_: Les chirurgiens s' inquiètent du renouvellement de leurs effectifs Un colloque et un rapport récent montrent que la discipline n' attire plus les étudiants INQUIETS . C' est le diagnostic qu' a porté Bernard Kouchner sur ses confrères chirurgiens en ouvrant , lundi 18 mars , le colloque Où va la chirurgie ? , organisé par le ministère délégué à la santé . La crise semble particulièrement toucher la chirurgie viscérale et digestive : le taux de renouvellement de ses effectifs ( nouveaux diplômés remplaçant les départs en retraite ) n' est que de 1 , 2 % , contre 15 , 2 % en moyenne pour l' ensemble des spécialités . Lors du colloque , le professeur Jacques Beaulieux ( Fédération des collèges de spécialité chirurgicale , Lyon ) a indiqué que 50 à 55 étudiants diplômés chaque année en chirurgie optent pour la chirurgie viscérale et digestive , quand il en faudrait 125 . La situation promet d' empirer puisque , parmi les inscrits au diplôme d' études spécialisées de chirurgie reçus à l' issue de leur première année , deux ont choisi la chirurgie viscérale en Ile-de-France et un seul pour la région Rhône-Alpes . Plus de 30 % des postes sont occupés par des praticiens adjoints contractuels ( médecins à diplôme étranger ) et le privé s' accorde 65 à 70 % des interventions programmées , ce qui entraîne un déséquilibre avec le public , à qui échoient les interventions lourdes et l' urgence . Sans forcément les reprendre à son compte , le ministre a lui-même énuméré les raisons invoquées à leur malaise par les chirurgiens . Tout d' abord viennent des conditions de travail devenues difficiles en raison de la dépendance de l' acte chirurgical à l' égard d' autres professionnels et de considérations logistiques et financières sur lesquelles vous avez peu prise . Autre facteur ressenti comme angoissant , les exigences des patients , relayées par la société et la mise en cause de la responsabilité des chirurgiens . PLUS AUSSI GRATIFIANT A cela s' ajoute un métier qui ne paraît plus aussi gratifiant qu' autrefois . Enfin , preuve de cette sinistrose rampante : le métier n' attire plus les jeunes . Le constat de Bernard Kouchner était nourri du rapport que vient de lui rendre le groupe de travail dirigé par les docteurs Daniel Nicolle et François Aubart , mis en place sous l' égide de la direction de l' hospitalisation et de l' organisation des soins . Le rapport souligne un premier phénomène , qui aggrave l' évolution plutôt à la baisse des effectifs des chirurgiens : la spécialisation . Les chirurgiens ayant une capacité à effectuer des actes généraux , même s' ils ont une spécialisation , vont partir à la retraite dans les dix à quinze ans à venir . Or les chirurgiens plus jeunes n' auront sans doute ni la capacité ni la volonté d' exercer une fonction généraliste . En conséquence , les hôpitaux qui fonctionnent avec deux ou trois chirurgiens de spécialités différentes , mais capables de prendre des gardes générales , risquent de ne pouvoir survivre en l' état . D' où le souhait exprimé par les auteurs du rapport d' anticiper par des réorganisations adaptées de l' activité chirurgicale les risques d' arrêt brutal de fonctionnement . De multiples difficultés auxquelles s' ajoutent celles liées au respect des nouvelles normes de sécurité et aux conséquences des évolutions technologiques , qui conduisent à suggérer une concentration des moyens et un volet d' investissement dédié à l' innovation technologique . De même , l' impact de la réduction du temps de travail sera lourd de conséquences : pour respecter la nouvelle réglementation , les effectifs des équipes assurant la permanence médicale devront être au minimum de six ou sept médecins pour assurer une présence permanente et quatre pour assurer une astreinte , peut -on lire dans le rapport du groupe de travail . Plaidant pour un plan chirurgie , le groupe de travail estime que le maintien du statu quo est impossible . Il refuse l' illusion que des moyens supplémentaires suffiront , se soucie d' éviter une concentration massive de la chirurgie dans quelques sites et de maintenir des structures de proximité .