L1: et pourquoi le maire avait refusé L2: ah parce que il y a des gens qui veulent qui veulent appeler leur leur fille assiette chaise fauteuil L3: n' importe bé parce que c' est pas c' est L2: pas quoi il y a des L3: oui mais il y a en a un qui s' appelle vous vous ne ça enregistre pas là non alors là je m' en vais L1: non non non vous pouvez rester L2: non L3: non vous savez la bande dessinée avec Corto Maltese vous connaissez eh ben euh euh ma fille s' est ma fille aînée qui est médecin scolaire L1: oui L3: elle a vu l' autre jour un petit garçon qui s' appelait Corto NNAAMMEE ça n' allait pas du tout ça ça Corto Maltese c' est un héros de bande dessinée alors il a fallu qu' on oui il s' appelle Corto L1: hum hum mais on l' a laissé s' inscrire avec ce nom L2: oui L1: et en fonction de quoi on dit oui ou non vous savez ou vous savez L2: pas je sais pas je crois que il y a un calendrier avec des prénoms euh authentiques authentiques entre guillemets comment c' est-à-dire d' origine chrétienne en fait on s' est aperçu déjà sous la révolution française que ces ces saints étaient de faux saints et c' étaient des noms païens bon alors euh après il y a eu l' invasion euh des noms espagnols italiens les mots d' anglo-saxonne alors on a fini par être plus laxiste et accepter plus largement il y a des gens qui s' appellent Jeremy John John NNAAMMEE par exemple L3: mais à l' époque euh à l' époque où euh le enfant ça avait un empire colonial qui était énorme L2: c' est pas L3: mal euh quand il y avait je me le rappelle un je crois que c' était un président du Conseil nommé NNAAMMEE qui était allé se promener en Afrique Noire on avait appelé les enfants NNAAMMEE comme prénom alors vous vous rendez compte non c' est c' est ridicule moi L2: oui oui oui oui oui bé bon alors tu si tu veux tu peux parler L3: je trouve non non non non non non alors vous vous êtes né où ici à Bayonne L2: je suis né à Bayonne en dix-neuf cent vingt-cinq et pff je sais pas je suis parti j' avais trois mois à Pau ma mère était couturière elle avait commencé à dix-huit ans à se lancer dans la couture c' était l' époque où il y avait pas de comment dire de de charges sociales elles ont es apparu en dix-neuf cent vingt-sept deux ans après alors elle est passée de quinze ouvrières à deux parce que elle pouvait plus les les payer alors mon frère aîné qui avait quatre ans de plus que moi était très gâté parce qu' il passait de de fille en fille vous comprenez tandis que moi j' ai été élevé de bon il a servi de brouillon pour moi or j' étais apparemment mieux réussi que que lui on est parti à Pau où mon père euh qui était un un prolétaire comme son père son père était cheminot le mon le mien était ajusteur ferronnier et puis pendant la guerre comme il était sur des skis là vous savez euh skieur alpin mais tout L1: petit L2: ah un mètre cinquante il devait faire de grandes enjambées pour suivre les autres il est passé dans les P T T parce qu' il il y avait toutes les lignes téléphoniques qui étaient ravagées dans dans l' est alors le travail c' était installer les lignes téléphoniques installer les serrureries rebâtir les maisons alors il a grimpé il a les échelons et quand il a été nommé chef de service il est mort en mille neuf cent trente du diabète parce qu' il avait un des ancêtres qui avaient du diabète il a refilé ça mon frère qui au retour de sa déportation en Allemagne est revenu diabétique et moi génétiquement j' ai échappé à cette fatalité or mon frère continuait dans les P T T c' est-à-dire il est devenu euh télégraphiste à bicyclette il portait les télégrammes c' était pas l' époque encore du fax hein moi pendant les vacances je gagnais ma vie comme télégraphiste euh de dix à quinze ans après avoir gardé les vaches chez mes chez mes oncles paysans lui il est devenu facteur et alors ce qui est curieux c' est qu' il était très paresseux et c' est moi qui avait quatre ans de moins qui l' ai fait travailler je l' ai fait recevoir à l' examen des commis des P T T puis d' inspecteur des P T T toujours premier mais comme j' étais plus jeune il avait de la difficulté à m' obéir parce que c' était moi qui lui faisais la la classe oh puis je suis devenu euh instituteur euh après euh pff un concours d' entrée et je sais pas si c' est pareil en Espagne les Ecoles Normales s d' instituteur non non ah bon et qu' est-ce que c' est alors L1: non non non il y a des études spécifiques des études de trois ans ou cinq ans L2: alors à ce moment-là euh ceux que l' on appelait les hussards de la troisième république c' étaient les gens qui entraient en religion si je peux dire en religion laïque comme s instituteur et moi j' étais instituteur euh au moment de la guerre et Pétain a supprimé les Ecoles Normales à ce moment-là L1: hum hum L2: alors on m' a euh on m' a placé au lycée de Mont de Marsan et à Mont de Marsan euh il y a eu l' invasion de la zone libre par les allemands alors on m' a rattaché à ma maison mère qui était l' Ecole Normale de Lesca mais c' était le lycée de Louis Bartou là où était monsieur Bayrou le le ministre de l' Education Nationale il y a quelques années comme prof comme jeune prof puis de l' Ecole Normale moi je L1: hum L2: fils de prolétaire je me disais ça instituteur c' est euh c' est le pied c' est c' est c' est formidable euh euh ma grand-mère elle ne savait pas écrire c' était une ancienne bergère racleuse de peau de mouton mon grand-père était marchand peau de mouton en Espagne en Allemagne L1: hum L2: pour une affaire de juifs européens euh mes parents et les siens avaient le certificat d' étude donc euh ce que nous avons appris comme vocabulaire c' est à l' école primaire avec de très bons instituteurs de très bons professeurs mais comme ma mère n' avait jamais fait de latin on m' a mis dans une école primaire supérieure et quand j' ai voulu faire du latin ça été à en seconde avec six ans de retard seconde et première j' en ai fait deux ans il me reste plus grand chose à part le latin d' enfant de choeur que j' ai appris quand j' étais enfant de choeur voilà bon puis après là j' ai rattrapé le temps perdu parce que on nous obligeait à faire le certificat d' étude jusqu' à trei~ douze ans alors on entrait au lycée avec deux ans de retard après quand j' ai je suis passé à l' Ecole Normale au lieu de me mettre de me passer en première on m' a fait redoubler la seconde alors j' avais pris trois ans de retard mais quand je suis arrivé après le baccalauréat en khâgne à Toulouse au lycée Vermar comme ma femme à au lycée Fénelon à Paris là on était reçu du premier coup euh à deux Ecoles Normales Supérieures Saint-Cloud et ce qui fait que les gens qui étaient plus âgés que nous les carrés qui avaient déjà deux ans les cubes qui étaient déjà depuis trois ans les tétras qui étaient depuis quatre ans les pentas il y en avait que deux qui étaient là depuis cinq ans pour préparer Normale Sup au Saint-Cloud et il y avait dans le fond une espèce de sanglier aux ongles noirs avec les cheveux longs qui sentait mauvais qui était hexa il était là depuis six ans il avait déjà vingt-six ans il était licencié il avait il y avait pas de maîtrise à cette époque oh j' ai eu la chance d' être reçu en hypokhâgne dès la première année alors j' ai rattrapé tout mon retard et j' ai été prof à vingt-trois ans L1: hum hum L2: voilà après plus tard euh agrégé puis docteur voilà si vous voulez euh en gros agrégé de Lettres euh Modernes puisque le latin bon non euh j' avais une seule chose une seule crainte c' est de ne pas pouvoir faire une licence parce que il fallait du latin euh même les Modernes alors je me dis pourvu que je tombe à côté d' un curé ou de d' un séminariste pour pouvoir copier sur lui parce que c' est pas possible mais l' admission à une Ecole Normale Supérieure me me me dispensait de du certificat d' étude littéraire avec latin alors comme ça mon vocabulaire latin étant très pauvre je je m' en suis passé quoi je suis passé euh à l' ENSET Ecole Normale Supérieure de l' Enseignement Technique où j' ai eu plus tard il y en avait que cinq en France des écoles nationales professionnelles nous avons été nommés à Saint-Etienne là on a préparé au baccalauréat qui venait de naître en cinquante-six E qui était le bac C le bac math-Elem je sais pas si ça existe ou pas en Espagne bon S mathématiques surtout mathématiques physiques et en plus de la technologie du dessin industriel qui préparait ensuite aux Arts et Métiers je ne savais pas enseigner mais les élèves étaient tellement triés soixante-dix sur douze cents présentés oh c' était un massacre de prolétaires on prenait la crème des prolétaires et directement ils avaient tous le bac malgré moi puisque je je ne savais pas enseigner encore et ensuite les Arts et Métiers dans la foulée quoi voilà L1: hum L2: voilà mes débuts littéraires le vocabulaire très pauvre au départ ma grand-mère qui était bergère et qui confondait les mots me disait le va me chercher des poivres moi j' allais chercher du poivre parce que j' étais quand même à l' école je savais distinguer le poivre euh du sel mais non je t' ai demandé des poivres elle me dit elle voulait penser des poireaux alors vous voyez c' est j' étais pas très aidé sur le plan familial par le le vocabulaire euh parlé L1: mais c' est parce qu' elle parlait une autre langue votre grand-mère ou elle parlait que français L2: bon je me suis rattrapé on parlait on parlait souvent gascon à la maison L1: hum hum L2: Bayonne contrairement à ce que disent les basques est une ville gasconne aux élections ils ont euh entre un et demi et trois pour cent des voix or il y a des chansons que je chantais quand j' avais dix ans pour les fêtes de Bayonne qu' a-~ qu' avait fait un chanoine local L1: hum hum L2: prés de la prés de l' Adour à la faconde gasconne charmante et gracieuse cité où respire la liberté voilà ce qu' on chantait en mille neuf cent trente-cinq au moment des premières fêtes de Bayonne les basques ont commencé à à se remuer beaucoup plus tard avec l' arrivée des réfugiés espagnols L1: hum hum L2: j' avais en classe des deux espagnols qui avaient appris la langue à toute vitesse qui étaient devant nous à l' école en français même elle rit elle est comme ça bon et puis je l' ai retrouvé cinquante ans après ce garçon puis il il est mort brusquement alors j' avais repris des cours d' espagnol avec lui parce qu' il en donnait à Bayonne c' était rigolo alors ces ces réfugiés espagnols dont beaucoup des basques nous ont amené euh la danse les chants euh moi je me suis inscrit parce que les curés au patronage étaient basques les instituteurs ils étaient basques donc ils nous faisaient chanter en basque sans nous donner la traduction comme en latin sans nous donner la traduction chantait latin c' était malin ça bon et puis j' ai fait partie du groupe des Bastalai avec appris le Flamenco et caetera du côté de Barcelone j' ai appris la Sardanne après quand quand j' ai fait des cures par là à Barcelone aussi voilà alors euh je vous dis euh un peu sur la langue mais euh je trouve absurde de de faire parler des gosses en latin de faire parler des gosses euh en basque euh de chanter en basque et puis après ce n' est que beaucoup plus tard euh quand à l' Ecole Normale j' ai voulu savoir quand même ce que je chantais adieu bien ma bien aimée adieu ma belle étoile bon c' est c' était merveilleux mais qu' on me le dise qu' on me qu' on qu' on nous le dise or j' ai regretté après quand je suis revenu professeur ici bon je j' avais cinq casquettes de président de pff euh de télé-club de de théâtre de club UNESCO pour la ville de Bayonne et caetera alors je recevais des gens ici à table comme vous venus du Brésil d' Amérique du Canada des des noirs euh et et mes filles avaient six ou sept correspondantes japonaises polonaises et caetera elles sont allées partout chez leurs correspondantes donc j' avais pas me déplacer puisque les gens venaient à moi mais ils parlaient tous français c' étaient des professeurs de français du Brésil de Chine de de Russie et caetera alors je là j' ai vécu L1: un hum hum L2: un un mouvement d' ouverture à toutes je dis pas les langues parce que heureusement que c' étaient des français moi j' avais un anglais très pauvre et minable un espagnol convenable puisque j' en ai fait douze ans L1: hum hum L2: là à la rigueur je pouvais parler avec un cubain