_: L' aviron français navigue entre deux eaux ; Aux Mondiaux de Séville ( Espagne ) , les chances de médailles sont minces Il ne serait pas impossible que l' équipe de France revienne sans une seule médaille dans sa besace . Ces derniers jours , avec un sens aigu de la litote , Yannick Le Saux a répété , assené et martelé cette phrase plusieurs dizaines de fois . Comme la plupart des cadres de son équipe , le directeur technique national ( DTN ) de la Fédération française des sociétés d' aviron ( FFSA ) sait que ses rameurs ont de grandes chances de rentrer bredouilles des championnats du monde de Séville , dont les finales auront lieu samedi 21 et dimanche 22 septembre . A l' issue des éliminatoires et des repêchages , qui ont débuté le 15 septembre dans la capitale andalouse , les résultats des Français sont , pour l' instant , conformes aux prévisions : passables . Certes , huit des neuf bateaux tricolores engagés se sont qualifiés pour les demi-finales , jeudi 19 septembre , sur le Guadalquivir mais , ici , personne ne veut faire de vagues . A moins de deux ans des Jeux d' Athènes , les Bleus sont entrés dans une phase de reconstruction active . On le pressentait avant même que ne débute la saison internationale , explique Alain Tellier , le président de la FFSA . Après le retrait de la compétition de ses leaders , 2002 serait pour l' équipe de France une année de transition . Deux ou trois équipages peuvent espérer rentrer médaillés de Séville mais il leur faudra une réussite optimale . Traduction : décrocher une médaille sera un exploit ; deux , une prouesse et trois , un miracle . Pour comprendre , il faut revenir deux années en arrière . Aux Jeux olympiques de Sydney , les rameurs français montent trois fois sur le podium , dont deux fois sur la plus haute marche . Le deux sans barreur ( Jean-Christophe Rolland-Michel Andrieux ) et le quatre sans barreur poids léger ( Laurent Porchier , Jean-Christophe Bette , Yves Hocdé et Xavier Dorfman ) deviennent champions olympiques . Une première depuis 1952 . L' année suivante , Jean-Christophe Rolland et Michel Andrieux décident d' arrêter leur carrière . Idem pour Yves Hocdé , Xavier Dorfman et Laurent Porchier . Soudain , l' aviron français perd ses leaders charismatiques . Un coup dur . Nous vivons désormais ce que nous pressentions depuis deux ans , confirme Olivier Pons , l' un des entraîneurs nationaux . Entre 1996 et 2000 , nous avons eu une génération exceptionnelle . Elle a disparu . Nous avons du mal à reformer un collectif très rapidement . Chez nous , il n' y a pas de génération spontanée . Il faut bosser . Sport à maturation lente , l' aviron n' aime guère improviser . L' année dernière , la France avait rapporté cinq médailles des Mondiaux de Lucerne , dont deux d' or . Mais ces deux titres conquis en huit masculin avec barreur poids léger et quatre avec barreur hommes n' ont aucune signification sportive puisque ces deux bateaux ne sont pas olympiques . Des autres médaillés de Lucerne en 2001 ne restent que Chapelle-Moreau en deux de couple poids léger et Vieilledent-Hardy en deux de couple . Pire , trois des quatre rameurs de l' équipage du quatre sans barreur poids léger , médaillé de bronze en 2001 , ont rangé leurs rames même si Xavier Dorfman a annoncé son retour pour 2003 . Sans bateau-phare Conséquence : les Mondiaux représentent bien plus qu' une étape de transition préparatoire en vue des JO de 2004 . C' est un chantier de reconstruction . L' équipe de France a été renouvelée aux deux tiers , confirme le DTN , Yannick Le Saux . Sur les neuf bateaux engagés , six ont été formés cette année . A Séville , la seule véritable chance de médaille française repose désormais sur les épaules de Sébastien Vieilledent ( 26 ans ) et d' Adrien Hardy ( 24 ans ) , vice-champions du monde en titre et vainqueurs , en juillet , des prestigieuses régates royales de Henley . Jusqu'à l' année dernière , en équipe de France , il y avait des bateaux-phares qui montraient le chemin aux jeunes , souligne Sébastien Vieilledent . Maintenant , c' est à nous de tracer la route même si nous n' avons pas encore l' expérience , ni le palmarès pour assumer ce rôle de leaders . Les deux coupleux seront fixés , jeudi 19 septembre , à l' issue des demi-finales . Mais , disent -ils , si nous rentrons sans médaille , cela ne sera pas la fin du monde , ajoute Sébastien Vieilledent . En fait , cette idée nous permet de rester décontractés sur l' eau .