Le ‘French Oral Narrative Corpus’ comprend 87 contes d’une variété de types (fantastiques, merveilleux, facétieux etc.), racontés par 18 conteurs et conteuses du Conservatoire de Littérature Orale à Vendôme. Les contes sont transcrits et annotés selon les conventions de la Text Encoding Initiative (TEI), avec des métadonnées sur les conteurs et conteuses et sur les contextes de performance. Le corpus a été subventionné par la Arts and Humanities Research Council (AH/E000649/1) et la British Academy (SG39350). L’ensemble a été mis à disposition du projet Orféo.
Corpus | Frenchoralnarrative |
Nom du fichier | Bizouerne_039-2_OUNAMIR |
Responsable(s) | Janice Carruthers |
Résumé | Un locuteur raconte un conte |
Date de l'enregistrement | 19/05/1998 |
Durée de l'enregistrement | 00:14:27 |
Nature du signal | audio |
Qualité du son | environnement peu bruité |
Niveaux d'annotation | Annotation automatique |
Annotation | automatique |
Type | narration |
Secteur | professionnel |
Modalité | oral |
Nombre de locuteurs | 1 |
Situation de l'enregistrement | en_public |
Adresse d'échantillon | /annis-sample/frenchoralnarrative/Bizouerne_039-2_OUNAMIR.html |
Identiant du locuteur | Bizouerne |
Âge du locuteur | 21-60 |
Sexe du locuteur | M |
Profession du locuteur | conteur |
Niveau d'études du locuteur | lycée |
Lieu de naissance du locuteur | France, Ile-de-France, Suresnes |
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Bizouerne: | dans la région du sud au Maroc il y a un endroit qu' on appelle le Souss chaque matin il y a un enfant qui se lève avec le soleil qui traverse son village qui passe dans les ruelles de la médina et qui se rend à la mosquée il s' appelle Ounamir un matin alors qu' il est juste euh sur le perron de la mosquée son fkih son maître l' arrête et lui dit Ounamir pourquoi est-ce que tes mains sont-elles teintées au henné avec des signes sacrés je ne sais pas maître chaque soir je rentre chez moi je me lave les mains et elles deviennent blanches et chaque matin lorsque je me réveille j' ai des signes sacrés dessinés au henné écoute-moi bien mon enfant ce soir tu vas rentrer chez toi et tu feras semblant de dormir la journée est passée quand le soir est arrivé Ounamir est rentré dans sa maison il a ôté sa djellaba il s' est glissé dans ses draps et il a fait semblant de dormir la nuit est venue avec elle la pleine lune et ses soeurs les étoiles quand tout à coup il y a trois colombes qui sont venues se poser sur le rebord de la fenêtre d' Ounamir alors il a ouvert délicatement une paupière il a vu que ces trois oiseaux se changeaient en trois femmes la première a dit ce soir ce soir c' est moi qui lui laverai les mains la seconde et bien moi je dessinerai les signes sacrés au henné et la dernière je soufflerai pour faire sécher la première de ces femmes qui était belle s' est avancée et a commencé à humidifier ses doigts délicatement comme la rosée le fait sur les pétales des fleurs puis elle s' est mise sur le côté et la seconde bien plus belle que la première est arrivée elle a commencé à dessiner des signes sacrés au henné avec la précision du scribe qui écrit sur un parchemin puis elle s' est écartée à son tour est arrivée la dernière Ounamir l' a contemplée elle s' est mise devant ses mains et elle a commencé à souffler tout doucement tout doucement et Ounamir sentait son coeur battre que fallait-il faire il était tiraillé entre l' envie d' attraper cette femme ou la laisser partir et puis au bout d' un moment n' en pouvant plus ah il a attrapé ses poignets il lui a dit qui es-tu toi à cet instant précis les deux autres femmes se sont retransformées en oiseaux et se sont envolées par la fenêtre la jeune femme dont il maintenait les poignets a hurlé laisse-moi partir laisse-moi mon ami je suis un ange d' Allah lui il a regardé lui a dit non euh non reste avec moi puis il a desserré ses mains pour ne pas lui faire de mal il était peut-être déjà habité par l' amour mais la maintenant prisonnière il a baissé son regard car il n' osait croiser ses yeux puis il a regardé la plante de ses pieds il lui a dit reste avec moi reste avec moi il a commencé à monter le long de ses genoux ses fines hanches sa légère poitrine il lui a dit reste avec moi reste avec moi il a regardé ses lèvres qu' il avait envie d' embrasser ses yeux où il pouvait presque y lire la divinité il a dit est -ce que tu veux devenir ma femme alors l' ange d' Allah l' a regardé elle a écouté ses paroles qui venaient du coeur et elle a dit oui à une condition tu feras construire sept ksars des châteaux les uns sur les autres dans le dernier des ksars tu feras sept chambres les unes derrière les autres dans la dernière des chambres je serai il n' y a que toi qui auras le droit de me voir si un jour un autre humain homme femme vieillard m' aperçoit je m' en irai Ounamir a accepté et avec ses mains et je ne sais quelle force il a commencé à monter des monticules de pierres les uns sur les autres la hauteur du ksar touchait presque les nuages et il en a fait sept les uns sur les autres et les chambres les unes derrière les autres et il y a placé sa bien-aimée chaque jour il venait la voir au début pour se parler gentiment pour apprendre à se connaître puis ensuite pour se rapprocher l' intimité pour se caresser et puis pour faire l' amour et vivre comme deux aimés un matin alors qu' Ounamir était en train de manger avec sa mère celle-ci lui a dit mon fils pourquoi est-ce que depuis des semaines tu mets des poignets de semoule et des morceaux de viande dans les poches de ta djellaba oh mère c' est c' est pour la chasse pour attirer le gibier ah elle ne l' a pas cru elle connaissait bien son enfant il a pris son cheval et il est parti pour la chasse sa mère elle a suivi en courant derrière oui au bout de quelque temps elle s' est cachée derrière un arbre et elle a vu son fils descendre de cheval et rentrer dans un ksar immense elle n' avait pas le souvenir qu' il existait une telle bâtisse en cet endroit deux bonnes heures sont passées Ounamir est ressorti du château il a repris sa chevauchée il est parti à la chasse alors sa mère est arrivée au niveau de la porte du ksar et elle a essayé de l' ouvrir c' était fermé elle a cherché la clef mais ne l' a point trouvée alors elle s' est retournée vers chez elle et elle a pensé à sa basse cour elle s' est mise à crier poules poules poules et toutes les poules de sa basse cour sont arrivées elles se sont regroupées à ses pieds elle leur a dit il faut me trouver la clef cherche poule cherche poule cherche poule cherche les poules ont commencé à chercher cherche poule cherche poule cherche poule cherche les poules ont cherché mais ce n' est pas elles qui ont trouvé c' est le coq borgne en plus qui l' a prise dans son bec il a amenée à la mère d' Ounamir qui l' a glissée dans la serrure et elle a pu entrer dans le premier château là tout de suite elle a vu une seconde porte elle a regardé la hauteur du plafond elle était fort impressionnée mais la curieuse elle a voulu aller voir et ainsi de suite sept portes elle a franchi les unes derrière les autres puis ensuite elle a vu une autre porte mais sur le côté cette fois-ci plus petite de chambre vraisemblablement alors elle y est entrée et ainsi de suite jusqu' à la dernière quand elle est arrivée à la porte de la septième chambre elle a mis ses mains sur la poignée et à peine l' avait-elle entr' ouverte qu' elle s' est écrié par Allah que mon fils a de la chance d' avoir une femme aussi belle que toi l' ange l' a observée lui a dit par Allah que ton fils a de la malchance d' avoir une mère aussi curieuse que toi et elle a commencé à pleurer la mère d' Ounamir ne savait que faire elle a vu les gouttes d' eau salées descendre rapidement puis former une flaque qui ne s' étendait pas mais qui montait en profondeur et en hauteur alors elle est sortie de la pièce sans comprendre et elle est remontée à la surface et elle est partie en courant à ce moment-là son fils rentrait de la chasse il a vu sa mère partir et il a compris qu' il s' était passé quelque chose il a franchi les portes les unes après les autres un deux trois quatre cinq six sept il est arrivé à la première porte de la première chambre et il a fait de même jusqu' à la dernière il a poussé la porte de la septième chambre et il a vu une pièce qui était complètement recouverte d' eau par une étroite lucarne il a vu une colombe s' envoler qui s' est retournée lui a dit Ounamir si tu veux me retrouver et l' enfant que je porte de toi alors viens au septième paradis d' Allah Ounamir est sorti tristement des sept châteaux il est remonté sur son cheval et il est rentré chez lui il n' a pas dit un mot à sa mère il a été dans les écuries il a regardé les chevaux les uns après les autres et il a choisi le plus robuste il est monté dessus il a embrassé sa mère et il est parti il a galopé incessamment toujours de l' avant plus vite que le vent galopé galopé galopé toujours de l' avant plus vite que le vent il a été d' est en ouest du nord au sud dans des territoires où nul homme n' avait été aller et pourtant il ne trouvait pas son épousée un matin il est arrivé au pied d' une montagne en haut de celle-ci il y avait un aigle qui faisait la leçon à ses petits il leur apprenait comment survoler au-dessus de son territoire comment fondre sur une proie comment se faire respecter des autres volatiles bref les leçons de la vie les petits devaient se taire et écouter il y a un aiglon qui a tourné la tête et au pied de la montagne il a vu un cheval avec un homme dessus alors il a voulu avertir son père papa papa l' aigle ne l' a pas supporté il a donné un coup d' aile et tous ses enfants sont tombés ils ne savaient pas voler à cet instant précis Ounamir a levé la tête et tout de suite il a pris sa chéchia il les a récupérés euh un à un puis il les a déposés par terre avec la douceur d' un père pour ses enfants l' aigle s' est envolé il a tournoyé sept fois au-dessus de l' homme puis ses serres puissantes se sont ouvertes et il est venu se poser à ses pieds ses ailes se sont refermées et il a dit homme tu es bon ta bonté m' a touché qu' est-ce que tu veux et bien je veux monter au septième paradis d' Allah oh c' est une grande demande homme mais d' accord je veux bien y accéder à une condition le cheval qui se trouve derrière toi tu vas le tuer tu en feras sept morceaux de viande et sept fioles de sang à chaque fois que je franchirai un des paradis d' Allah je te demanderai un morceau de viande et une fiole de sang Ounamir s' est retourné vers son fidèle destrier pour toute vérité il avait le coeur serré mais il a pensé à sa femme il a tué son cheval puis il est monté sur l' aigle qui s' est envolé tel une flèche il a commencé à transpercer les nuages et arrivé aux portes du premier paradis d' Allah l' aigle a dit viande et sang et Ounamir a donné un morceau de viande une fiole de sang au deuxième paradis d' Allah viande et sang au troisième paradis d' Allah viande et sang au quatrième viande et sang au cinquième viande et sang au sixième viande et sang et c' est là où ça se complique aux portes du sixième paradis d' Allah quand Ounamir a voulu donner un morceau de viande il a fait tomber le septième sur la terre il n' a pas réussi à le rattraper l' aigle a continué et arrivé au porte du septième paradis d' Allah il a dit viande et sang et à ce moment-là l' homme n' a pas hésité un instant il a pris son poignard et il s' est coupé le gras de la cuisse puis il a jeté à l' aigle moins croquant l' aigle s' est posé aux portes du septième paradis d' Allah il a regardé Ounamir et lui a dit homme regarde ce puits tous les anges d' Allah viennent s' y abreuver à côté de celui-ci se trouve un arbre cache-toi dedans et attends ton épousée puis il est reparti Ounamir s' est mis sur une des branches de l' olivier il a patienté oh des anges d' Allah il en a vu quand un jour un jour il a vu son idéale à lui la jeune femme était là en train de s' abreuver au puits alors il est descendu le long du tronc et sur la pointe des pieds il s' est rapproché il lui a mis délicatement la main sur l' épaule elle s' est retournée elle tendait ses deux bras en avant à l' intérieur desquels se trouvait le fils d' Ounamir il a pris son enfant il a serré contre sa poitrine puis il a embrassé l' ange d' Allah elle lui a dit je suis heureuse que Allah nous ait réunis à nouveau tu peux rester ici ils sont partis sur le chemin de la maison en route juste sur la droite il y avait un gros rocher alors l' ange d' Allah arrêté Ounamir et lui a dit regarde c' est l' oeil d' Allah quand le tout puissant veut savoir si les hommes sont bons il déplace ce rocher et il regarde en bas sur la terre ce qu' il se passe mais il n' y a que lui qui a le droit de le faire ne le déplace jamais puis ils ont continué leur chemin ils sont rentrés dans leur maison et ils ont commencé à vivre les jours se sont écoulés tranquillement les semaines sont passées naturellement et les mois sont arrivés tendrement un soir est venu le moment du grand Aïd un mo-~ mois après le Ramadan l' homme de la famille tourne le mouton vers la mosquée l' égorge alors Ounamir a pensé à sa mère il s' est demandé comment va faire ma mère pour égorger le mouton sacré il a regardé sa femme qui était à ses côtés il a embrassée délicatement sur l' épaule sans la réveiller puis il a été voir son fils il a fait de même mais sur le front et il est sorti de chez lui il a pris le chemin et il est arrivé devant le gros rocher qui était là il a posé ses mains dessus et il a regardé vers sa maison il a pensé à sa mère il a hésité un bon moment et puis et il a regardé là en bas et il a vu sa mère qui en effet avait un mouton tourné vers la mosquée et qui implorait le ciel et qui demandait par Allah comment puis-je faire pour égorger le mouton sacré quand Ounamir a vu sa mère ainsi il a dit maman maman je t' envoie mon poignard et il a lancé son arme à peine le poignard franchissait-il oeil d' Allah qu' en petit nuage il s' est transformé sa mère continuait à implorer le ciel on voyait ses larmes couler le long de ses joues Ounamir ne savait que faire il a hésité pendant un moment à replacer le rocher et puis les liens du sang ont parlé maman je descends je reprendrai l' aigle pour remonter et il a sauté et à peine Ounamir avait-il franchi l' oeil d' Allah qu' à son tour en petit nuage il s' est transformé depuis ce temps-là dans la région du Souss quand rarement les vieux aperçoivent un nuage dans le ciel ils disent tiens c' est Ounamir qui veut remonter au septième paradis d' Allah |
Nom fichier | Lien | Taille (octets) |
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