Le ‘French Oral Narrative Corpus’ comprend 87 contes d’une variété de types (fantastiques, merveilleux, facétieux etc.), racontés par 18 conteurs et conteuses du Conservatoire de Littérature Orale à Vendôme. Les contes sont transcrits et annotés selon les conventions de la Text Encoding Initiative (TEI), avec des métadonnées sur les conteurs et conteuses et sur les contextes de performance. Le corpus a été subventionné par la Arts and Humanities Research Council (AH/E000649/1) et la British Academy (SG39350). L’ensemble a été mis à disposition du projet Orféo.
Corpus | Frenchoralnarrative |
Nom du fichier | Guillemin_056-10_LES_BABOUCHES |
Responsable(s) | Janice Carruthers |
Résumé | Une locutrice raconte un conte |
Date de l'enregistrement | 01/06/1999 |
Durée de l'enregistrement | 00:12:00 |
Nature du signal | audio |
Qualité du son | environnement peu bruité |
Niveaux d'annotation | Annotation automatique |
Annotation | automatique |
Type | narration |
Secteur | professionnel |
Modalité | oral |
Nombre de locuteurs | 1 |
Situation de l'enregistrement | en_public |
Adresse d'échantillon | /annis-sample/frenchoralnarrative/Guillemin_056-10_LES_BABOUCHES.html |
Identiant du locuteur | Guillemin |
Âge du locuteur | 21-60 |
Sexe du locuteur | F |
Profession du locuteur | conteur |
Niveau d'études du locuteur | études supérieures |
Lieu de naissance du locuteur | France, Ile-de-France, Paris |
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Guillemin: | on raconte que dans la grande ville du Caire vivait un parfumeur nommé Aboukacem il était surtout connu pour son avarice en fait il était très riche mais il ne voulait pas que ça se sache alors il était habillé comme le plus loqueteux des mendiants de la ville son turban effiloché douteux comme une serpillière sa djellaba n' avait plus de couleur douteuse pisseuse personne n' aurait su dire quelle était la couleur d' origine mais le pire c' étaient ses babouches vous savez ce que c' est des babouches et bien les siennes elles étaient rapetassées depuis vingt ans par tous les cordonniers de la ville et ils avaient beau essayer de rapprocher les bords elles étaient faites de mille morceaux de cuir si épais qu' on aurait dit une peau de rh-~ de rhinocéros il y avait même des clous pour qu' elles s' usent moins ce qui fait qu' elles ressemblaient à une machine de guerre ces babouches étaient connues dans toute la ville du Caire et même dans toute l' Egypte on s' en servait comme d' un proverbe avait-on fait un dîner un peu lourd ah il était lourd comme les babouches d' Aboukacem ou bien on rencontrait un type pas très fin oh celui-là il a l' esprit lourd comme les babouches d' Aboukacem enfin vous avez compris or un jour d' entre les jours Aboukacem marchait dans la grande allée du grand bazar du Caire il rencontre un collègue qui pour trois fois rien lui vendait de l' essence de rose hum s' est dit Aboukacem je l' achète trois fois rien je la vends dix fois plus la belle affaire top là l' après-midi tout au bout au fond du grand bazar du Caire il rencontre un autre collègue celui-là pour trois fois rien lui vendait des petits flacons de cristal il allait en caravane il avait peur de les casser trois fois rien dix fois plus l' essence dans les petits pots hum quelle multiplication la belle affaire deux belles affaires et partout chez vous chez nous quand on est heureux quand on a fait une bonne affaire on invite les amis on boit un verre on fait un bon repas lui avare comme il était il risquait pas d' avoir des amis mais il s' est dit je vais me faire un petit plaisir je vais aller au hammam où il n' avait jamais mis les pieds de sa vie il a quand même choisi le plus beau après de si belles affaires il a fermé boutique il est allé il a déposé ses babouches à l' entrée comme c' est l' usage et il est entré dans le hammam hum des colonnes de marbre des marches de marbre des bassins de marbre tiède frais des fontaines murmurantes une coupole fermée d' albâtre avec les rayons du soleil qui éclairaient des faïences multicolores il est entré il y avait fort à faire les frotteurs les masseurs l' ont pinceauté retourné massé requinqué il se sentait rajeuni de vingt ans sans compter le parfumeur le barbier et puis on pouvait bavarder avec un ami en buvant un thé à la menthe et là il a rencontré un collègue qui lui a dit Aboukacem tu me désoles toi un grand marchand estimé tu es la risée de la ville avec tes babouches infectes change-les tu peux bien le faire je sais bien a dit Aboukacem tous les soirs quand je les enlève je me dis ça y est demain je les jette et j' en achète des neuves et puis le lendemain je les vois je mets les pieds dedans en me disant allez encore aujourd' hui mais tu as raison j' aviserai je vais changer il a passé toute la journée et le soir il s' est rhabillé et il est allé remettre les pieds dans ses babouches mais là plus de babouches à la place ah des babouches toutes neuves en cuir jaune citron brodées d' or et d' argent qui sentaient bon le cuir neuf c' était bizarre mais euh peut-être que quelqu' un s' était trompé non ça c~ c' était trop beau mais peut-être que le collègue qu' il avait rencontré lui avait offert des babouches pour lui éviter le déplaisir d' en acheter d' autres on ne sait jamais il a glissé ses pieds dans les babouches le chemin sous ses pieds et il est sorti tout fier dans le grand bazar du Caire ah ça ça s' est vu qu' il avait changé de babouches tout le monde les remarquait seulement les babouches elles appartenaient au Kadi au premier juge du premier tribunal de la grande ville du Caire et lui quand il est sorti du hammam et bien ses serviteurs ont cherché partout à quatre pattes pas de babouches babouches jaune citron envolées alors on a cherché partout partout et dans un recoin infect au-delà des ordures on a trouvé répugnantes puantes avec des clous qui dépassaient vous avez compris les babouches d' Aboukacem alors là tout le monde les a reconnues c' était lui le voleur garde on est allé chercher Aboukacem on l' a amené devant le tribunal et là mm l' amende et le bakchich pour éviter d' aller en prison aïe aïe aïe mais le juge lui a rendu ses babouches le juge ne garde pas ce qui ne lui appartient pas et Aboukacem est rentré avec ses babouches sous le bras il est arrivé chez lui oh ces babouches qui lui empoisonnaient la vie la fenêtre était ouverte donnant sur le Nil et vyoom il a jeté les babouches dans le Nil débarrassé enfin il aurait dû le faire depuis longtemps alors il s' est mis à remplir ces petits flacons d' essence de rose oui mais des pêcheurs sur le Nil vers le soir ils ont tiré le faufilet tout heureux de le sentir si lourd et quand ils ont vu il était déchiré par des clous et vous avez compris des babouches infectes puantes avec des clous qui dépassaient ils les ont tout de suite reconnues alors là à grands coups de rame ils sont venus sous les fenêtres d' Aboukacem tout le monde connaissait sa maison et là vyou il les ont jetées par la fenêtre et les babouches se sont répandues au milieu des petits flacons de cristal l' essence de rose s' est envolée le cristal s' est cassé en trente six mille morceaux pas un de plus pas un de moins mes babouches mais oui bien sûr il savait ce qu' il fallait faire il a pris une bêche et les babouches infectes et il est allé les enterrer au bout du jardin oui mais les voisins mmm vous connaissez les voisins du haut de sa terrasse celui-là l' a vu hein qu' est-ce qu' il fait ce vieil avare à bêcher tout seul enterrer hein qu' est-ce qu' on enterre hmm un trésor un trésor il y en a un qui m' a dit un cadavre un jour et là il est allé cafter Aboukacem au juge garde on est allé chercher Aboukacem et là devant le juge hein qu' est-ce que tu étais en train d' enterrer tu ne sais pas que tout ce qui est sous terre ce qui est dessus tout appartient au grand calife commandeur des croyants ah monsieur le juge click alors là la grosse amende les bakchich ouah toutes ces marchandises y sont passées mais le juge lui a rendu ses babouches le juge ne garde pas ce qui ne lui appartient pas alors là hum désespéré il est parti sur le chemin et tout à coup il a vu un lac d' eau paisible il s' est dit mais voilà mais oui bien sûr psshou il a envoyé les babouches dans l' étang débarrassé il est rentré heureux il a bien dormi mais le lendemain dans la grande ville du Caire privée d' eau potable alors là les édiles tout le monde on a envoyé voir on est remonté jusque dans les cana~ dans les canalisations on a envoyé des plongeurs et là on a retiré qui bouchaient les tuyaux berk infectes répugnantes puantes avec les clous qui dépassaient les babouches d' Aboukacem alors là garde quand il est arrivé au tribunal priver la grande ville du Caire d' eau potable aïe aïe aïe aïe aïe sa maison y est passée mais le juge lui a rendu ses babouches le juge ne garde pas ce qui ne lui appartient pas alors là il est rentré plus que désespéré ses babouches il s' est assis prostré sur une chaise pensant à ses malheurs et les babouches étaient là côté sur la terrasse mais oui bien sûr il allait les brûler c' est ça qu' il aurait dû faire depuis longtemps mais elles étaient humides il fallait qu' elles sèchent soleil de Caire ça sèche vite mais quand même ça laissé le temps au petit chien du voisin touche touche touche touche les babouches touche touche touche touche touche les babouches psshh elles sont tombées dans la rue enfin presque sur la tête d' une jeune fille de quinze ans qui allait au hammam avec ses parents avant son mariage à l' assassin au secours oh là là garde alors là oh yo yo yo yo tentative d' assassinat sur une jeune fille qui va se marier de quinze ans oh yo yo là tout y est passé il avait plus rien plus de maison plus rien rien rien alors là monsieur le juge mes babouches gardez-les je n' en suis plus responsable et pendant que tout le monde rigolait à s' en pêter le cul par terre lui il a mis le chemin sous ses pieds il est parti vers le soleil et je crois bien que pour la première fois de sa vie il souriait il avait plus à s' occuper de ses sous il en avait plus il avait plus qu' à aller mendier à la porte de la mosquée alors vous surtout hein vos savates usées changez-les |
Nom fichier | Lien | Taille (octets) |
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