Le Corpus de référence du français parlé, comporte 440 000 mots, correspondant à 36 heures de parole. Il est composé de 134 enregistrements recueillis dans une quarantaine de villes différentes et échantillonnés en fonction de 3 situations de parole et de certaines caractéristiques des locuteurs (niveaux d’études, âge, sexe). La totalité du corpus se présente sous une forme transcrite alignée avec le son. L’ensemble a été mis à disposition du projet Orféo.
Corpus | CRFP |
Nom du fichier | PRI-CLE-2 |
Responsable(s) | Claire Blanche Benveniste |
Résumé | Un professeur retraité raconte avec fierté et nostalgie son expérience dans l'enseignement |
Date de l'enregistrement | 00/12/2000 |
Durée de l'enregistrement | 00:18:04 |
Nature du signal | audio |
Qualité du son | environnement peu bruité |
Anonymisation du signal | script Daniel Hirst |
Niveaux d'annotation | Annotation automatique |
Annotation | automatique |
Type | narration |
Secteur | privé |
Interaction en milieu … | amical |
Modalité | oral |
Nombre de locuteurs | 1 |
Situation de l'enregistrement | face_à_face |
Adresse d'échantillon | /annis-sample/crfp/PRI-CLE-2.html |
Identiant du locuteur | L1 |
Âge du locuteur | 61+ |
Sexe du locuteur | M |
Profession du locuteur | enseignant (retraité) |
Niveau d'études du locuteur | études supérieures |
Lieu de naissance du locuteur | France, Auvergne, Clermont-Ferrand |
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L1: | mais un jour de septembre dix-neuf cent trente-sept il me convoqua chez lui il me dit tu sais je suis gravement malade très gravement malade je n' en ai pas pour longtemps tu seras ma première victime or je ne veux pas que tu sois ma victime je veux que ce soit toi qui me remplaces au lycée dans mon poste je vais reprendre mes activités mais très vite au début de l' année scolaire c' est toi qui vas me remplacer et effectivement je l' ai remplacé en pour l' année scolaire dix-neuf cent trente-sept dix-neuf cent trente-huit avec un service d' agrégé je peux continuer avec un service d' agrégé dans une classe de quatrième français latin grec et aussi une classe de sixième cette classe de quatrième était merveilleuse j' ai eu là d' excellents élèves quant à mes élèves de sixième ils étaient vivants ils m' aimaient bien ils me racontaient toutes les histoires ils me racontaient même comment ils chahutaient tel professeur d' histoire que j' avais chahuté moi-même quelques années auparavant c' est dans cette classe quatrième de quatrième que j' ai eu le plaisir et la chance de rencontrer un inspecteur général qui a disposé de mon sort somme toute nous faisions une e-~ un exercice préparant x au s thème s latin ce~ cela concernait le génitif il me je me rappelle qu' il posa une question à laquelle j j' ai eu des difficultés à répondre mais mes élèves m' ont sauvé il demandait comment on traduisait une bouteille de vin et mes élèves se sont rappelés que lors d' une version que nous avions corrigée peu de temps auparavant il était question de tribus laguinculis mais oui mais oui c-~ mais c' est très bien mais c' est là des petites bouteilles une vraie bouteille ça se dit lagena mon sang n' avait fait qu' un tour mais je n' ai jamais oublié c~ cette intervention de mes élèves au cours de du bavardage que j' ai eu avec cet inspecteur à la fin de la classe il me félicita du comportement de mes élèves de mon savoir-faire et me demanda ce que je désirais faire l' année suivante je lui dis je veux préparer l' agrégation au cours de l' année j' avais soutenu mon diplôme d' études supérieures avec des remplaçants de monsieur NNAAMMEE avec un monsieur NNAAMMEE qui me convoquait au cours des vacances scolaires pour préparer des candidats au baccalauréat à la deuxième session la session d' octobre il venait me chercher à Nohanent voiture et me ramenait à Nohanent en voiture le second c' était un monsieur NNAAMMEE nouveau promu à la faculté des Lettres de Clermont que j' ai eu la chance de rencontrer plusieurs fois lorsque je revenais à Clermont donc je reçus une bourse c' est ce qu' il me promit une bourse d' agrégation pour la faculté de Lyon on ne préparait pas l' agrégation à Clermont-Ferrand à cette époque à Lyon je croyais être un brillant sujet mais dès mon premier thème latin je m' aperçus que après des heures d' efforts je n' avais obtenu que quatre sur dix mais à la fin de l' année j' avais régulièrement six ou sept sur dix à mon thème latin quant à la grammaire mon monsieur NNAAMMEE m' avait dit t' inquiète pas en grammaire tu es prêt effectivement je fus reçu dès la première fois au concours de l' agrégation en dix-neuf cent trente-neuf hélas je ne fus pas nommé professeur tout de suite car je fus appelé sous les drapeaux et je ne revins à la vie scolaire qu' en décembre dix-neuf cent quarante après avoir longtemps bataillé pour obtenir un poste ceux qui n' avaient pas été mobilisés qui ne s' étaient même pas présentés au concours avaient occupé tous les postes des professeurs qui eux étaient prisonniers enfin en décembre quarante je fus nommé au lycée de Montluçon c' était pas trop loin de Clermont mais enfin c' était à une époque où il y avait des restrictions alimentaires et j' avais la chance de pouvoir revenir de temps en temps à Nohanent pour manger au moins une ration de pommes de terre j' étais professeur de troisième troisième A latin français grec et j' avais comme complément les études littéraires en classe de philosophie là où il y avait des filles car les euh la la scolarité n' était pas mixte à l' époque il y avait des filles et j' étais jeune et célibataire mon un vieux collègue de sciences naturelles m' avait dit surtout pas s d' histoire avec les filles hein pas s d' histoire sinon ça serait ça serait néfaste pour toi là à ce bé à ce lycée j' ai eu des élèves absolument remarquables ces élèves qui cinquante ans plus tard ne m' ont pas oublié j' ai eu la chance l' an dernier de retourner à Montluçon reçu par un de mes anciens élèves à sa table et qui m' a rappelé des souvenirs que j' avais quelque peu oubliés il avait été lui un bon élève il était médecin à la retraite à l' époque il était grand-père bien sûr eh bien j' ai eu disons le plaisir de recevoir après cette visite à Montluçon l' an dernier le discours reproduit dans le bulletin des anciens élèves le discours que j' avais prononcé à la distribution des prix avant mon départ pour un autre lycée donc j' avais laissé tout de même un bon souvenir à mes élèves à ce lycée de Montluçon j' étais très bien vu par mon proviseur on parlait à cette époque d' une réforme de l' enseignement c' était à la au lendemain de la libération il fallait rompre avec tout ce qui était traditionnel et c' est dans ce discours que j' avais repris tout ce qui m' avait été inculqué lors d' un stage à Sèvres en septembre quarante-six j' étais resté cinq ans professeur à Montluçon en septembre quarante-six ce proviseur m' avait désigné désigné pour ce stage qui avait duré trois semaines à à Sèvres où on devait créer des classes dites nouvelles il y avait là tous tous les tenants de cette de ce nouveau type de lycée il y avait là le directeur du second degré il y avait là le ministre de l' Education Nationale qui parlait à ce moment d' effervescence pédagogique que voulait-on créer cela je l' ai relu récemment dans ce discours que j' avais prononcé et que m' avait demandé de prononcer mon proviseur de Montluçon à la veille de mon départ il s' agissait de renouveler totalement l' enseignement de faire que les élèves soient heureux d' apprendre pour cela différentes solutions étaient préconisées il y avait là des des spécialistes de la psychologie scolaire bien sûr on parlait d' un lycée où les élèves auraient contact également avec l' extérieur il y aurait de nouvelles disciplines par exemple l' étude du milieu naturel étude du milieu humain on devrait faire des sorties avec les élèves leur faire voir comment fonctionnait l' administration municipale c' était de l' instruction civique avant la lettre somme toute et surtout on devait faire en sorte que les petits sixièmes qui quittaient l' enseignement primaire avec un seul maître qui leur enseignait s toute s chose et qui allaient demain se trouver avec une foule d' ins-~ de professeurs chacun spécial un pour les lettres un pour les mathématiques un t ça fait trop de maîtres alors on avait préconisé de faire en sorte que le professeur de lettres enseignât également l' histoire et la géographie que le professeur d' histoire enseignât les lettres que le professeur de mathématiques enseignât les sciences les s~ les sciences naturelles tout cela paraissait utopique je l' ai expérimenté par les s-~ par la suite et j' en ai dit ce que je pensais il fallait également faire en sorte que il n' y ait plus de s sanction ni dans le mauvais sens ni dans le bon sens finis les tableaux d' honneur les félicitations de conseils de discipline finies les compositions les distributions de prix tout cela était traumatisant pour les moins bons élèves et c' est cela qui devait être mis et tant d' autres choses que j' oublie peut-être en ce moment et c' est ce qui devait être expérimenté pour l' année scolaire quarante-cinq quarante-six c' est ce que j' ai expérimenté à Montluçon avec des élèves remarquables le proviseur avait pris soin de me confier cette sixième en y mettant tous les meilleurs élèves reçus au concours d' entrée car à cette époque il y avait un concours d' entrée en sixième j' ai eu là des élèves remarquables et nous étions dans une situation un peu particulière car tout n' était pas conforme aux recommandations de Sèvres il fallait que ces élèves de sixième ne soient pas trop différents des autres sixièmes il fallait qu' il y ait encore des colles il fallait qu' il y ait encore des compositions et des distributions de primes puisque j' ai eu à faire la distrib~ le le discours de distribution des prix et mes élèves auraient été tristes de ne pas avoir des prix comme les autres élèves de sixième et là encore une chance unique pour moi j' ai eu une inspection générale qui a décidé de mon sort une inspection générale avec des élèves remarquables je crois que nous étions en train d' étudier les différentes fonctions de l' adjectif et il était question d' apposition et je leur expliquais un peu à ma manière ce qu' était l' apposition que ce n' était pas toujours possible et le professeur~ le si-~ l' inspecteur je me rappelle son nom il s' appelait NNAAMMEE je me souviens de son nom parce que plus tard il est venu inspecter mon épouse professeur également qui était en train d' expliquer à ses élèves L' Ours Et L' Amateur Des Jardins de La Fontaine et l' inspecteur lui avait dit écoutez madame j' aimerais bien que vous choisissiez un autre exemple de La Fontaine eh bien le prof~ le l' inspecteur général leur dit voyons je vous cite cet exemple la taupe terrifiante et rapide s' enfuyait dans le désert vous croyez que c' est valable cette cette apposition les élèves se regardent oh non monsieur non monsieur parce que une taupe c' est pas terrifiant et ça n' est ça n' est pas rapide alors il lui dit vous voyez et je retiens sa formule vous voyez il faut que l' apposition fasse partie de ce qu' on appelle en logique formelle la compréhension du sujet la compréhension c' est-à-dire l' ensemble des caractéristiques que l' on trouve dans le nom auquel on appose un adjectif cet inspecteur me dit vous voulez rester à Montluçon ah j' ai dit moi ma foi je resterais bien mais ma femme à l' époque qui était ancienne élève de Fontenay n' avait qu' un désir rejoindre au plus vite la région parisienne il me dit vous voulez aller dans la région parisienne on ouvre en octobre quarante-six un lycée dans un parc de trente-huit hectares vous voulez y aller je vous y nomme d' emblée et c' est ainsi que j' ai quitté Montluçon pour Montgeron où j' ai fait toute ma carrière de professeur j' étais nommé bien sûr pour une classe de sixième puisqu' on créait un lycée avec au départ une sixième en réalité il y en avait quatre sixièmes des sixièmes de vingt à vingt-cinq élèves car on avait préconisé à Sèvres que les classes devaient comporter pas plus de vingt-cinq élèves inutile de vous dire que ça n' a pas duré bien longtemps nous é-~ il y n il y avait au départ cent vingt-trois élèves je le sais de manière précise parce que lors du cinquantenaire de ce lycée en quatre-vingt-seize j' ai eu à faire l' historique devant une foule rassemblée l' historique du lycée de Montgeron et de son évolution il y avait donc cent vingt-trois élèves quatre sixièmes d' une vingtaine d' élèves et deux cinquièmes squelettiques j' avais en charge évidemment à enseigner le français l' histoire et la géographie pour l' histoire ça ne posait pas de problème parce que je connaissais suffisamment de textes grecs et latins pour étud~ pour pour enseigner l' histoire ancienne la géographie c' était un petit peu plus difficile et ça me faisait quand même un peu de chagrin de penser de régurgiter le lendemain la leçon que j' avais apprise moi-même la veille ça ne me paraissait pas très sérieux et ce qui s-~ devint le plus difficile ce fut au niveau de la cinquième au niveau de la cinquième il fallait enseigner la géographie générale alors là vraiment j' ai affirmé au proviseur qui n' était que directeur à l' école parce à l' époque euh l-~ nous étions une annexe du lycée Henri IV de Paris je lui ai affirmé que ça n' était pas très sérieux que pour enseigner il fallait savoir plus tard à l' époque où j' étais inspecteur pédagogique j' ai eu des des maîtres auxiliaires qui me disaient oh nous n' avons peut-être pas le savoir mais nous nous avons le savoir-faire oh j' ai dit attention je leur disais attention jeunes gens le savoir-faire bien sûr il y a des gens qui ont du savoir et ils n' ont pas le savoir-faire mais le savoir facilite beaucoup le savoir-faire tel élève peut vous poser une question impertinente et vous ne saurez pas répondre immédiatement or le professeur qui ne peut pas répondre immédiatement à la question posée par ses élèves n' est pas digne d' enseigner j' ai enseigné dans ce lycée donc de dix-neuf cent quarante-six à dix-neuf cent soixante-douze j' ai enseigné dans toutes les classes car j' ai eu la chance de suivre mes élèves de sixième jusqu' au niveau de la troisième cela pour une raison bien simple le directeur qui pourtant ne m' aimait pas spécialement parce que je protestais souvent me confiait ses propres enfants |
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