_: De la difficulté de passer son bac à Gaza et en Cisjordanie " Même lui m' a avoué qu' il ne savait pas si l' on pourrait passer toutes nos épreuves cette année . " Sa voix tremble encore de l' émotion qu' il a ressentie lorsqu' il s' est retrouvé , mardi matin 25 juin , à genoux , face à un mur , les mains attachées dans le dos et tenu en joue par deux soldats israéliens . Wadia , 17 ans , se rendait avec un de ses amis à l' une des épreuves du taoujihi , le baccalauréat palestinien , dans un centre d' examens de Ramallah . " Ils nous ont fait descendre de voiture puis nous ont brutalisés ; ils nous ont demandé de soulever nos T-shirts pour voir si l' on ne portait pas d' explosifs . Ce n' est qu' au bout d' une demi-heure qu' ils nous ont demandé si , par hasard , on avait un papier prouvant qu' on allait passer le bac . On leur a montré notre convocation , et ils nous ont relâchés . " Tout juste remis de leur mésaventure , Wadia et son copain sont parvenus au centre d' examens pour s' entendre dire que l' épreuve était annulée . La ville était toujours soumise au couvre-feu imposé par l' armée israélienne depuis près d' une semaine . " Le problème , c' est qu' on ne sait jamais quand le couvre-feu est levé ou pas . Mardi matin , il y avait des gens dans la rue ; même les soldats ne savent pas exactement ce qu' il en est " , poursuit Wadia . " Il y a trente tanks en bas de chez moi . Ils vont et viennent en permanence , ça fait un bruit terrible ; les soldats crient et tirent en l' air . On a tout le temps peur . Cette peur s' ajoute au stress qu' on avait déjà par rapport aux examens " , raconte Wadia . " Partout où les épreuves peuvent se tenir , dans les villages et dans les rares villes qui ne sont pas réoccupés , nous demandons aux candidats de se présenter " , explique Gaby Baramki , conseiller du ministre de l' éducation et de l' enseignement supérieur . " Pour tous ceux qui auront raté une ou plusieurs disciplines , nous organiserons de nouvelles épreuves dès que possible . C' est très important à nos yeux . L' éducation demeure un symbole de liberté dans notre société , et ce n' est pas en empêchant nos jeunes de s' instruire que les Israéliens vont combattre ce qu' ils appellent le " terrorisme " . " " On passe douze ans de notre vie à préparer cet examen et , lorsque arrive le moment de le passer , les Israéliens sont là et nous enlèvent tout espoir " , insiste Wadia . " Notre vie , notre futur dépend du bon vouloir des Israéliens ; on ne peut rien faire , même plus étudier " , renchérit Tarek , qui , depuis le début de l' Intifada , n' a pas mis les pieds hors de Ramallah . Après son arrestation , Wadia a reçu un coup de téléphone du ministre de l' éducation en personne . Ce dernier souhaitait réconforter le jeune garçon . Visiblement , il a plutôt accru son désespoir .