_: LUTTE . Devenu entraîneur , Ghani Yalouz oeuvre au pied des tapis LES CHAMPIONNATS DU MONDE DE GRÉCO-ROMAINE SE DÉROULENT À CRÉTEIL JUSQU'À DIMANCHE IL EST 21 heures jeudi 2 octobre et , à l' issue du deuxième combat victorieux de Yannick Szczepaniak , Ghani Yalouz serre des mains . Tantôt au pied des tapis , dans l' espace réservé aux concurrents , tantôt sur les gradins , parmi le public . Dans son survêtement blanc aux bandes tricolores et aux jambes légèrement retroussées sur les mollets , le vice-champion olympique ( en 1996 ) , devenu directeur des équipes de France de lutte , reçoit les félicitations : les championnats du monde de lutte gréco-romaine , organisés à Créteil ( Val-de-Marne ) jusqu'au dimanche 5 , ne font que débuter , et l' équipe de France vient d' obtenir un premier billet pour les Jeux olympiques d' Athènes , en 2004 . Ce rendez -vous mondial a en effet un double enjeu : outre les titres décernés , les dix premiers de chacune des sept catégories seront directement qualifiés pour les prochains Jeux . Combattant dans la catégorie des 120 kg , la moins fréquentée , Yannick Szczepaniak s' est qualifié directement pour les quarts de finale . DIFFICULTÉ CORSÉE Ce premier succès revêt d' autant plus de valeur qu' il correspond à un « pari réussi » : « Yannick combattait auparavant en 96 kg , précise Ghani Yalouz . A 21 ans , c' est seulement sa troisième compétition dans sa nouvelle catégorie . C' est une très grande satisfaction , compte tenu de la concurrence extrêmement forte. » Pas moins de 72 pays participent à ces championnats du monde . Le système de compétition corse la difficulté : au premier tour , les lutteurs sont répartis dans des poules , par tirage au sort intégral . En lutte , point de têtes de série . Il n' est donc pas rare de voir disparaître certains favoris dès le début de la compétition . Les premiers de chaque poule sont qualifiés pour un tableau par élimination directe . Autre grande satisfaction pour le patron de l' équipe de France : la performance de Melonin Noumonvi , dans la catégorie des 84 kg , qui sortait vainqueur de ses deux matches de poule et se qualifiait pour les huitièmes de finale . « Melo a un potentiel énorme , surtout dans la perspective des Jeux de 2008 . S' il y arrive pour 2004 , ce sera du bonus. » En revanche , la course au billet olympique s' est arrêtée pour Hamou Oubrick , en 55 kg , et pour Philippe Bendjoudi , en 66 kg . Ghani Yalouz se réjouissait cependant de l' attitude de ce dernier : « Philippe a fait preuve d' un courage qu' il faut donner en exemple , car il s' est présenté malgré une blessure . C' est un comportement de vrai lutteur. » « GROUPE EXCEPTIONNEL » Vendredi , c' était au tour d' Igor Balaur , de Cédric Theval et de Djamel Aïnaoui , le chef de file de l' équipe de France , deux fois médaillé aux championnats d' Europe , de rentrer en lice , respectivement en 74 kg , 96 kg et 60 kg . « Djamel a une poule très difficile , mais , s' il veut être champion du monde , il faudra qu' il se batte , et je suis sûr qu' il le fera » , affirme Ghani Yalouz . Il pense disposer d' un « groupe vraiment exceptionnel , riche , à l' image de la France d' aujourd'hui , semblable à l' équipe de France black-blanc-beur championne du monde de football en 1998 » . Ses athlètes sont d' origines diverses - marocaine , kabyle , moldave , togolaise , bourguignonne ou polonaise - mais vivent dans le « respect des autres et la tolérance » . Ghani Yalouz sait reconnaître ce qu' il doit aux autres . C' est la raison pour laquelle il n' a plus un seul des trophées glanés à travers le monde : « Je n' ai rien à la maison , même pas ma médaille d' Atlanta . Ce sont mes parents et mes frères qui ont tout . C' est normal , c' est à eux que tout ça revient. » Jeudi soir , Ghani le généreux s' est encore défait d' un objet . Ce n' était qu' un simple mouchoir , comme ceux que les lutteurs coincent traditionnellement dans leur maillot , mais c' était celui qu' il portait à Atlanta , lors des Jeux de 1996 , et qu' il venait de prêter quelques instants plus tôt à Yannick Szczepaniak . « Il m' a demandé s' il pouvait le garder , et je lui ai dit : « Je te le donne , c' est un porte-bonheur » . » Dans un grand éclat de rire , il ajoute : « Et je ne l' ai plus. »