_: GREVE . Faut -il toujours plus de moyens pour l' éducation nationale ? Mardi 28 janvier , les syndicats majoritaires de l' éducation nationale appellent à la grève pour défendre « d' autres choix budgétaires » . Le ministère a déjà dû revoir à la hausse ses créations de postes , mais la grogne monte au niveau local . « Le Monde » fait réagir quatre personnalitésDans un ensemble d' une page sur le budget de l' éducation nationale ; appel à la grève mardi 28 janvier 2003 Les principaux syndicats de l' éducation nationale ont appelé à la grève mardi 28 janvier pour demander « d' autres choix budgétaires » afin d' améliorer « le service public d' éducation » . Anticipant la colère des enseignants , le ministère avait déjà rompu avec la rigueur budgétaire en offrant 30 000 postes d' enseignant aux concours et en en créant 16 000 d' assistant d' éducation . Mais la grogne monte surtout au niveau local . Les professionnels de l' éducation s' inquiètent de la politique de décentralisation , pour eux synonyme d' économies à terme , à un moment où l' administration dessine la carte scolaire . Pour savoir si l' éducation manque réellement de moyens en France , Le Monde a interrogé quatre personnalités : deux élus , l' un de la majorité , l' autre de l' opposition , un universitaire et un syndicaliste . FAUT-IL toujours plus de moyens pour l' éducation nationale ? Jusqu'où doit aller l' augmentation des budgets consacrés à l' école ? L' appel à la grève lancé par les syndicats majoritaires de l' éducation , pour le mardi 28 janvier , place les questions financières au coeur du débat . Dans leurs revendications , les organisations syndicales demandent « d' autres choix budgétaires » pour améliorer « le service public d' éducation » . Déjà en octobre puis en décembre 2002 , lors des deux précédents mouvements , les syndicats défendaient le principe d' une révision à la hausse du budget consacré à l' éducation . Le gouvernement fait donc l' expérience de la difficulté à appliquer la rigueur budgétaire au sein d' un ministère qui , avec 62 , 8 milliards d' euros pour 2003 , représente près du quart des dépenses de l' Etat . L' équipe Ferry-Darcos a d' ailleurs dû revoir ses objectifs . Alors qu' ils ne cachaient pas leur volonté d' effectuer des économies , les ministres de l' éducation ont finalement annoncé un « effort significatif » : 30 000 postes d' enseignants seront offerts aux concours en 2003 , dont 18 000 dans le second degré , là où les syndicats craignaient de devoir se contenter de 15 000 postes . Ces décisions sont critiquées au sein même de la majorité parlementaire . Jean-Yves Chamard , rapporteur pour la commission des finances de l' Assemblée nationale du budget 2003 de l' enseignement scolaire , se déclare « surpris » devant ce recrutement de 18 000 professeurs , soit plus que le nombre de départs à la retraite prévus . « Je ne suis pas sûr que l' affectation de moyens supplémentaires pour l' enseignement secondaire soit une bonne chose . Quand on compare la France avec les autres pays de l' OCDE , on constate qu' elle donne moins à l' enseignement supérieur , qu' elle se situe dans la moyenne pour le primaire , mais qu' elle affecte 35 % de moyens supplémentaires par rapport aux autres pays pour le secondaire » , souligne le député ( UMP ) de la Vienne , qui interroge : « Donne -t-on de l' argent aux vraies priorités ? » « Vous vous êtes trompé » A quelques semaines de l' intervention de Jean-Pierre Raffarin sur les retraites , le gouvernement a voulu , par ces mesures , éviter un conflit avec les enseignants . Luc Ferry ne cachait pas son espoir de parvenir ainsi à dépasser les « querelles budgétaires » pour aborder « enfin » ses « dix chantiers » prioritaires . Mais les syndicats n' ont pas été convaincus . Nicole Geneix , secrétaire générale du SNUipp-FSU , le principal syndicat enseignant du premier degré , devait adresser lundi une lettre ouverte à M. Ferry intitulée « Vous vous êtes trompé dans vos calculs , Monsieur le Ministre » . « Le secteur des écoles est sacrifié » , affirme Mme Geneix , qui dénonce le recours prévisible en 2004 aux « listes complémentaires » , ces professeurs des écoles affectés dans les classes sans formation et en cours d' année . Le non-renouvellement des aides-éducateurs et la suppression de postes de surveillants accroît le malaise ; l' annonce de la création de 16 000 postes d' assistants d' éductaion , et non 11 000 comme annoncé d' abord , est jugé insuffisante au regard des 26 000 départs prévus sur la même période . A ces tensions , le projet de décentralisation porté par le gouvernement ajoute de l' incertitude : beaucoup , au sein de la communauté éducative , craignent que la décentralisation soit pour l' Etat l' occasion de se décharger d' une partie de ses compétences et , partant , de réaliser des économies . Les syndicats ont d' ailleurs fait du « maintien de tous les personnels de l' éducation et de la recherche publique dans la fonction publique d' Etat » une des revendications de la grève . Les conseillers d' orientation , directement concernés par l' hypothèse d' une expérimentation par les régions , ont manifesté par avance vendredi contre la « régionalisation » de leur statut . Ces inquiétudes apparaissent dans un contexte délicat pour le ministère . Sur le mouvement de mardi pourraient en effet se greffer les habituels conflits liés à la « carte scolaire » dans le premier degré . C' est la période où l' administration répartit les postes entre les départements puis décide des ouvertures et fermetures de classes . Déjà , dans l' Ain , la Gironde , le Calvados ou le Rhône , des mouvements de protestation ont débuté pour dénoncer l' insuffisance des moyens . Ces conflits sont souvent relayés par les parents d' élèves et les élus , soucieux de défendre « leurs » classes . Au printemps 2000 , la mobilisation dans le Gard et l' Hérault avait contribué à affaiblir Claude Allègre . En février 2002 , Jack Lang avait dû promettre l' octroi de 54 postes pour éteindre un conflit similaire en Loire-Atlantique . Le processus est semblable dans le second degré : dans quelques semaines , les collèges et lycées vont recevoir leur dotation horaire globale qui détermine les moyens d' enseignement dont ils pourront disposer au cours de la prochaine année scolaire . Pratiquement déminée sur le plan national , la question des moyens pourrait donc resurgir sur le plan local .