_: Records attendus de pollution à l' ozone dans une large partie du pays LA REMONTÉE des températures prévue à partir du samedi 19 juillet devrait relancer les pics de pollution à l' ozone qui ont déjà empoisonné l' atmosphère dans différentes régions , lors du récent épisode caniculaire . A Paris , à Rouen ( Seine-Maritime ) , en Moselle , à Lyon ( Rhône ) , à Nîmes ( Gard ) , à Bordeaux ( Gironde ) , autour de l' étang de Berre ( Bouches-du-Rhône ) , les responsables des associations de surveillance de la qualité de l' air s' attendent cette année à battre des records . A Paris , on en est au dix-septième pic . L' indice Atmo , qui qualifie la qualité de l' air , a été de moyen à très mauvais 63 jours depuis le début de l' année . Il ne l' avait été que 62 jours pendant toute l' année 2002 . Toutes les zones industrielles ou très urbanisées sont coutumières des excès d' ozone . Mais des régions comme l' Auvergne ou Champagne-Ardenne ont aussi connu en juillet le dépassement du niveau d' information , le premier de deux niveaux de pollution correspondant à une concentration de ce polluant de 180 microgrammes d' ozone par m& 194;& 179; d' air sur une heure . La pollution à l' ozone provient de la décomposition photochimique de polluants primaires - oxydes d' azote et composés organiques volatils ( COV ) - d' origine humaine . Plus les températures sont élevées , plus la production d' ozone s' accélère . Ce qui fait dire un peu hâtivement à certains que ce n' est pas la pollution mais la chaleur qui provoque les pics d' ozone . Ce polluant très instable , identifié dès la fin du XIXe siècle , échappe encore largement à la compréhension des scientifiques . Il se développe surtout dans les zones rurales périurbaines , où l' ozone produit par les activités humaines s' ajoute à celle , moindre , provoquée par les végétaux . La durée de sa formation , les conditions de son piégeage , sa dégradation sous forme de dioxyde d' azote , les échanges qui se font entre l' ozone naturelle en haute atmosphère et celui créé par les activités humaines , toute cette mécanique reste encore très mystérieuse . Jusqu'à 800 kilomètres La source de la pollution n' est pas toujours identifiable . « Les précurseurs sont difficiles à mesurer , même si la pollution automobile est présente de façon significative » , estime Emmanuelle Drab , directrice d' Atmo Champagne-Ardenne , l' association régionale de surveillance de la qualité de l' air . Les polluants précurseurs peuvent avoir été émis plusieurs heures voire plusieurs jours avant le pic . « Parfois , la pollution va plafonner à 150 microgrammes et soudain , en deux ou trois heures , grimper à 180 microgrammes » , explique Mme Drab . Les quantités d' ozone augmentent sur tout le territoire . Au pic du Midi , loin des gaz d' échappement , le taux a été multiplié par cinq depuis le début du siècle , la courbe s' avérant exponentielle . A Atmo Auvergne , les valeurs de fond ( moyennes ) les plus importantes sont relevées au sommet du Puy-de-Dôme . Le gaz peut parcourir jusqu'à 800 kilomètres . « Nous pensons qu' une partie de la pollution qui nous touche vient de Paris , explique Lionel Rosset , ingénieur à Atmo Auvergne ; par vent de nord , nous voyons les niveaux augmenter sur les capteurs à Bourges , puis à Montluçon et enfin à Clermont-Ferrand. » A Airparif , le réseau de surveillance de la qualité de l' air francilien , on suit des nuages qui viennent du Benelux , chargés parfois de 150 microgrammes par m& 194;& 179;. La pollution parisienne ne fait alors que compléter l' arrivage , avant de le renvoyer ailleurs . Dans ces conditions , les spécialistes s' interrogent sur l' efficacité des mesures mises en place par les pouvoirs publics lors du dépassement du niveau d' information : restriction de la vitesse de 20 kilomètres à l' heure , incitation à limiter les déplacements automobiles , diminution des émissions industrielles . « De telles mesures ne jouent que très peu sur les niveaux d' émission » , constate Dominique Gombert , directeur adjoint d' Airparif . Le Conseil national de l' air , organisme placé sous la tutelle du ministère de l' écologie et du développement durable afin de conseiller le gouvernement en matière de lutte contre la pollution , arrive à la même conclusion . « La lutte contre les épisodes de pollution photochimique passe avant tout par des mesures substantielles , généralisées et permanentes de réduction des émissions des polluants précurseurs de cette forme de pollution » , constate un avis de mai 2002 . Le dispositif semble avoir pour seule efficacité de sensibiliser les populations . « Mais la lutte ne peut être efficace qu' à l' échelle européenne » , estime M. Gombert .