PAO: prêtre du diocèse de Nantes qui va nous commenter ces textes PRE: eh bien le texte d' évangile que nous venons d' entendre en a troublé plus d' un et pour cause les paroles que que l' apôtre que l' évangéliste saint Luc met sur les lèvres de Jésus ne peuvent laisser personne indifférent pour peu qu' on les ait écoutées aimez même vos ennemis et puis et puis laissez prendre votre manteau à celui qui a déjà pris la tunique vous mes soeurs vous mes soeurs qui passez des heures d' adoration tous les jours pour mieux accueillir la parole de Dieu vous avez de l' avance sur nous mais moi je pense à tous les chrétiens qui ont entendu ou qui vont entendre aujourd' hui ce texte d' évangile dans toutes les églises du monde est-ce que je me trompe en imaginant deux réactions possibles la première la première euh carrément un refus de ces consignes qui apparaissent comme un défi au bon sens faut-il euh entretenir le vice faut-il se taire devant la haine et puis la tentation de ridic-~ ridiculiser l' évangile et certains ne se s' en ne s' en sont pas privés ridiculiser l' évangile ou bien ou bien terroriser les chrétiens combien de croyants sincères devant des textes comme celui là ont été sinon terrorisés du moins angoissés inquiets et bien obligés de reconnaître que leurs comportements habituels et leurs réactions instinctives n' ont ne sont euh à distance de ce que nous demande l' évangile mon Dieu qu' il est qu' il est important de comprendre l' évangile pour ne pas lui faire dire n' importe quoi nous nous allons prendre du temps tout simplement pour essayer de le comprendre nous sommes là pour cela dans cette communauté de de l' adoration et puis avec vous les amis invisibles devant votre écran de télévision c' est pour vous que je voudrais tenter de faire l' inventaire de ces paroles qui ne sont pas les injonctions d' un être dur et sévère mais qui sont euh les recommandations d' un Dieu qui veut notre bonheur trois remarques si vous le voulez la première non ces paroles de Jésus ne sont pas un défi au bon sens la deuxième mais c' est tout de même une nouveauté radicale et la troisième comme une question mais ces chemins sont-ils praticables la première très brièvement non les paroles de Jésus ne sont pas un sens et il faut savoir il faut savoir les lire euh tendre la joue droite euh à celui qui vous a frappé sur la joue gauche Jésus lui-même durant son procès n' a pas tendu l' autre joue au soldat qui le giflait non non c' est une manière de parler bien sûr et et Jésus a voulu nous dire qu' il faut dénouer dénouer la spirale de la violence mais mais ce que nous dit Jésus est tout de même une nouveauté radicale nouveauté radicale par rapport à la loi de Moise Jésus n' est pas venu abolir la loi il nous l' a dit mais l' accomplir c' est-à-dire c' est-à-dire euh la réaliser la pousser à son extrême limite les commandements les dix commandements étaient comme euh euh comme un minimum en dessous duquel il ne faut pas descendre mais Jésus veut dépasser la règle du minimum et nous inviter à plus à toujours plus pas seulement ne pas tuer nous faire rire pas seulement aimer ceux qui nous aiment mais aimer même ceux qui ne sont pas très aimables pas seulement la loi du donnant donnant et prêter euh on peut on peut prêter gratuitement et sans espoir de retour oui Jésus nous invite à inventer cette attitude nouvelle cette nouveauté euh radicale aimer même même ses ennemis et puis prier pour ceux euh qui nous font du tort mais une nouveauté radicale une nouveauté vertigineuse même par rapport à l' affirmation de Jésus avez-vous entendu son argumentation Jésus ne nous demande pas de nous conformer à une loi mais de nous conformer à Dieu lui-même à Dieu lui-même il nous donne un modèle Dieu lui-même nous sommes de la famille de Dieu et Jésus nous dit c' est dans de faire comme Dieu et d' être des inconditionnels de la bonté Jésus nous révèle notre vocation nous sommes voués à plus grand que nous c' est un formidable défi un formidable euh euh un formidable confiance dans le euh un formidable pari euh sur l' homme qui est invité à vivre de la vie même de Dieu voué à plus grand que nous mais mais qui peut vivre à cette hauteur qui les paroles de Jésus qui nous parlent de désintéressement de gratuité de pardon sont-elles mises en pratique quelque part quelques fois et par qui ces chemins sont-ils praticables et bien oui ils sont praticables parce qu' ils sont pratiqués regardez bien regardez bien oh bien sûr il ne faut pas se fermer les yeux sur l' enchaînement de des haines des violences des rancunes et des vengeances c' est c' est le lot quotidien de la vie des hommes entre eux et l' évangile le euh ce sont des réactions contraires complètement contraires à l' évangile vous voyez bien que l' évangile est aux marges hein non non il ne faut pas se fermer les yeux là-dessus mais mais on peut les ouvrir pour découvrir au coeur de ce monde de violence des gestes de gratuité des gestes gratuits ou de désintéressement des engagements complètement désintéressés euh regardez autour de vous dans les couples vous le diriez mieux que moi les les couples peuvent -ils tenir pourraient-ils tenir euh si on n' y consentait souvent des d' innombrables premiers pas et même de généreux pardons dans une communauté religieuse alors mes soeurs c' est à vous de le dire je suis sûr que vous empruntez souvent ces chemins ouverts par Jésus et dans la société et bien l' actualité nous fait part de temps en temps de ces gestes héroïques ou de ces engagements complètement désintéressés on pourrait euh essayer de trouver beaucoup d' exemples mais je préfère tenez je préfère euh tout conclure et résumer par euh par euh une anecdote un éclat d' évangile il a été écrit par euh un de mes amis prêtre Gérard Bessière et je ne résiste pas au plaisir de vous le citer euh à cause du style qui n' appartient qu' à lui elle attendait en bas ma jolie amie de soixante-seize ans que se passe-t-il que se passait-il pour qu' elle vienne ainsi sans prévenir un rien de désordre dans ses cheveux dans ses vêtements elle m' a expliqué qu' elle venait d' être bousculée par des jeunes dans le métro qui voulaient lui dérober son sac elle m' a raconté avec des yeux de petite fille étonnée puis elle a sorti une enveloppe de son sac à main voici mon père c' est une petite offrande vous la donnerez à une oeuvre qui s' occupe des délinquants vous comprenez il faut bien les aider ces jeunes pas un mot de colère ou de haine le réflexe de l' amour le réflexe de l' évangile en la voyant je regardais en elle ce que pourrait être la terre si l' invisible levain de l' évangile faisait partout lever le bon pain d' humanité mes amis une petite dame comme celle-là il y en a une sur mille sur sur dix mille peut-être oui vous avez raison ces gestes généreux de pardon sont sont rares et d' ailleurs les chrétiens n' en ont pas le monopole mais nous les chrétiens nous les disciples du Christ au nom du Christ est-ce que nous ne voudrions pas essayer de faire quelques pas sur ce chemin du pardon ou sur ce chemin de de l' amour gratuit pourrons-nous recevoir ce levain de l' évangile nous aussi pour faire lever le beau pain d' humanité voulons-nous recevoir ce ferment en venant communier ce matin il y va de notre bonheur et du bonheur de ceux qui nous entourent GRE: l' homélie nous est maintenant donnée par le père Gabriel Nissime Dominicain GAB: il est bien plus facile de voir les défauts que les qualités d' abord chez les autres ceux qui font le bien c' est la moindre des choses c' est normal mais leurs défauts il faut vivre avec et c' est pas toujours drôle mais vous savez c' est aussi pareil pour soi-même demandez à quelqu' un son principal défaut il va vous répondre tout de suite il n' a que l' embarras du choix demandez-lui sa principale qualité et bien vous verrez il va hésiter il ne va pas savoir quoi dire parce qu' on a toujours du mal à reconnaître ses propres qualités et c' est vrai aussi pour Dieu pourquoi est-ce que tant de gens ont du mal à croire à un dieu bon c' est parce qu' ils voient tout ce qui ne va pas dans le monde et on les comprend et bien cette façon de voir le mal toujours avant le bien ça c' est ce que l' évangile d' aujourd' hui appelle être des aveugles avoir une poutre dans l' oeil alors cette affaire de la paille et de la poutre il faut bien la comprendre ça ne veut pas dire que chacun doit se juger pire que les autres saint Paul nous dit oui que il faut toujours estimer les autres supérieurs à soi c' est une bonne attitude mais ce n' est pas du tout de celle dont il s' agit aujourd' hui des défauts nous en avons tous moi et vous alors un peu plus un peu moins est-ce que c' est ça l' important ce qui est grave ce qui rend la vie difficile les uns avec les autres c' est quand on ne voit que le mal chez les autres en soi et dans le monde vous savez ces gens qui sans cesse critiquent ne sont jamais contents ont une sorte de de regard négatif sans cesse un regard amer sur les autres vous savez les enfants quand par exemple on dit tu es nul ça vous arrive de dire à quelqu' un tu es nul ben c' est pas vrai qu' il est nul et si on vous dit à vous tu as vu tes notes tu es vraiment nul c' est pas vrai que vous êtes nul personne n' est nul mais avec un regard de ce type là c' est vrai que on risque d' entraîner les autres avec soi dans le trou du désespoir et c' est très lourd à porter vous savez ce qui est désespérant hein c' est cette pauvreté je dirais radicale quand on a le sentiment qu' on a plus rien à donner plus rien à apporter aux autres que les autres n' attendent plus rien de vous alors on est en quelque sorte je dirais en chômage de la vie en chômage de notre place parmi les autres du mal c' est vrai qu' il y en a c' est évident mais c' est précisément parce qu' il y a du mal que nous devons discerner avec une vraie lucidité le bien qui est aussi en nous il nous faut avoir cette lucidité vous savez qui va au-delà des apparences au-delà du visible pour voir le bien pour voir les possibilités de bien chez les autres une lucidité vraie c' est une lucidité qui a de la bienveillance alors que autrement notre lucidité elle est fausse elle jette sur les autres une lumière crue une lumière cruelle nous avons absolument besoin d' être encouragé d' être encouragé par un regard de confiance les uns sur les autres il y a une parole que les enfants général aiment bien dans la bible c' est cette parole dans laquelle on dit que l' homme regarde le visage mais que Dieu regarde le coeur nous nous ne voyons que le visage l' apparence mais Dieu lui il regarde le coeur nous ne voyons que le visible mais vous le savez bien la vérité d' un être humain est toujours de l' ordre de l' invisible alors c' est une réali-~ une responsabilité que nous avons les uns à l' égard des autres c' est une responsabilité que Dieu nous confie la responsabilité d' être les témoins du regard que Dieu porte sur nous nous-mêmes de nous regarder les uns les autres à la façon dont Dieu nous regarde à la façon dont le Christ nous regarde dont il regarde les pauvres dont il regarde les pêcheurs que nous sommes et ce regard il va jusqu' au plus profond de l' être non seulement pour y discerner de la bonté mais aussi pour y créer de la bonté car devant les défauts les difficultés que nous avons les uns avec les autres nous n' avons pas au nom de Dieu à être des redresseurs de s tort nous avons plutôt à nous encourager à nous donner le courage les uns aux autres de vivre et de faire fructifier tout ce qu' il y a de bon en nous vous savez les chrétiens l' église on a l' impression qu' ils sont toujours en train de corriger les autres de leurs défauts et bien non nous n' avons pas au nom de Dieu à nous faire la morale les uns aux autres c' est pas ça notre responsabilité ni aux autres ni à nous-mêmes nous avons la charge de croire croire en la bonté des autres croire en sa propre bonté et c' est pas toujours évident ni facile croire en la bonté de Dieu et du monde et ce regard là c' est un regard qui crée de la confiance qui crée de la bonté exactement comme sainte Julie Billard la patronne de cette paroisse dont nous fêtons le deux cent cinquantième anniversaire vous savez ce qu' elle disait qu' il est bon le Bon Dieu et bien c' est cela dont nous avons à témoigner nous-mêmes sans cesse et je ne sais pas si vous avez remarqué dans le texte d' évangile d' aujourd' hui il y a un mot clé un mot qui revient à plusieurs reprises c' est le mot de frère toi mon frère et bien si tu es mon frère je ne suis ni ton père ni ton maître ni ton juge si tu es mon frère je n' ai pas à t' accuser vous savez l' accusateur des frères ça c' est le démon nous n' avons pas nous accuser les uns les autres nous n' avons pas nous dénoncer les uns les autres qu' as-tu fait de ton frère l' as-tu tué par tes paroles de jugement d' accusation ou l' as-tu aidé à surmonter ses propres faiblesses alors je vous propose pour aujourd' hui avant le repas de midi peut-être un petit jeu vous allez prendre un papier et vous allez y écrire votre principale qualité puis vous allez prendre un autre papier et vous allez écrire les principales qualités des gens qui vous entourent puis vous allez comparer et vous allez voir vous aurez des surprises et même d' heureuses surprises au sein de notre humanité blessée souffrante nous avons à témoigner de cette bonté de chacun d' entre nous des qualités de chacun d' entre nous envers et contre tout avoir les uns sur les autres ce regard frais de foi d' espérance qu' il est bon le Bon Dieu l' année jubilaire est finie le pape a refermé les portes saintes des basiliques romaines les milliers de jeunes qui l' ont entouré lors des journées mondiales du mois d' août sont maintenant rentrés chez eux de nombreuses catégories professionnelles et sociales sont venues se ressourcer à Rome et y renouveler leur foi et leur joie ce jubilé de l' an deux mille a été pour beaucoup un grand moment de rajeunissement de grâce et de lumière mais enfin maintenant les lampions sont éteints la fête est terminée et vient le temps du quotidien ce quotidien parfois monotone mais qui constitue le lieu normal de nos vies chrétiennes cela ne veut pas dire qu' après le temps des torches des lampes et des cierges nous devions maintenant placer nos vies sous des éteignoirs cela veut dire que la lumière reçue doit être transmise chaque jour qu' elle doit nous aider à vivre quand nous sommes dans la pénombre et que les portes saintes franchies pour mieux entrer dans l' église doivent l' être aussi pour sortir vers le monde et marcher vers nos frères rassurez-vous pendant ces six prochaines rencontres je ne vais pas limiter mon propos à vous parler d' ennui et de monotonie je voudrais simplement en respectant l' enseignement de l' évangile et de la liturgie de chaque dimanche montrer que cette lumière de nos assemblées liturgiques peut et doit révéler colorer et enrichir notre regard sur la vie de chaque jour commençons dès ce matin en regardant comment Jésus inaugure son ministère et son service de la parole quel paradoxe l' esprit de Dieu le conduit pendant quarante jours de solitude et de silence dans la monotonie du désert de Judas il vient y rencontrer la faim la soif et les tentations il ne choisit donc pas la facilité mais toutes ces formes de combat que symbolise pour nous le désert il choisit d' être mis à l' épreuve car le désert est toujours un lieu d' s épreuve et de combat au seuil de son ministère qui va privilégier les pauvres voilà que le démon l' engage à rechercher le pain c' est-à-dire la nourriture la satiété la jouissance de ce qui est matériel alors qu' il s' apprête à nous appeler au service de nos frères le tentateur lui suggère la puissance l' autorité la gloire et le pouvoir sur les royaumes temporels