1: Réflexions sur l' ordre des mots en français ( les constituants majeurs de l' énoncé )
2: Claude Muller
3: Claude.Muller@u-bordeaux3 . fr
4: Introduction
5: On fera ici le point sur une des questions majeures de la syntaxe du français :
6: la disposition des constituants les uns par rapport aux autres .
7: On s' intéressera seulement aux constituants majeurs de l' énoncé , en laissant de côté l' analyse interne des syntagmes , notamment des syntagmes nominaux .
8: L' étude de l' ordre des mots est un des domaines majeurs de la syntaxe .
9: Longtemps dominé par des considérations idéologiques sur le rapport avec un " ordre de la pensée " décrit comme universel , l' ordre des mots du français a fait l' objet d' une investigation systématique à l' époque moderne .
10: Un travail pionnier qui reste une source d' inspiration pour la richesse de ses données est le livre de Blinkenberg ( 1928 ) .
11: Parmi les grammaires , il faut surtout prendre en compte Damourette Kampers-Mahne et alii 2004 , sur le lien entre les inversions nominales et la théorie de l' information ;
12: Abeillé dans une perspective fonctionnaliste , Cornish ( 2001 , 2005 ) à propos des inversions " locatives " ;
13: enfin , tout un pan de l' organisation de l' énoncé surtout repérable en français parlé a été étudié par l' école de Blanche-Benveniste :
14: voir C. Blanche-Benveniste ( 1996 ) .
15: Dans le présent congrès , trois des communications en syntaxe touchent à ces questions ( Tseng ; Bonami Abeillé , Godard & Sabio ) .
16: Dans de nombreuses théories actuelles , l' ordre des mots est distingué de la constituance .
17: Ce n' était pas le cas autrefois , notamment dans les théories génératives , pour lesquelles l' ordre des mots découlait de l' ensemble des règles de formation de l' énoncé .
18: Les modifications par rapport aux ordres conformes à la constituance étaient décrites par des modifications post-transformationnelles telles que Scrambling ( Ross , 1986 : 51 ) .
19: La prise en compte de langues " non configurationnelles " comme le warlpiri a conduit à distinguer un ordre variable , soumis de fait à des facteurs pragmatiques , à la constituance ordonnée des langues configurationnelles ( par exemple pour LFG : Bresnan , 2001 : 9 ) .
20: Il en est résulté la prise en compte en syntaxe d' ordres régis par des facteurs communicatifs ( E. Kiss , 1994 ) .
21: Dans les théories génératives , l' ordre configurationnel est vu généralement comme le produit d' un paramètre sur la position des têtes , initiale ( anglais ) ou finale ( japonais ) .
22: A cela s' ajoutent des modifications qui doivent être motivées ( scrambling , passif , inversion " stylistique " ) .
23: L' analyse de Kayne ( 1994 ) basée sur une relation c-commande asymétrique suppose un ordre universel de type spécifieur-tête qui conduit à poser l' ordre SVO comme basique ( Kayne , 1994 : 35 ) .
24: Le français moderne est typiquement une langue configurationnelle de type SVO , avec plusieurs fonctions affectées à l' ordre :
25: - fonctions grammaticales ( distinction sujet / objet direct ) .
26: - fonctions énonciatives :
27: assez marginales en français moderne :
28: l' interrogation totale de type VS mais avec sujet clitique ;
29: les incises ;
30: des résidus de type également VS ( exclamatives , expressions figées ) .
31: Le statut des sujets clitiques inversés est problématique en syntaxe ( affixes ou éléments libres dans la dérivation ? ) .
32: - fonctions informatives communicatives :
33: l' ordre des compléments entre eux , qu' il y ait ou non une structure non marquée basique , est lié à des facteurs communicatifs : " poids " des constituants , focalisation , sachant que la dernière position syntagmatique liée est focus par défaut en français .
34: L' inversion du sujet nominal " stylistique " ( Kayne 1973 ) pourrait obéir à des facteurs pragmatiques particuliers .
35: Ici aussi se pose le problème du statut morphologique ou syntaxique des inversions clitiques motivées par la présence d' un adverbe ( type : Peut-être Jean viendra -t-il ) .
36: Le statut communicatif des termes initiaux , soit dans le cas des inversions , les déclencheurs d' inversion clitique ou d' inversion du sujet nominal , est discuté :
37: thème , focus , cadratif ?
38: De même , dans l' antéposition de l' objet devant un sujet ( communication Abeillé , Godard , Sabio ) , l' une des constructions étudiées , le type à extraction , semble lié à la focalisation accompagnée d' une fonction de reprise discursive ( voir plus loin ) .
39: La dislocation , gauche ou droite , avec des fonctions discursives différentes , est également liée à des fonctions telles que la focalisation ou la thématisation .
40: Un autre angle d' étude est offert par la diachronie :
41: selon les analyses admises , l' ancien français était une langue de type V2 dans les indépendantes avec probablement deux stades dans l' évolution , si on suit Rouveret 2004 .
42: Le statut du terme initial semble avoir été assez proche de celui des langues germaniques actuelles , soit topique soit focus , souvent aussi un adverbial " cadratif " .
43: Comment est -on passé au type SVO qui se manifeste nettement entre le 16e et le 17e siècle ?
44: Peut -on voir dans les " inversions " actuelles la survivance de structures de type TVS ?
45: Avec les mêmes réserves que ci-dessus sur l' appartenance ou non à la syntaxe , le statut des clitiques a évolué ( vers plus de cliticisation et une rigidification qui contraste plus ou moins avec le statut des autres clitiques romans ) .
46: Comment le français s' est -il distingué sur ce plan des autres langues romanes ?
47: Faut -il analyser tous les clitiques comme relevant de la morphologie ( Miller 1992 ) ?
48: On se limitera ici aux questions relatives au français actuel .
49: Après une brève présentation de la structure canonique des phrases , le type SVO , on examinera les constructions à inversion ( VS , le plus souvent de type VOS avec sujet nominal ) , puis les constructions à objet antéposé ( OSV ) .
50: Faute de place , on ne parlera pas des disloquées .
51: Ordre de base des constituants
52: Le type SVO du français moderne standard écrit offre les propriétés suivantes :
53: Tout SN ( non adverbial ) directement placé devant le verbe fini est son sujet .
54: Si on a la suite SV ( initial ) -SN , tout SN ( non adverbial ) directement à droite de V ou de la suite Aux-Vpp est objet direct sauf cas de construction impersonnelle avec un verbe non inaccusatif .
55: Les constructions à V inaccusatif ont ici un sujet qui partage certaines propriétés de l' objet direct mais qui accorde à lui le verbe .
56: Les constructions orales offrent quelques possibilités supplémentaires sans qu' on y rencontre des ordres absolument absents de l' écrit ( Blanche-Benveniste 1996 : 109 ) .
57: Les possibilités d' éléments X intercalés entre une structure de type SVO sont différentes selon les cas :
58: - entre S et V , il est assez difficile sauf dislocation d' insérer un élément non clitique :
59: ( 1 ) ?
60: Paul tous les soirs promène son chien
61: En particulier , l' insertion d' adverbes liés entre S et V est exclue , contrairement à ce qui est observé dans une autre langue SVO , l' anglais ( Pollock 1989 ) .
62: - si V est auxiliaire :
63: entre V et Vpp , on peut insérer des adverbiaux :
64: ( 2 ) * Paul a son chien promené
65: ( 3 ) Paul a toujours obtenu une réduction
66: ( 4 ) Paul a pendant des heures joué avec son chien
67: L' insertion de groupes prépositionnels non adverbiaux semble difficile :
68: ( 5 ) ? ?
69: Paul a de son patron obtenu une réduction
70: ( 6 ) * Paul avait à Marie donné ce livre
71: - entre V et O , il n' y a pas de contrainte d' ordre indépendamment des choix pragmatiques et communicatifs :
72: ( 7 ) Paul donne à Marie un livre / Paul donne un livre à Marie
73: Sur l' ordre des compléments dans une langue SVO comme le français , il y a plusieurs explications possibles .
74: Pour Hawkins ( 1994 ; 1998 ) , l' explication des ordres observés en performance est à rattacher à des choix liés à la complexité plus ou moins grande des compléments , les plus simples précédant les complexes .
75: Selon lui , les explications par des différences de type communicatif dérivent de la complexité structurale .
76: Sans que cela soit une objection aux explications par des choix de performance liés à la complexité ou à des choix communicatifs , il semble qu' il y ait en français un ordre neutre de la séquence des compléments dans le SV , si on suit les propositions de Korzen 1996 :
77: V SN ( objet direct ) SPrép ( objet indirect ) SAdv scéniques ( temps / lieu ) Autres SAdv
78: La séquence linéarisée peut correspondre à deux types totalement différents de structuration .
79: Dans les analyses génératives classiques à branchement binaire , il faut supposer une expansion à droite alliée à une dépendance structurale .
80: L' hypothèse avancée par C. Philips 2003 supposerait une expansion par accrétion sur des constituants syntagmatiques formés de façon successive de gauche à droite :
81: une première association formerait ainsi un groupe V SN , ce groupe étant ensuite associé à un SPrép , et ainsi de suite .
82: L' argumentation détaillée de Korzen sur l' ordre neutre est basée sur les propriétés d' extraction des mots Qu- avec placement non final du sujet , on y reviendra plus loin .
83: Dans cet ordre neutre , les adverbiaux peuvent se placer selon les facteurs de poids , de complexité ou de focalisation , à des places diverses différentes de l' ordre neutre .
84: Leur ordre relatif peut évidemment être significatif s' ils ont des relations prédicatives de portée l' un sur l' autre :
85: c' est alors la précédence qui correspond à la position prédicative dominante :
86: ( 8 ) Luc n' a toujours pas répondu / Luc n' a pas toujours répondu
87: L' insertion d' un élément entre auxiliaire et participe passé n' est probablement pas neutre .
88: Il faut distinguer certains éléments " légers " comme l' objet pronominal tout :
89: ( 9 ) Il a tout cassé vs. ?
90: Il a cassé tout
91: Les propriétés morphophonologiques ne suffisent pas pour expliquer cette position , qui semble rendue possible par un statut catégoriel particulier , peut-être semi-adverbial :
92: on ne peut pas avoir :
93: ( 10 ) * Il a ça cassé vs. Il a cassé ça .
94: Autre cas particulier :
95: celui d' adverbes à statut de déterminant détaché , étudié par Obenauer 1983 , avec une possible différence d' interprétation aspectuelle entre les deux constructions :
96: ( 11 ) Dans cette caverne , il a beaucoup trouvé de pièces d' or
97: ( 11 ' ) Dans cette caverne , il a trouvé beaucoup de pièces d' or ( Obenauer 1983 : 78 )
98: Il faut aussi distinguer l' auxiliaire à valeur de temps du passé de l' accompli utilisable avec d' autres prédicats que les participes passés :
99: dans cette dernière interprétation , un SN sujet sémantique du prédicat peut précéder :
100: ( 12 ) J' ai cassé mon moteur
101: ( 12 ' ) J' ai mon moteur ( de ) cassé / ... qui est cassé
102: Dans ce dernier cas , l' accompli n' a pas de valeur passée :
103: par exemple on peut opposer :
104: ( 13 ) J' ai cassé mon moteur mais il est réparé
105: ( 13 ' ) * J' ai mon moteur cassé mais il est réparé
106: La différence tient sans doute au statut assez différent de avoir dans les deux constructions .
107: Les constructions à inversion du sujet
108: Les inversions clitiques
109: Il est souvent admis que les clitiques objets des langues romanes sont attachés morphologiquement au support verbal ( dans la plupart des langues modernes actuelles , malgré certains cas d' attachements à d' autres supports : portugais par exemple , ou encore l' attachement secondaire en gascon aux particules initiales ) .
110: L' attachement préverbal ou postverbal des clitiques objets encore observable dans les langues romanes du sud pour les formes non finies du verbe a disparu depuis longtemps du français , et la possibilité de placer les clitiques objets sur un auxiliaire distinct des auxiliaires de l' accompli et du causatif en faire est totalement archaïque en français :
111: ( 14 ) * Il le leur veut donner
112: La principale question relative à l' ordre syntaxique des constituants est celle que pose le pronom faible sujet , cliticisé en français , d' abord en position postverbale ( c' est déjà fait en français médiéval selon Skårup ) , puis en position préverbale à la fin de la période de l' ancien français .
113: Les analyses de ce phénomène varient :
114: soit le clitique est décrit comme un élément morphologique sans incidence sur la syntaxe de la phrase en français moderne :
115: sa postposition serait morphologique ( Morin 1979 ) , soit il est décrit comme un terme occupant une position syntaxique distincte , analogue à celle du sujet nominal avec une cliticisation postsyntaxique , au niveau phonologique ( Kayne 1983 , Rizzi & Roberts 1989 , position identique dans l' analyse diachronique de Dufresne & Dupuis 1996 ) .
116: L' analyse proposée par Rizzi & Roberts alignait la syntaxe du français sur celle des langues germaniques avec une montée du verbe au-delà de la position du sujet occupée par le clitique , donc en C. Cette analyse est insatisfaisante pour plusieurs raisons , notamment la difficulté de décrire de façon non ad hoc les constructions à sujet nominal coexistant avec le sujet clitique ( on parle dans ce cas d' inversion complexe ) :
117: le sujet nominal devrait occuper la position de spécifieur de C , mais se trouve alors en concurrence avec la possibilité de trouver aussi un mot Qu- :
118: ( 15 ) Depuis quand Jean la connaît -il ? ( Kayne 1994 : 44 )
119: Enfin , on n' a pas en français ( ou plus exactement , on ne trouve plus depuis le 13e siècle ) des constructions interrogatives de type :
120: ( 16 ) * Est Jean venu ?
121: Ces deux raisons ont conduit Kayne à abandonner l' hypothèse d' un mouvement vers C ( Kayne 1994 : 44 ) .
122: Depuis les propositions de Rizzi , 1997 , l' hypothèse posant la présence de plusieurs têtes fonctionnelles à la périphérie gauche de la proposition permet d' expliquer les phénomènes d' inversion en subordonnée ou comme en ancien français l' existence de constructions de type V2 après une conjonction ( Rouveret 2004 : 227 ) .
123: La dérivation des inversions clitiques dans une théories HPSG est esquissée dans la communication de J. Tseng .
124: Cette communication se limite cependant au problème du sujet , alors que l' inversion clitique implique la syntaxe d' un élément déclencheur en position précédant le sujet , soit adverbe , soit pronom Qu- , soit segment en discours direct dans les incises :
125: ( 17 ) Peut-être Jean est -il arrivé vs .
126: * Jean est -il peut-être arrivé .
127: ( 18 ) Où Jean est -il allé ?
128: vs .
129: * Jean est -il allé où ?
130: ( 19 ) " Viens ici " , me dit -il .
131: vs .
132: * Me dit -il : " Viens ici " .
133: L' absence de ce déclencheur en contextes antérieur et postérieur vides impose une interprétation interrogative , il faut donc poser impérativement un élément vide dans ce cas , dans le paradigme des autres déclencheurs :
134: ( 20 ) Jean est -il parti * ( ? )
135: On peut donc analyser l' inversion clitique comme un phénomène de rection un peu particulier , distinct de la subordination :
136: l' interprétation énonciative de la séquence ( SN ) V -il dépend du déclencheur , un déclencheur vide aboutissant à une interprétation interrogative ( Muller 1996 : 76 ) .
137: La présence ou absence d' un SN intercalé ( dans les contextes à inversion complexe ) est transparente :
138: ( 21 ) Peut-être ( Jean ) est -il arrivé
139: Les déclencheurs sont spécifiques à ce type d' inversion , même s' il y a une interférence avec ceux de l' inversion du sujet nominal ( voir plus loin ) .
140: Pour l' inversion complexe , il s' agit :
141: des mots Qu- interrogatifs , d' adverbes , soit de modalisation énonciative ( peut-être , sans doute , assurément ... ) soit à fonction de connecteurs ( aussi , ainsi , ... ) avec un énoncé antérieur , quelques adverbes à orientation négative ( rarement , difficilement ) , et des constructions à corrélation , à interprétation hypothétique :
142: ( 22 ) Quand Jean est -il venu ?
143: ( 23 ) Assurément Jean est -il arrivé
144: ( 24 ) ...
145: Aussi Pierre est -il intervenu
146: ( 25 ) Rarement trouvait -on le curé à son logis ( M. Aymé , La Table-aux-Crevés , Pléiade , 1 , 253 )
147: ( 26 ) A peine Marie était -elle sortie que Jean est entré
148: ( 27 ) Jean sort -il que Marie entre aussitôt
149: ( 28 ) Une discussion venait -elle à s' élever au bureau , il ne s' en mêlait point que son avis ne fût sollicité ...
150: ( M. Aymé , Aller-retour , Pléiade , 1 , 113 ) .
151: L' inversion clitique se confond avec l' inversion du sujet nominal dans les contextes suivants :
152: - Des emplois au subjonctif avec auxiliaire modal :
153: ( 29 ) Puisse -il ( Puisse Jean ) réussir !
154: - Les incises après discours direct :
155: ( 30 ) Salut !
156: dit -il ( ... dit Jean )
157: - Après que pronom interrogatif :
158: ( 31 ) Que fait -il ? ( Que fait Jean ? )
159: L' inversion du sujet clitique en subordonnée
160: La plupart du temps , on trouve l' inversion clitique dans les indépendantes et les principales , ce qui a été interprété comme l' obligation que le constituant C0 soit vide et non régi par un terme recteur ( pronom relatif ou interrogatif par exemple ) .
161: Il est cependant possible de trouver cette inversion clitique en subordonnée :
162: ( 32 ) Il a tellement envie de venir que peut-être viendra -t-il quand même nous voir .
163: ( 33 ) C' est que peut-être ne s' agissait -il pas d' une nouvelle manière de peindre , mais , plus fondamentalement , d' une nouvelle manière de faire ...
164: ( J. Cassou , Panorama des arts plastiques contemporains , 1960 , 171 , Frantext ) .
165: ( 34 ) Tant de filles honnêtes sont devenues de malhonnêtes femmes , que peut-être serai -je un exemple contraire ( Diderot , Jacques le Fataliste , 1784 , Frantext , 647 ) .
166: ( 35 ) Ane et cheval , ils travaillaient chacun de leur côté , et le soir , à l' écurie , se retrouvaient si harassés qu' à peine , avant de s' endormir , avaient -ils le temps d' échanger quelques plaintes sur la dureté de leurs maîtres . ( M. Aymé , Contes du chat perché , Pléiade , 2 , 1013 ) .
167: Cette situation n' est que le prolongement en français moderne d' une particularité du français :
168: contrairement à d' autres langues V2 , qui ont une structure différente en principale et en subordonnée , le français a toujours eu la possibilité de construire ses subordonnées sur les types syntaxiques des indépendantes :
169: dès l' ancien français ( seconde moitié du XIIe siècle ) , la subordonnée adopte le modèle des indépendantes avec possibilité ( très minoritaire ) d' inverser le sujet ( Skårup 1975 : 515 ) .
170: L' inversion du clitique sujet pose la question de la nature du sujet ( Tseng , dans sa communication ) .
171: Il ne semble pas , malgré quelques vues discordantes qu' il y ait à discuter de la fonction du SN accordé au clitique :
172: même si à l' origine c' était indiscutablement un nom en extraposition , séparé par une pause du sujet , ou même antéposé parfois au déclencheur , son intégration comme sujet découle de la possibilité de voir les indéfinis dans cette position avec accord au clitique :
173: ( 36 ) Peut-être quelqu' un est -il arrivé alors que les indéfinis de ce type ne sont pas thématisables librement :
174: ( 37 ) * Quelqu' un , est -il arrivé ?
175: Autre argument :
176: l' accord avec un pronom neutre non humain , exclu en français moderne en cas de thématisation :
177: ( 38 ) Cela est -il vrai ?
178: ( 39 ) * cela , est -il vrai ?
179: vs. Cela , est -ce vrai ?
180: Il faut donc voir dans ce SN un sujet , et d' autre part aucun argument ne permet de lui fixer une position syntaxique distincte de celle des sujets nominaux des énoncés sans clitique .
181: La nature du sujet tient à l' accord .
182: Il semble qu' on puisse admettre les possibilités suivantes :
183: - il et son paradigme sont imposés par l' utilisation d' un temps fini .
184: cette particule est donc à interpréter comme une marque de temps .
185: Sans argument à construire ( verbes impersonnels ) , on a l' interprétation impersonnelle , avec antéposition ou postposition selon les mêmes critères que dans les constructions avec accord .
186: - L' accord est indépendant de toute considération sémantique :
187: il s' adapte évidemment à la pluralité obtenue par coordination :
188: ( 40 ) Pierre et Marie sont -ils venus ?
189: - Les emplois en pronom personnel sont dus à l' absence de réalisation du pronom fort après accord :
190: il ne reste que le clitique avec la sémantique des pronoms personnels cette fois .
191: Ce phénomène doit être étendu à ce qui rend inutile la réalisation phonologique d' un cela , ça , ou a on qui correspond à un SN humain indéterminé .
192: La structure des constructions à inversion clitique pourrait suivre le modèle suivant , basé sur l' hypothèse d' une position distincte du sujet clitique basique ( il impersonnel ) :
193: Déclencheur ( Sujet nominal ) V -il [ ( e ) ] V ...
194: Cela suppose , pour les phrases sans clitique , un mécanisme d' élagage du clitique lorsque le sujet nominal est réalisé sans inversion clitique , et donc la possible réalisation non standard de phrases à double sujet à gauche , actuellement bien attestée en français familier ( Zribi-Hertz 1994 ) et dans les corpus de français parlé .
195: Par exemple , Auger 1996 :
196: ( 41 ) mon frère le plus vieux il jouait du violon
197: ( 42 ) en campagne , quand quelqu' un il dansait ...
198: ( Auger 1996 : 25 )
199: Il n' en découle pas nécessairement que le français standard soit analysable de même ( Auger 1996 : 39 ) .
200: Position identique dans Zribi-Hertz 1994 .
201: L' inversion du sujet nominal
202: Il s' agit de diverses constructions à sujet nominal ( non clitique ) accordé au verbe qui le précède .
203: Cette inversion a été nommée " inversion stylistique " ( Kayne 1973 ) .
204: Il existe de nombreuses études depuis une trentaine d' années sur ce sujet .
205: L' article de Kampers-Mahne , Marandin , Drijkoningen , Doetjes & Hulk ( 2004 ) distingue plusieurs types :
206: 1 . L' inversion dans les contextes d' extraction ( questions partielles , relatives , clivées ) :
207: ( 43 ) Où est allée Marie ?
208: Je me demande où est allée Marie .
209: ( 44 ) La personne qu' a rencontrée Pierre est ma cousine .
210: ( 45 ) C' est dans cette maison qu' est né Victor Hugo .
211: 2 . L' inversion inaccusative ( Marandin 2003 ) , liée à des verbes spécifiques ( verbes de mouvement , verbes avec auxiliaire être , passifs ) ;
212: elle est observable dans deux classes distinctes de contextes :
213: - complétives :
214: ( 46 ) Je voudrais que soient distribués ces prospectus ( Kampers-Mahne et al. , 2004 : 557 ) .
215: ( 47 ) On eût dit que traînait dans la pièce quelque chose de cette atmosphère lourde ...
216: ( Gracq , Le rivage des syrtes , 32 , Frantext ) .
217: - indépendantes avec ou sans adverbe introducteur :
218: ( 48 ) A ce moment -là se fit entendre un bruit strident .
219: ( 49 ) Entre alors notre gardien avec de la nourriture .
220: Elle pourrait être liée à un statut particulier du sujet inversé , attaché à une position " profonde " d' objet direct distincte de la position standard du sujet dans les analyses génératives , comme spécifieur et non comme complément du verbe .
221: En témoigne la propriété de ce type de sujet inversé de pouvoir lier un en au sujet postposé quantifieur :
222: ( 50 ) ( des examens ) Il faudrait qu' en soient reportés plusieurs .
223: ( 51 ) ( des hommes ) Alors en entrèrent trois / En entrèrent trois . ( exemples ( 17 ) de Bonami-Godard ( 2001 : 123 ) ) .
224: 3 . L' inversion " elaborative " ( Kampers-Mahne et al. ) ou " à focalisation forte " ( Kayne & Pollock 2001 ) :
225: il s' agit d' inversions à sujet focalisé , souvent lourd , incluant les listes , et sans contrainte d' utilisation de la première place :
226: ( 52 ° Ont obtenu leur licence les étudiants suivants : Pierre Dupont , Marie Dubois ...
227: Le sujet pluriel cataphorique n' est pas obligatoire :
228: la liste peut suivre immédiatement le verbe , constituant ainsi le seul cas connu de sujet syntaxique disloqué :
229: ( 53 ) Ont obtenu leur licence :
230: Pierre Dupont , Marie Dubois ...
231: Un objet est possible comme on le voit ci-dessus , il est alors toujours placé avant le sujet ( plus généralement , le sujet est final dans ce type ) :
232: ( 54 ) Rendront un devoir supplémentaire tous les élèves qui ont échoué ( Kampers-Mahne et al. 2004 : 559 ) .
233: 4 . Il faut ajouter à ces inversions étudiées par Kampers-Mahne et al.
234: les inversions à topique adverbial ou adjectival initial parmi lesquelles les inversions locatives étudiées par F. Cornish ( 2001 ) ,
235: A . Borillo ( 2006 ) ,
236: C . Fuchs ( 2006 ) :
237: un adverbial de lieu , parfois de temps , introduit une construction à sujet le plus souvent , mais pas obligatoirement , final :
238: ( 55 ) Sur la place se dresse la cathédrale .
239: ( 56 ) A midi sera organisé un apéritif dans la salle des fêtes .
240: ( 57 ) Il y a trois siècles , ici naissait Blaise Pascal ( Borillo 2006 : 25 )
241: Sans doute n' est -ce qu' un sous-type fréquent d' inversions à adverbial initial focalisé :
242: ( 58 ) Ainsi se termina le spectacle .
243: ( 59 ) Avec Autun se distingue Alésia par le nombre d' ateliers découverts . ( Dossiers d' archéologie , n° 316 , sept. 2006 , 52 ) .
244: ou de constructions à adjectif initial :
245: ( 60 ) Nombreux sont les gens qui se plaignent .
246: ( 61 ) Frugal est leur quotidien :
247: du thé au beurre , une poignée de farine d' orge grillée ...
248: ( Tibet , dans le Monde Voyages , Mars 1992 , 16 ) .
249: Cet ensemble de constructions ressemble par le type de verbe aux constructions inaccusatives mais a une spécificité dans l' analyse informationnelle du verbe :
250: celui -ci est soit faiblement informatif , soit de signification réduite dans la construction à inversion locative ( cf. plus loin ) .
251: 5 . Il faut ajouter aussi les constructions à incise .
252: Bonami & Godard ( communication à cmlf ) distingue deux types , dont l' un avec inversion est obligatoire , qu' elle soit nominale ou clitique , lorsque l' incise est un " ajout " à une citation considérée comme une " tête " :
253: ( 62 ) Je ne vous crois pas , s' emporta enfin la femme . ( Dorgelès , dans Grevisse , § 1352 ) .
254: Selon ces auteurs , ce type d' incise obéit aux critères des structures à extraction , le critère essentiel étant la possibilité de régir la citation par un verbe enchâssé :
255: ( 63 ) " Je n' en peux plus " semblait croire pouvoir dire Paul . ( op. cit. ex. 33d ) .
256: Enfin , contrairement à d' autres langues romanes comme l' italien , le français ne connaît pas d' inversion du sujet nominal en réponse , avec focalisation ( Marandin 2003 ) ou sans ( Lambrecht , 1994 ) :
257: ( 64 ) Ha telefonato Gianni ( Lambrecht 1994 )
258: ( 65 ) * A téléphoné Jean .
259: Le statut du sujet inversé est discuté par divers auteurs .
260: Selon Bonami-Godard 2001 , sept propriétés caractérisent le sujet inversé ( en laissant de côté les sujets des inversions inaccusatives , plus proche de l' objet direct )
261: a . Le lien cataphorique réfléchi - sujet :
262: A qui s' est présenté Paul ?
263: b .
264: Pas de lien entre en et un quantifieur sujet :
265: * Celui qu' en ont déjà lu plusieurs .
266: c . Pas de construction à distance Q de N :
267: * C' est un livre qu' ont beaucoup lu de gens .
268: d . L' extraction de combien est possible :
269: Combien pensez -vous que viendront de ministres ?
270: vs. * Combien pensez -vous que de ministres viendront ?
271: e .
272: Le sujet peut être construit avec de négatif :
273: Une maison où ne viennent plus jamais d' enfants .
274: f . Les quantifieurs nus sont exclus , sauf s' ils sont possibles comme objets directs :
275: * Une hypothèse à laquelle s' intéressent tous / plusieurs / beaucoup vs. Une hypothèse à laquelle tous / plusieurs / beaucoup s' intéressent .
276: g . L' accord ne se fait qu' en nombre :
277: * L' appartement qu' habitiez Claire et toi à l' époque vs. L' appartement que Claire et toi habitiez à l' époque . ( Exemples de Bonami & Godard 2001 ) .
278: Dans le détail , les inversions ont un fonctionnement assez différent selon les types .
279: Sur l' inversion locative ,
280: A . Borillo 2006 :
281: 33 , note que le prédicat est " léger " d' un point de vue informationnel , au point de perdre du sens , comme le montrent les exemples suivants :
282: ( 66 ) Dans l' armoire étaient rangées les chaussures .
283: ( 66 ' ) Dans l' armoire , les chaussures étaient rangées . ( Cité par Nølke 1995 , ex ; ( 33 ) , l' exemple originel étant d' A. Borillo ; repris dans Cornish 2001 : 110 )
284: Le sens est différent :
285: dans la structure à sujet final , le verbe localise simplement les chaussures ;
286: dans la phrase à sujet préverbal , le verbe focalisé prend son sens plein et " rangé " a un sens qualitatif .
287: Cela peut conduire à un inacceptabilité si le verbe final n' est pas susceptible de focalisation , comme dans :
288: ( 67 ) * Dans l' armoire , les chaussures se trouvaient ( Nølke 1995 , ex. ( 36 ) )
289: D' autres effets peuvent apparaître , par exemple ( dans Cornish 2001 : 106 ) :
290: ( 68 ) Dans ce bureau travaillent quatre personnes .
291: ( 68 ' ) Dans ce bureau quatre personnes travaillent .
292: La phrase à inversion prend un sens habituel , alors que la phrase à sujet préverbal a un sens actualisé .
293: On peut ajouter à ces exemples la paire suivante , avec un verbe d' action :
294: ( 69 ) Dans l' armoire , les chaussures sont cirées .
295: ( 69 ' ) Dans l' armoire sont cirées les chaussures .
296: La seconde montre comment l' inversion s' associe au sens habituel pour localiser l' action , donnant à la phrase le sens bizarre du lieu où se fait l' action .
297: La phrase à verbe final est interprétée comme un accompli descriptif avec le sens qualitatif déjà vu plus haut .
298: L' inversion à extraction pose d' autres problèmes .
299: Le sujet peut plus facilement n' être pas final , et sa position semble être préférentiellement à l' endroit où le terme extrait avait sa position in situ ( Korzen , 1992 ; 1996 ) .
300: L' analyse de Korzen propose une explication à la position du sujet :
301: celui -ci doit se placer , sauf facteurs supplémentaires comme la lourdeur particulière de certains syntagmes , juste après la position d' un terme Qu- in situ , et l' ensemble du verbe et des compléments allant jusque là constitue une unité pragmatique distincte de la constituance syntagmatique , qu' elle nomme unité prédicative minimale .
302: Ainsi , sachant que les adverbiaux de temps précèdent par défaut les adverbiaux de lieu , on expliquera le contraste suivant :
303: ( 70 ) A quelle heure ferment les magasins en France ?
304: unité prédicative :
305: ferment à quelle heure .
306: ( 71 ) * Dans quel pays ferment les magasins à huit heures ? ( Korzen 1996 : 61 )
307: unité prédicative :
308: ferment à huit heures dans quel pays .
309: On dira , conformément à cette analyse :
310: ( 71 ' ) Dans quel pays ferment à huit heures les magasins ?
311: La valeur empirique de l' analyse de Korzen est admise par Kayne & Pollock 2001 et incorporée aux transformations multiples produisant dans leur cadre la structure à inversion par une série de mouvements à gauche .
312: La concurrence , à droite du verbe , de l' objet direct et du sujet pose des problèmes spécifiques .
313: L' objet direct précède en principe le sujet :
314: ( 72 ) Le dieu ( Hugo ) est entouré d' êtres féminins .
315: Il y en a tout un canapé , parmi lesquels fait les honneurs du salon une vieille femme aux cheveux d' argent ...
316: ( Goncourt , Journal , 10 - 12 1870 NUM ) .
317: Certains cas où le sujet précède l' objet s' expliquent bien par les propositions de Korzen :
318: ( 73 ) ( il les disperse ) ainsi que fait un vent d' orage les épis . ( Genevoix , Ceux de 14 , Frantext , 42 )
319: L' extraction implique un adverbial de manière qui précède l' objet :
320: un vent d' orage disperse ainsi les épis .
321: L' ordre inverse serait impossible ici :
322: ( 74 ) * ainsi que fait les épis un vent d' orage
323: Autre cas , l' extraction d' un locatif circonstanciel qui peut être naturellement interprété comme précédant l' objet :
324: ( 75 ) C' est chez eux que trouvent leurs invalides la fameuse " loi de l' offre et de la demande " ( L. Febvre , Combats pour l' histoire , Frantext , 173 )
325: = leurs invalides trouvent [ là ] la fameuse loi de l' offre et de la demande .
326: Il existe pourtant de nombreux cas d' inacceptabilité qui ne s' expliquent pas par la théorie de Korzen .
327: Par exemple :
328: ( 76 ) * A qui a donné ce livre Jean ? ( Kayne et Pollock 2001 , ex. ( 167 ) )
329: comparé à l' exemple suivant , plus acceptable :
330: ( 77 ) ?
331: Qu' a donné à Marie Jean ? ( ex. ( 166 ) )
332: Sur un exemple presque identique :
333: ( 78 ) * L' enfant auquel donnera ce livre Paul ( Bonami & Godard , ex ( 1b ) et ( 71b ) )
334: Il n' y a pas d' exclusion de la fonction objet direct , puisque les objets clitiques sont toujours possibles :
335: ( 79 ) J' éprouve un peu du tressaillement qui saisit M. de Portebize quand les lui décrit M. d' Oriocourt ( M. Proust , dans Damourette & Pichon , § 1590 ) .
336: Bonami & Godard posent une contrainte de domaine excluant la succession de deux GN non prédicatifs non locatifs non lourds .
337: De fait , les GN lourds sont admis dans ce cas en position finale après un objet direct :
338: ( 80 ) C' est finalement à Marie qu' a présenté son projet l' étudiant que Paul avait refusé de recevoir . ( B & G , op. cit. )
339: Exemple réel :
340: ( 81 ) Où puisait donc sa sagesse improvisée cette catalane mercenaire , qui n' était jamais qu' un mercanti de la littérature ? ( J. Donoso , Le jardin d' à-côté , Frantext ) .
341: Cette analyse ne me semble pas entièrement satisfaisante , puisqu' il me semble qu' on peut dire facilement :
342: ( 82 ) Où donc cueillent des fleurs les parisiens ?
343: ( 83 ) A qui donc offrent des fleurs les maris , à la Saint-Valentin ?
344: Les inversions à longue distance
345: Il s' agit de constructions dans lesquelles le sujet suit des termes régis par le verbe principal dans une autre proposition , sans être nécessairement final .
346: On trouve en effet des sujets inversés entre compléments régis , sans limite , que ce soit des compléments infinitifs ou des verbes finis :
347: ( 84 ) Quel genre de cadeau veut offrir Marie à Jean-Jacques ? ( Kayne & Pollock 2001 ex. ( 159 ) ) .
348: ( 85 ) Quelle maison veut que j' achète Jean-Jacques ? ( idem ex. ( 157 ) ) .
349: ( 86 ) Une chance que trouvent toujours plus ou moins qu' on a les femmes dont on devient l' amant ...
350: ( P. Léautaud , Le petit ouvrage inachevé , 30 , Frantext ; dans MUller 2002 ) .
351: Avec un verbe fini régi , la possibilité de trouver un sujet non final semble plus réduite :
352: ( 87 ) * Quelle maison veut que j' achète Jean-Jacques à Marie ?
353: Ces constructions , comme on le voit , ne respectent pas la constituance en syntagmes .
354: Pour Bonami & Godard ( 2001 : 133 ) " toutes les structures proposées pour l' inversion simple sont inadéquates pour l' inversion longue " .
355: Leur démonstration se base sur une analyse par extraposition droite du sujet , elle même suivie d' une extraposition droite plus haut placée du terme final .
356: Cette extraposition doit être non bornée , ce qui contrevient à la règle établie par Ross ( 1967 / 1986 ) selon laquelle les extrapositions droites sont des dépendances bornées .
357: Par conséquent , ces auteurs proposent de distinguer l' ordre et la constituance .
358: Pour Kayne deux solutions alternatives sont présentées :
359: soit ce terme est déplacé par pied-piping avec le mot Qu- , soit il est déplacé ultérieurement et séparé de son recteur par ' topicalisation ' ( section 16 ) .
360: Il faut en outre une transformation particulière , IP movement , pour déplacer le verbe et les verbes dépendants , tensés ou non .
361: Les constructions avec régis à l' infinitif présentent des possibilités contrastées .
362: Les cas les plus simples sont ceux d' infinitifs contrôlés par le même sujet , avec une série non limitée de verbes régis :
363: ( 88 ) Qu' a oublié de raconter Luc à Marie ?
364: Du point de vue de l' ordre , et probablement aussi pour les propriétés phonologiques et prosodiques , " a oublié de raconter " est traité comme une unité , qui peut ici correspondre à une extension de la notion pragmatique d' unité prédicative minimale de Korzen 1983 .
365: Lorsque le contrôle de l' infinitif est exercé par un autre actant , des contraintes supplémentaires apparaissent qui peuvent contraindre le sujet inversé à être final .
366: Bonami & Godard 2001 opposent :
367: ( 89 ) * La personne que m' a convaincu de présenter le patron du labo à Marie .
368: ( 89 ' ) La personne que m' a convaincu de présenter à Marie le patron du labo .
369: Il fait sans doute poser que l' unité prédicative minimale incluant un sujet sémantique de verbe à l' infinitif ( son contrôleur ) doit aussi incorporer tous les compléments rattachés à ce verbe ( Muller 2002 ) .
370: D' autres constructions de ce type sont à prendre en compte , en particulier :
371: - les coordonnées à sujet à droite commun :
372: ( 90 ) Peu importe dès lors ce que valent et ce que deviennent les fruits de la terre . ( Teilhard de Chardin , Le milieu divin 38 , Frantext )
373: - les dépendantes à sujet commun , qui semblent acceptables dans certains cas :
374: ( 91 ) C' est ce que dit que fait Mimi quand elle a des visites . ( Damourette & Pichon , § 1589 )
375: ( 92 ) Ce qu' a dit que ferait Luc à Marie est inquiétant
376: Les compléments antéposés
377: Le français , surtout oral , connaît une structure marquée de type OSV .
378: Elle a été analysée à partir des corpus de français parlé ( cf. par exemple Blanche-Benveniste 1996 : 112 ) , mais elle avait déjà été signalée par Blinkenberg ( 1928 : 164 ) .
379: Elle fait l' objet d' un traitement macro-syntaxique , avec la distinction de deux constructions , dans Sabio 2006 .
380: C' est aussi l' objet de la communication d' Abeillé , Godard & Sabio au congrès , avec une argumentation qui conduit ces auteurs à distinguer deux constructions , l' une d' un type disloqué à complément nul anaphorique , dans lesquelles le " complément " initial est un thème :
381: ( 93 ) Les conjugaisons j' aimais bien ( auteurs cités , ex. ( 1 ) ) l' autre à extraction , avec un complément non thème :
382: ( 94 ) et là , tu sais ce qui lui est arrivé -une antenne ils lui ont jeté à la tête ...
383: ( ex. ( 15a ) )
384: ( 95 ) Trois heures il avait de retard , le train . ( ex. ( 7b ) )
385: La propriété principale permettant dans ce dernier cas de parler d' extraction est l' impossibilité de supprimer le complément antéposé , à la différence de la première construction .
386: La seconde construction obéit à des contraintes particulières contextuelles , qui conduit les auteurs à parler d' extraction dialogique .
387: Même avec un indéfini , une reprise est possible :
388: ( 96 ) Mon père il va m' acheter un petit mouton + un petit mouton il va m' acheter . ( Ex . ( 15c ) ) .
389: Conclusion
390: Très sommairement , faute de place , je me contenterai de souligner quelques points saillants parmi les principales évolutions de ces recherches :
391: la distinction faite de plus en plus souvent entre ordre et constituance ;
392: la prise en compte croissante de la structure de l' information dans les structures non canoniques ;
393: le développement des investigations syntaxiques sur le français parlé .
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