L1: bonjour et bienvenue pour ce nouveau numéro de sept cent quatre-vingts secondes invité de cette émission Xavier Deroux qui est euh ancien député U D F de Charente-Maritime vice-président du Conseil Général de ce département avec lui nous parlerons du département de la région de la situation de la droite des affaires qui ont secouées la vie politique française et de la réforme de la justice entre autres Xavier Deroux bonjour un petit rappel en quelques mots vous êtes donc ancien député de Charente-Maritime mais toujours vice-président du Conseil Général maire de de Chanier euh et vous êtes avocat de de profession et vous venez de publier un essai Une Fin De Siècle aux éditions Bordesoul alors première question qui dit fin de siècle dit page blanche ouverte sur euh sur l' avenir vous avez voulu apporter une contribution L2: oh l' avenir n' est jamais une page blanche elle a déjà été écrite par l' histoire mais simplement je pense qu' à cette rentrée où le débat politique cherche à se nourrir d' idées ben j' ai essayé de contribuer modestement au débat au débat d' idées pour cette fin faisant un constat sur cette fin de siècle et ouvrant quelques quelques traces pour le siècle le siècle prochain L1: est-ce qu' il y a des des changements radicaux qui qui doivent s' opérer L2: radicaux absolument tout à fait je crois que je crois sinc-~ très sincèrement que notre société est en train de changer de changer de forme L1: ah vous vous êtes au Parti radical valoisien et vous êtes un libéral dans votre livre vous êtes très très dur pour le pour le marché qui a imposé une dictature dites-vous L2: oui je crois que le marché actuellement et le la mondialisation c' est cela risque de confier le gouvernement du monde au marché et le marché sa main invisible c' est quelque chose d' extrêmement dangereux et je crois que la régulation est nécessaire puisque le marché est fait quand même pour euh l' ensemble des hommes L1: et la et la droite dites-vous n' a pas pu apporter de réponse satisfaisante aux données il y a quelques années L2: absolument je crois que la vieille doctrine libérale dans lequel on s' est enfermé qui est une vieille une vieille affaire du dix-huitième siècle anglais en réalité n' est pas une réponse réelle aux problèmes qui se posent L1: aujourd' hui alors donc vous vous êtes euh au Parti radical je viens je viens de le dire et euh vous essayez de redonner une nouvelle image de de rassembler ce qui peut l' être L2: vous savez le radicalisme le pacte républicain radical est extrêmement contemporain et ce que je dis dans mon livre a été dit bien avant par beaucoup de radicaux et je crois qu' il faut revenir à un certain nombre de valeurs fondamentales du radicalisme français et du républicanisme français L1: alors qu' est-ce que ça peut apporter à nos contemporains L2: je crois d' abord un n~ un sens du consensus dans la société qui manque terriblement cette façon de croire que l' on peut tout régler par une majorité même courte qui est une minorité dans le pays et uniquement par la loi imposée alors que il faut un débat d' idées et la recherche du consensus sur le long terme L1: et par rapport euh à la loi sur les les trente-cinq heures qui qui vient d' être votée vous êtes sur la même ligne que l' opposition de l' U D F L2: ben c' est un exemple c' est un e~ je suis pas du tout sur la même ligne qu-~ je sais pas sur quelle ligne je suis je dis simplement deux choses que d' abord c' est une loi malthusienne qui repose sur l' idée du rationnement du travail et il est évident que pour les entreprises il y aura toujours la même masse salariale globale que l' on va diviser en davantage ce qui veut dire qu' il y aura une baisse du pouvoir d' achat cela est une évidence et c' est tellement évident que le gouvernement cherche à faire financer cette différence par l' impôt ou la contribution publique c' est quand même la première fois que l' on voit un gouvernement demander aux contribuables de payer pour les patrons L1: donc il ne faut plus lier le le revenu au travail hein pour vous ça L2: c' est je pense que c' est un une un des aspects du pacte social L1: sur un plan personnel Xavier Deroux donc quels sont vos vos objectifs politiques donc la les élections municipales c' est euh en deux mille un euh la mairie de Saintes on connaît le le candidat socialiste qui vient de se déterminer d' être choisi euh Jean Rouget est-ce que vous êtes partant L2: moi je ne suis pas candidat la mairie de Saintes mais je suis conseiller général de Saintes et j' observe ce qui se passe de très près à Saintes et j' essaye d' ailleurs d' y participer et je crois que à Saintes il y a beaucoup de choses à faire puisque nous assistons maintenant à la fin de d' un long règne qui était le règne de Michel Baron au départ d' un autre homme éminent de la ville qui est Philippe Marchand qui prend sa retraite politique semble-t-il et je crois que cette ville a besoin d' un souffle nouveau je je regarde pas j' essaye de de faire sortir ce souffle nouveau de la ville et je vous assure qu' il y a beaucoup de gens dans cette ville de Saintes qui ont envie de s' occuper des affaires de leur cité L1: et donc vous vous vous regardez de très près la situation donc la la vie politique vous intéresse encore malgré vos activités professionnelles L2: ah tout à fait tout à fait tout à fait tout à fait oui L1: je reviens à votre activité professionnelle donc vous êtes avocat à Paris et vous venez d' être appelé par le le Tribunal international de La Haye par rapport à la situation en ex-Yougoslavie alors c' est une L2: première j' ai oui j' ai j' ai accepté de défendre le général Talic qui est euh le l' ancien chef d' état-major de l' armée serbe qui a été arrêté comme chacun sait au mois de juillet et qui a été inculpé par le Tribunal pénal international et j' ai accepté d' assurer sa défense ce que je fais L1: la judiciarisation de la de la vie politique en France est-ce que ça ne vous vous inquiète pas on ne compte plus les les élus les premiers magistrats qui sont mis en examen euh L2: et ça ne fait que commencer c' est-à-dire que nous sommes dans un système où on peut se demander sans rire si d' ici un an ou deux ans il y aura encore un homme politique debout qui ne sera pas dans une affaire ou qu-~ ou autour d' une affaire ou pris par les rumeurs et je crois que il fallait arrêter il fallait je l' ai dit lorsque j' étais à l' Assemblée mais vous savez à l' Assemblée parfois les m-~ les les parlementaires ont l' impression que lorsqu' ils votent un texte il faut une affiche électorale et le texte sur la vie financière qui a été voté à mon avis a été une sorte je l' avais dit d' ailleurs à l' époque à la tribune ça été une une affiche électorale en disant vous voyez nous lavons plus blanc eh bien je crois que le blanchiment la machine est lancée elle va aller si loin qu' il ne va plus rester grand monde debout L1: donc ça sera très dommageable pour la vie politique L2: non parce que vous savez les les hommes politiques sont des champignons il y en a toujours qui sortent et quelquefois ce sont les grands arbres qui empêchent les champignons de pousser alors peut-être que l' en faisant tomber tout ce qui existe et c' est peut-être ce qui se passe après tout parce que la nature a envi~ a horreur du vide eh bien nous allons avoir une génération comme ça de nouveaux champignons en train de de pousser ça sera peut-être pas plus L1: mal au niveau de la négociation du contrat de plan État-région est-ce que ça se passe bien pour le département de Charente-Maritime L2: ça se passe euh le département de Charente-Maritime demande sa part et toute sa part du contrat de plan nous sommes le département le plus peuplé de la région ça ne plaît pas toujours à nos voisins et nous avons euh de gros besoins et nous les les faisons savoir L1: en matière de décentralisation euh dans votre ouvrage euh vous dites qu' elle a multiplié les les niveaux d' administration et que c' est un peu dommageable pour euh pour la vie des citoyens L2: ça devient même absurde quand vous pensez que vous avez euh la commune la communauté de communes euh le pays euh le département la région l' État et l' Europe et que chacun lève sa plus ou moins sa dîme et prend sa manne au passage d' abord c' est une mauvaise administration et deuxièmement c' est une administration extrêmement coûteuse moi je suis pour simpli- à une grande simplification je crois d' ailleurs que toute cette histoire de communauté de communes ça été fait pour répondre à quelque chose que le pouvoir politique n' ose pas faire L1: donc vous êtes euh favorable à une simplification draconienne L2: c' est réformer la carte des communes alors plutôt que de supprimer les communes on supprime leurs pouvoirs et leurs compétences pour les transmettre à des organes qui sont beaucoup moins démocratiques je pense que si l' on veut avoir de grandes communes eh bien il y a qu' à dire par exemple que un canton égale une commune par exemple L1: Xavier Deroux venons-en aux affaires qui ont défrayé la la chronique de la la vie politique ces dernières semaines donc avec la la démission du ministre de l' Économie et des Finances est-ce qu' il fallait que le ministre démissionne L2: écoutez ce qui est t-~ tout à fait extraordinaire dans l' affaire D S K c' est que il a démissionné avant d' être mis en examen il n' a toujours pas ma connaissance été interrogé par un juge il n' a pas été mis en examen jusqu' à présent les ministres démissionnaient c' est la règle Balladur lorsqu' ils étaient mis en examen là on a une affaire tout à fait nouvelle voilà un ministre et un grand ministre qui anticipe une éventuelle mise en examen et qui démissionne avant alors là on peut pas s' en prendre x au s juge alors est-ce qu' il faut s' en prendre à la presse est-ce qu' il faut s' en prendre à l' opinion je ne sais pas ou est-ce qu' il faut s' en prendre à des choses si secrètes que cela méritait une démé-~ une démission prématurée je n' ai pas de réponse L1: à cela Claude Goasgen euh qui est dans l' opposition a dit qu' il fallait euh une une zone de de protection un petit peu spécifique pour les pour les élus est-ce que ça veut dire donc les élus les hommes politiques sont un petit peu différents et pas au même plan que les citoyens L2: moi je pense que les hommes politiques sont au même plan que les citoyens d' ailleurs ça c' est tout à fait bon mais je reviens sur l' affaire D S K ne mêlons ne mêlons pas le la justice à cette affaire pour l' instant hein n' est-ce pas puisque il a quitté l~ le gouvernement de son plein gré avant toute mise en examen mais après une conversation assez longue je crois avec le L1: Premier ministre la réforme de de la justice vous en parlez abondamment elle est nécessaire à vos yeux puisque vous êtes de l' intérieur vous la pratiquez L2: elle est absolument nécessaire d' abord par ses moyens deuxièmement par son organisation générale et troisièmement par le rôle il y a un grand problème dans ce pays enfin qui est un grand problème de justice est le rôle du parquet et le rôle des juges d' instruction le parquet ce sont les avocats de la République et je crois que il est pas bon que les avocats de la République qui sont les représentants de l' État et qui portent la parole de l' État et qui assurent les poursuites au nom de l' État seuls seules personnes légitimes dans cette affaire représenter des élus les magistrats ne sont pas élus donc il est normal que les avocats de l' État d' abord obé-~ reçoivent des instructions de leur client comme n' importe quel avocat c' est-à-dire de l' État ne soient pas indépendants ça me semble fou d' avoir des procureurs indépendants et mais que ils ne soient pas par là même du même corps que les magistrats de la justice assise qui rend toute indépendance la justice et qui ne peut être contrôlée que par le Conseil supérieur de la magistrature quant au choix des magistrats je crois qu' il ne faut on fait trop de corporatisme dans ce pays une seule école on a déjà eu l' exemple de l' ENA maintenant on a l' exemple de l' E N M je crois qu' il faut ouvrir le corps des magistrats à des spécialistes du droit et il y en a beaucoup faisons un peu comme en Angleterre où les grands juristes les grands avocats finissent leur carrière ou les grands professeurs de droit finissent leur carrière comme magistrats je crois que ouvrons les portes de la justice à la société civile et ne faisons pas ce que l' on fait avec les tribunaux de commerce où l' on va où l' on va au contraire évacuer toute une partie L1: just- vous en parlez L2: euh des juges qui ne sont pas des professionnels on v~ qui étaient en plus des juges économiques on va les évacuer pour les remplacer par des professionnels qu' on ne sait pas où trouver et c' est la même chose d' ailleurs pour la tentative de réforme de la cour d' assise où souvenez-vous-en on voulait évacuer les jurés le corporatisme judiciaire est une très mauvaise chose et il faut certainement l' empêcher L1: un peu de politique politicienne parce qu' on arrive presque au terme de l' émission cela va très vite euh votre sentiment sur le l' état de décomposition de de la droite L2: la droite est pas plus décomposée que le que la gauche je crois que la droite se cherche mais je crois que tout le monde se cherche et que tout le monde est pluriel et que l' on revient finalement aux origines et c' est là où le débat politique actuellement est passionnant c' est parce que l' on peut reconstruire et c' est d' ailleurs c' est toute la tentative que modestement veut faire le Parti radical en rev-~ en retournant aux sources du contrat social et du républicanisme L1: une dernière question euh Xavier Deroux la République est en danger dit euh Jean-Pierre Chevènement et vous dans votre livre vous l' appelez de toute urgence cette République alors est-ce que les deux attitudes se se rejoignent L2: moi je l' appelle parce que je crois que euh je crois qu' elle a été un peu confisquée que on parle toujours des citoyens et du rôle de citoyen mais que les citoyens sont bien loin du débat politique et c' est de cela qu' il faut les rapprocher alors je crois que je suis assez je suis souvent d' accord avec Jean-Pierre Chevènement mais je crois que là nous n' avons pas le même tempo L1: Xavier Deroux je vous remercie euh merci d' avoir répondu à nos questions et prochain numéro de sept cent quatre-vingts secondes ce sera dimanche prochain donc le le vingt et un novembre avec Armelle Leguinbertière qui est au R P R