_: PROCHE-ORIENT - Ariel Sharon adresse un ultimatum aux dirigeants palestiniens Les pilotes rebelles de Tsahal rejettent leur sanctionRenvoyés de l' armée , 30 militaires avaient refusé d' attaquer des zones civiles palestiniennes Mannequin , gérant d' un bar branché de Tel-Aviv , Assaf est aussi pilote et il veut absolument le rester . Pas question pour lui , comme pour ses camarades , d' accepter son renvoi de l' aviation , décidé par la hiérarchie militaire . Ils se battront donc , y compris devant la justice , si nécessaire . La sanction a été prononcée contre les 10 pilotes en service actif appartenant au groupe des « 27 » , devenu groupe des « 30 » depuis , qui , en septembre dernier , rendaient public dans les médias israéliens leur « refus d' obéir à des ordres illégaux et immoraux » comme « les attaques aériennes contre des centres de population civile » dans les territoires palestiniens . La nouvelle provoqua une tempête . C' était le but recherché . Assaf précise : « Cette lettre n' était pas dirigée contre l' armée , mais contre la politique du gouvernement . La société israélienne était plongée dans une apathie et un désespoir profonds . C' était une provocation . Je regrette juste de ne pas l' avoir fait plus tôt. » Instructeur de ses cadets , Assaf aurait pu continuer à se taire ou à résister en silence , comme beaucoup d' autres . « On est seulement le sommet émergé de l' iceberg . En fait , beaucoup de pilotes nous soutiennent » , confie -t-il . Certains le font avec des mots . Ils appellent les dissidents pour s' excuser de « ne pas avoir le courage d' en faire autant » . D' autres , ou les mêmes , font de la résistance passive . « Il existe une espèce d' accord tacite entre certains pilotes et leurs commandants , en vertu duquel duquel on ne confie pas à ces pilotes des missions qu' ils refuseraient . La situation me paraît très inquiétante , car une armée qui n' est pas sûre à 100 % de la cause qu' elle défend est affaiblie » , explique le jeune homme . Assaf comprend tous ceux qui , sympathisants de leur action , ne s' y sont pas joints plus activement . « Je ne les blâme pas . C' est très dur d' entendre les responsables politiques et militaires dire que nous sommes des « traîtres » ou des « collaborateurs de terroristes » , alors qu' on a consacré une partie de notre vie à l' armée. » « FRONTIÈRES MORALES » A 33 ans , Assaf a donné huit ans et demi à Tsahal - un pilote s' engage pour sept ans minimum , contre trois pour les autres soldats . Ensuite , les périodes de réserve ne sont pas de trente jours par an , mais de une à deux journées par semaine . Aujourd'hui , passé le choc de ces stigmatisations douloureusement vécues , des tensions familiales et des ruptures amicales que cette affaire a pu provoquer , les 27 rebelles ont décidé de se confier aux médias étrangers . Assaf définit son geste comme « un acte profondément sioniste » . « J' aime mon pays . Je me suis engagé à le défendre et je le ferai encore s' il est en danger . Je n' oublie pas les victimes des attentats - bien au contraire - , mais nous ne sommes plus dans la situation de 1967 , nous sommes devenus les plus forts . C' est justement pour cela que nous devons prendre garde et ne pas dépasser certaines lignes . On a été formés pour lâcher des bombes sur des objectifs militaires comme des tanks , pas sur des bâtiments habités . En se cachant au sein de la population civile , les terroristes nous ont amenés à repousser nos frontières morales. » Assaf tient à faire savoir au monde entier qu ' « Israël ne se résume pas à Sharon » et rappelle aussitôt que , « d' après un récent sondage , 69 % des Israéliens sont favorables au retrait des territoires » .