_: FOOTBALL . Les nouvelles règles du mercato fâchent les clubs professionnels Football Ouvert depuis le 1er janvier , le mercato d' hiver , qui dure un mois , ne devrait pas générer de transferts records . D' autant qu' une nouvelle disposition , imposée par la Commission européenne , empêche les joueurs déjà mutés pendant l' été 2002 de quitter leur nouveau club Le marché hivernal des transferts de joueurs de football est officiellement ouvert depuis les premières heures de la nouvelle année . Les clubs professionnels ont jusqu'au 31 janvier pour modifier leurs effectifs . A la différence des années précédentes , ce mercato d' hiver ne devrait pas engendrer des mouvements importants . Une nouvelle réglementation de la Fédération internationale de football limite les mutations des joueurs à une seule par saison . Cette disposition irrite de nombreux dirigeants et complique la carrière de certains joueurs . A Lens , le président Gervais Martel , par ailleurs président de l' Union des clubs professionnels de football ( UCPF ) , est confronté à cette situation avec l' attaquant ivoirien dagui bakari . « Garder quelqu' un contre son gré , c' est aller à l' encontre du droit du travail » , estime -t-il . DU 1ER AU 31 JANVIER , les clubs de football professionnels vont pouvoir « ajuster » leurs effectifs lors du traditionnel mercato d' hiver . Mais , pour la première fois depuis qu' existe cette période réservée aux transferts , de nombreux footballeurs n' auront pas le droit de changer de club comme ils le souhaiteraient : sont ainsi concernés tous les joueurs qui , lors de la précédente période de mutation , pendant l' été 2002 , ont déjà été transférés . Cette disposition figure dans le nouveau règlement de la Fédération internationale de football ( FIFA ) . Celui -ci est né , en mars 2001 , des négociations que le monde du football professionnel avait dû mener avec la Commission européenne , qui voulait remettre de l' ordre dans le système des transferts de joueurs . Afin de stabiliser un marché qui avait perdu sa raison ( sommes folles , transferts multiples pour un même joueur , etc. ) , plusieurs mesures de régulation avaient été adoptées . L' idée de limiter les joueurs professionnels à une seule et unique mutation par saison n' avait , à l' époque , choqué personne . Ce qui n' est pas le cas aujourd'hui , à l' heure de la mise en pratique de ce nouveau règlement . « remplacer nos salariés » « C' est une connerie monstre » , lance Gervais Martel , le président du RC Lens et du syndicat des clubs français , l' Union des clubs professionnels de football ( UCPF ) . M. Martel est confronté directement au problème avec le cas de son attaquant Dagui Bakari . Ce dernier a été transféré de Lille à Lens au cours de l' été 2002 . Il n' a joué que 12 matches de Ligue 1 ( dont 7 comme titulaire ) et n' a pas marqué le moindre but avec sa nouvelle équipe au sein de laquelle un autre attaquant lui aussi nouvellement arrivé , le Nigérian John Utaka , s' est montré plus efficace ( 18 matches , 5 buts ) . Dagui Bakari veut quitter Lens . Lens veut se séparer de Dagui Bakari . Et un club anglais , dit -on , est même disposé à l' accueillir . « Quand toutes les parties sont d' accord , il devrait y avoir une exception au règlement , estime M. Martel . Garder quelqu' un contre son gré , c' est aller à l' encontre du droit du travail et à l' encontre de l' arrêt Bosman [ sur la libre circulation des footballeurs ] . » Connus ou inconnus , de nombreux footballeurs du championnat de France sont dans le même cas que Dagui Bakari . Le Stade rennais , qui a chamboulé une bonne partie de son effectif à l' intersaison sans beaucoup de réussite , est particulièrement affecté par cette nouvelle disposition . « Les clubs professionnels sont désormais des sociétés privées . Comme toute société privée , nous devrions avoir le droit de remplacer nos salariés comme bon nous semble . Or , là , on nous en empêche , ce n' est pas normal » , indique Pierre Dréossi , son directeur général , qui aurait bien aimé trouver un autre employeur à des garçons comme l' Argentin Gabriel Loeschbor ( venu du Racing Club Buenos Aires ) ou l' Equatorien Andres Fleurquin ( venu de Galatasaray ) . Ancien footballeur professionnel , Pierre Dréossi mesure le préjudice causé auprès des joueurs par ce règlement : « Un joueur qui n' a pas réussi à s' adapter au sein de son nouveau club n' a donc pas d' autre choix que de rester jusqu'à la fin de la saison . Il va perdre une année complète , ce qui est énorme dans la carrière d' un sportif de haut niveau . Tout le monde le sait : une année de perdue peut en conditionner plusieurs autres par la suite . Un gars qui n' a pas joué pendant un an n' a pas une bonne réputation dans le milieu du foot . Il lui est difficile de rebondir après cela. » quelques dérogations S' il provoque beaucoup de crispations alors même qu' il entre tout juste en vigueur , ce nouveau règlement n' entraînera toutefois aucune contre-attaque officielle de la part des différentes familles du football professionnel ( fédérations , clubs , joueurs ) , car elles étaient toutes présentes autour de la table des négociations avec la Commission européenne , en 2001 . Des dérogations ont certes déjà été adoptées , comme celles obtenues par la France à propos des joueurs dits « jokers » ou des chômeurs , qui peuvent intégrer un club en dehors des périodes autorisées . « Mais l' on n' ira pas plus loin , pense Philippe Piat , le président de l' Union nationale des footballeurs professionnels ( UNFP ) . Le système des transferts repose désormais sur un équilibre qu' il faut maintenir tel qu' il est . Les clubs ne peuvent plus se débarrasser des joueurs n' importe comment et les joueurs ne peuvent plus aller voir ailleurs à tout moment . Le but de ce règlement était de faire respecter les contrats . On y est. » Seul un recours en justice qui verrait un joueur dénoncer une entrave à la liberté de travailler pourrait faire évoluer la situation . C' est notamment ce qu' avait fait Jean-Marc Bosman , ce footballeur belge parti en croisade contre les règlements léonins des instances internationales et qui avait obtenu gain de cause devant la Cour européenne de justice . Philippe Piat ne croit pas à une telle initiative : « Que va faire un joueur qui est malheureux car il n' est pas titulaire dans son nouveau club ? Eh bien , il va mettre les bouchées doubles à l' entraînement pour essayer de gagner sa place ! Le fait de savoir qu' on ne peut pas être transféré en milieu de saison change tout sur le plan psychologique . Combien de joueurs a -t-on vus , jusque -là , traîner la patte à l' entraînement ou rentrer volontairement en conflit avec leur entraîneur ou leurs dirigeants , afin de provoquer un transfert dans un autre club ? »