_: Les tribulations d' Abraham Jackson Le gardien international libérien joue pour un petit club de la Loire Abraham Jackson aurait aimé jouer au moins quelques minutes à la Coupe d' Afrique des nations ( CAN ) . Gardien remplaçant de la sélection du Liberia , il est resté sur le banc pendant les trois matches disputés par ses coéquipiers , contre le Mali ( 1 - 1 ) , l' Algérie ( 2 - 2 ) et le Nigeria ( 0 - 1 ) . Sous la houlette du charismatique George Weah , qui participait là à sa dernière compétition internationale , le Liberia a été éliminé dès le premier tour de la CAN . Abraham Jackson regrette de n' avoir pas eu l' occasion de se montrer , ce qui n' aurait pas manqué d' interloquer spectateurs et journalistes . Car s' il évolue en Europe , comme c' est le cas pour la majorité ( 56 % ) des joueurs présents à la CAN , le nom de son club n' évoque rien aux spécialistes . Depuis quatre ans , il est gardien de but à Feurs ( Rhône ) , une ville de 7 800 habitants située entre Lyon et Saint-Etienne dont l' équipe première joue en division d' honneur ( DH ) , autrement dit à six échelons sous la division 1 . Son histoire est celle d' un footballeur africain qui rêvait de devenir professionnel en Europe et qui n' aura fait que porter les maillots de petits clubs . En cette année 1990 , il vient d' acquérir sa majorité lorsqu' il décide de quitter Monrovia , son club des Invincible Eleven et ses sept frères et soeurs . Le pays vit une terrible guerre civile après l' insurrection du Front national patriotique de Charles Taylor . Le football est une sortie de secours inespérée . Dans la foulée de George Weah , parti à Monaco , de nombreux jeunes Libériens vont tenter l' aventure du ballon rond en Europe . Abraham Jackson en est . Fracture au tibia Sa première escale est un club de promotion d' honneur ( PH ) , le FC Limonest , qui est entraîné par un Camerounais . Dans cette bourgade de 2 800 habitants située au nord de Lyon , le jeune gardien est payé 2 000 francs par mois , reçoit des bons d' achat à l' épicerie du coin et est logé chez un joueur de l' équipe . Il y reste une saison avant d' être recruté par le centre de formation de l' Olympique lyonnais , qui va le garder pendant deux saisons sans jamais lui proposer de contrat . Une fracture au tibia stoppe sa progression . Suit alors un périple au coeur du football amateur français . Il atterrit à La Grand-Combe ( Gard , 5 900 habitants ) , dans un club de DH . Un an plus tard , on le retrouve à Bagnols-sur-Cèze ( Gard , 18 500 habitants ) , toujours en DH . Il gagne 6 000 francs par mois mais bientôt le club n' a plus les moyens de le payer . J' avais l' impression d' avoir servi de marchandise . Le football a cessé de m' intéresser . J' ai arrêté de jouer et je suis retourné à Lyon où j' ai travaillé dans un magasin de jeux vidéo pendant quatre mois , se souvient -il . L' US Feurs , en quête d' un gardien de but , finira par le convaincre de rechausser les crampons . Là-bas , les gens m' ont adopté , comme si j' étais leur enfant , poursuit -il . Il gagne aujourd'hui 6 000 francs par mois et roule dans une voiture de fonction . Sa présence dans la sélection libérienne est récente . Lors de vacances aux Etats-Unis , en juillet 2001 , il joue , par hasard , à disputer un match entre expatriés libériens auquel participe George Weah . George m' a dit qu' il me sélectionnerait afin de mettre la pression sur le gardien titulaire , raconte -t-il . Chacune de ses apparitions dans l' équipe nationale lui rapporte 5 000 dollars , ce qui lui permet de renflouer son compte en banque . Arrivé au Mali , via le Liberia , avec un billet d' avion au tarif économique qu' il est impossible de modifier , Abraham Jackson a dû prolonger d' une semaine son séjour en Afrique , malgré l' élimination de son équipe . Pendant son absence , l' US Feurs a subi deux défaites , contre Neuville-sur-Saône ( 0 - 1 ) et contre Saint-Priest ( 4 - 0 ) . Comme quoi , il n' y a pas que les grands clubs européens qui souffrent de l' absence des joueurs africains .