Guillemin: là c' était un beau jugement et c' est en ces temps très anciens c' était ce qu' on demandait à un roi de bien juger de bien s' occuper de ses sujets et s' il ne le faisait pas il risquait d' être puni par la justice magique en ces temps très anciens très loin d' ici vivait un roi qui s' appelait Freudi ses ancêtres avaient bien géré son royaume et quand Freudi montait sur les créneaux de sa forteresse il pouvait voir à l' infini la mer scintiller et des pêcheurs tirer leurs filets pleins de harangues de leurs barques dans les prés il y avait de gras troupeaux et près des femmes des enfants aux yeux bleus qui s' amusaient sans crainte d' une armée qui risquait de venir de prendre les enfants et de les vendre comme esclaves sur des marchés lointains bref en ces temps troublés un roi heureux en paix dans son royaume le seul ennemi s' appelait Missinger pourquoi était-il ennemi personne n' aurait été capable de le dire il était loin dans une petite île pauvre et bien incapable d' armer une flotte ou une guerre ou une armée Freudi avait tout pour être heureux mais il se rongeait dans ses caves il avait un trésor inestimable qui ne lui servait à rien d' aucun profit il avait deux pierres énormes deux meules d' un moulin magique qui pouvait moudre tout ce que désirait son propriétaire comment étaient-elles venues là nul n' aurait su le dire il paraît que cette pierre venait d' un volcan dont les portes ouvraient sur l' enfer comment étaient-elles venues offrande butin sans doute elles étaient là et personne ni le roi ni les hommes les plus forts du royaume personne n' avait pu les bouger or un jour le roi est invité chez un lointain cousin en Suède de l' autre côté de la mer il monte sur un de ses bateaux à proue de lion il va bâfrer s' enivrer avec son cousin et au milieu du repas par distraction des guerriers amènent le butin d' une razzia prise aux Vikings pas loin et parmi les prisonniers il y a deux femmes deux soeurs deux géantes et Freudi les regarde fasciné elles ont le cou épais des mains larges des muscles des pieds énormes elles portent le costume des esclaves des tuniques de laine écrue les cheveux coupés courts et hirsutes Freudi ne voit que leurs muscles et il est tellement pétrifié à les regarder que le cousin se méprend sur ces goûts il a bien vu il est d' humeur joy~ joyeuse il offre les deux géantes et Freudi peut rentrer dans son royaume avec les deux filles et aussitôt rentré dans son royaume sans même leur permettre de se reposer sans même leur donner la moindre nourriture il les amène lui-même dans les souterrains de son château devant les meules et il ordonne qu' elles ébranlent les meules qu' elles mettent en marche le moulin alors elles se regardent elles se penchent elles s' arc-boutent et elles essayent de déplacer les pierres et après de grands efforts en donnant de la voix de l' élan elles entendent les pierres grincer elles sentent les pierres qui remuent elles ébranlent le moulin elles le mettent en marche et Freudi peut exprimer son premier souhait et chaque jour il veut entendre le grincement des meules il veut entendre le moulin en marche et chaque jour il ne pense qu' à une chose avoir un souhait santé bonne récolte beaux enfants beau temps pluie s' il y a besoin et de l' or de l' or de l' or et chaque jour elles doivent tourner ce moulin elles doivent seulement le roi ne s' occupe plus de son royaume le roi ne pense chaque matin qu' au souhait qu' il va exprimer et toujours plus d' or plus de richesses et les filles elles ont beau être géantes elles ont beau être surhumaines elles sont mortelles elles se fatiguent leur nuque est raide leurs épaules fatiguées leurs dos exténués leurs pieds en sang leurs mains écorchées un jour elles demandent elles osent demander à Freudi un peu de repos la réponse claque comme un fouet elles sont esclaves qu' elles obéissent qu' elles tournent ce moulin il veut l' entendre grincer nuit et jour elles continuent mais elles se fatiguent davantage elles demandent une seconde fois elles pourront se reposer quand les oiseaux cesseront de chanter mais c' est l' été pôlaire les oiseaux chantent nuit et jour ils ne songent pas se reposer alors elles sont esclaves soumises elles continuent à tourner le moulin mais maintenant elles se regardent des flammes mauvaises s' allument dans leurs yeux et elles chantent des paroles que Freudi n' entende pas ne comprenne pas il ne sait pas qui elles sont il ne sait pas qu' elles sont filles des géants de la montagne que ces meules elles les connaissent que ces meules elles les ont déjà tournées et c' est elles maintenant qui expriment des souhaits elles souhaitent la maladie les calamités la peste dans le royaume tout à coup des fermes s' enflamment sans raison des hommes s' agressent sans raison la mort court le pays et maintenant des meules sortent des flammes sortent des armes sortent des guerriers sortent des bateaux hérissés de lances comme des oursins des bateaux qu' elles envoient dans le brouillard chez Missinger l' ennemi qui les voit arriver un matin peut-être cette armée répond à ses prières il monte sur le bateau il fait demi-tour il va dans le royaume de Freudi et sur les rives il pille il tue jusqu' au royaume jusqu' à la capitale de Freudi jusque dans son château où il combat lui-même Freudi c' est Missinger le vainqueur il veut voir son royaume sa capitale il se fait conduire jusque dans les souterrains il voit les deux filles qui s' acharnent sur les deux pierres il voit les flammes qui sortent des meules et peut-être à ce moment comprend-il d' où lui est venu le cadeau il lève la main qu' elles s' arrêtent enfin elles peuvent se reposer et elles regardent ce protecteur généreux qui leur permet un peu de repos Missinger se fait expliquer comment marche et pourquoi le moulin quelles sont ses qualités et dans la nuit quand il reprend son vaisseau il fait rouler les meules jusque sur le bateau dans la nuit il songe à son île il songe que c' est l' été le moment où on fait les provisions où il y a le poisson qu' on garde le gibier il faut le saler pour le garder en pleine nuit il ordonne qu' elles fassent tourner les meules et elles reconnaissantes pensant qu' elles se reposeront après de bon coeur elles tournent le moulin elles chantent il va moudre le sel il en remplit les cales et quand c' est plein elles se tournent vers Missinger les cales sont pleines peuvent-elles s' arrêter non répond Missinger du sel il en faut elles n' ont jamais voulu pour~ voir pourrir le poisson pourrir la viande il en faut il n' y en aura jamais assez ah il veut du sel il en aura et elles tournent elles tournent les meules et elles chantent et elles se donnent de la force et le sel le sel il y en a partout il submerge les cales il submerge le pont il submerge le bateau et le bateau s' enfonce s' enfonce dans un grand tourbillon Missinger dort sur le sable une couronne d' algue sur la tête et les filles personne ne leur a dit de s' arrêter alors elles continuent elles continuent à moudre dans les vagues et elles continuent à saler les océans