariés et donc sur une consommation déjà atone , pourraient enclencher un cycle de croissance saine et créatrice d' emplois .
20: De même les programmes de baisses substantielles d' impôts en faveur des plus riches et des actionnaires , lancés quasi-simultanément par Berlin puis par Paris , sont présentés , eux aussi , comme " parfaitement cohérents " avec le plan européen de relance .
21: Le pendant des cadeaux fiscaux ici et là-bas , ce sont pourtant des réductions drastiques des dépenses sociales .
22: Et si le " couple franco-allemand " prend quelques libertés avec les normes du pacte de stabilité , c' est pour voler au secours des marchés financiers ;
23: tout se passant comme si la logique restrictive du pacte s' appliquait , dès lors que ses critères sont explosés , avec d' autant plus de férocité pour la masse des salariés .
24: Le dilemme est là .
25: La France et l' Allemagne refusent de toucher aux dogmes restrictifs sur lesquels a été fondé l' euro .
26: Le besoin crucial d' une politique de relance , de grands travaux pour améliorer et moderniser les infrastructures européennes , tout comme la nécessité d' une vraie politique de l' emploi à l' échelle de l' Europe sont indiscutables .
27: Encore faudrait -il y mettre réellement les moyens .
28: Ce n' est pas un hasard si les ministres du sommet franco-allemand se sont refusés à tout chiffrage du plan concocté à Berlin .
29: L' étroitesse des marges de manoeuvre budgétaires , tant au niveau européen que national , ne permet guère d' effet d' annonce spectaculaire .
30: Surtout une révision des conditions d' attribution du crédit et donc des prérogatives de la Banque centrale européenne ( BCE ) , serait indispensable si l' on veut réellement se doter d' une politique favorable à l' emploi .
31: La sacro-sainte indépendance de la BCE , totalement antidémocratique , est une des sources du malaise européen .
32: Une petite poignée de banquiers centraux est dotée de pouvoirs énormes , ultra fédéralistes puisqu' ils déterminent , de fait , avec la même rigueur monétariste les grandes orientations économiques de tous les pays membres de l' euro-zone .
33: Et tout cela en vertu de dogmes définis par les marchés financiers qui privilégient la lutte contre l' inflation , entendez la surveillance des salaires et des dépenses publiques et sociales .
34: Une vraie politique de relances convergentes en Europe passerait par une remise en cause de l' actuelle construction monétaire , qui permettrait aux citoyens , aux élus nationaux , régionaux d' avoir prise sur les décisions de la BCE pour impulser une nouvelle politique du crédit .
35: En baissant , par exemple , comme le proposent les économistes communistes français , très fortement et de façon sélective les taux d' intérêts afin de favoriser les investissements riches en emploi et en formation .