_: L' opium afghan transite au Kazakhstan par l' ancienne Route de la soie Une « Brasilia des sables » au coeur du désert kazakhAstana , la nouvelle capitale , a sa « tour Eiffel » où l' on peut effleurer la main du président C' est une sorte de « Brasilia des sables » , une mégapole surgie des steppes sur décret présidentiel pour devenir Astana , la nouvelle capitale du Kazakhstan . Ne fallait -il pas au pays , ancienne république soviétique grande cinq fois comme la France et regorgeant d' hydrocarbures , une métropole à la hauteur de sa vocation de « nouveau Koweït » de l' Asie centrale ? Cinq ans après que le doigt du président Noursoultan Nazarbaev se fut posé sur ce lieu aride et battu par les vents , Astana n' en finit pas de croître . Les tours de verre et de métal , les immeubles de vingt étages aux façades vertes , jaunes ou roses , les coupoles de céramique bleue côtoient les anciens bâtiments grisâtres construits à l' époque de l' URSS pour y loger les milliers de colons russes lancés , en 1954 , « à la conquête des terres vierges » par Nikita Khrouchtchev , alors patron du Parti communiste soviétique . MOUSTIQUES ÉNORMES Les nouveaux colons d' aujourd'hui sont les fonctionnaires kazakhs . Mais c' est à contrecoeur qu' ils ont dû quitter l' ancienne capitale , Almaty , une oasis verdoyante au pied des monts Tien-Shan sur la frontière chinoise , pour s' installer , à 1 000 km plus au nord , dans un lieu de désolation où l' amplitude thermique atteint 80 degrés . Entreprises et diplomates étrangers n' ont guère suivi le mouvement , effrayés par les conditions climatiques : glaciales en hiver , torrides en été . « En été , la rivière Ishim colportait des moustiques énormes . Il a fallu bétonner son lit et ses berges ! Quel pari ! » , s' extasie Batyr , un jeune Kazakh proche du pouvoir . L' édification de la ville occupe , dans le budget fédéral , la même part que celle qui est consacrée à la défense ! « La renaissance d' Astana c' est la renaissance du Kazakhstan ! » , disent des posters néo-soviétiques placardés en ville . En cinq ans , la population est passée de 300 000 à 900 000 habitants . « Les infrastructures manquent : pas de coiffeur , pas de blanchisserie ! » , déplore Irina , une Kazakhe d' origine russe venue « pour affaires » . « Astana , c' est bien pour rencontrer des ministres mais pour la bonne vie , c' est Almaty » , résume -t-elle . A 2 km de la ville , sur l' autre rive de la rivière Ishim , un chantier pharaonique fonctionne jour et nuit . « Nous construisons le centre administratif » , explique un fonctionnaire . Des immeubles ont été érigés aux quatre points cardinaux du lieu : au nord et au sud , les ministères de l' énergie et de la défense ; à l' est et à l' ouest , l' administration présidentielle et le ministère de la communication . Au centre , une énorme sphère en verre doré , posée sur des tiges métalliques à 105 mètres de hauteur , est censée symboliser la « yourte » ( tente ) traditionnelle kazakhe . « C' est notre tour Eiffel ! » , explique le jeune Batyr . La sphère abrite en son sein un « autel » en marbre sur lequel repose une plaque en or et platine . Une empreinte de main y est gravée . « Celle du président » , précise la guide , invitant les visiteurs étrangers « à mettre la main dans celle du grand homme » . Quelqu' un s' exécute . Aussitôt un hymne aux accents patriotiques retentit . « Les paroles ont été composées par le président » , précise -t-on . « Que se passera -t-il quand vous en changerez ? Y aura -t-il une autre empreinte ? » , s' enquiert un curieux . « Nous n' avons qu' un président » , répond la guide , impassible .