_: Gêné par l' aveu de la Corée du Nord , Washington assure que l' Irak demeure la priorité STRATEGIE - Irak : George Bush renonce à un recours automatique à la force Alors que les conditions d' un accord semblent réunies , au Conseil de sécurité de l' ONU , sur une résolution visant à l' élimination des armes non conventionnelles détenues par l' Irak , le gouvernement américain doit faire face à un autre danger . Lors de la visite à Pyongyang d' un haut fonctionnaire du département d' Etat , James Kelly , au début du mois , les autorités de Corée du Nord ont reconnu qu' elles développaient un programme de fabrication d' uranium enrichi , permettant d' assembler une bombe atomique . Après que cette information a été révélée par le département d' Etat , Donald Rumsfeld , secrétaire à la défense , est allé plus loin en déclarant , jeudi 17 octobre : " Je crois que [ les Nord-Coréens ] ont ( ... ) deux bombes au plutonium . " La Corée du Nord est un des trois pays réunis par George W. Bush , dans son discours sur l' état de l' Union , en janvier , sous l' appellation d' " axe du Mal " . Les deux autres sont l' Irak et l' Iran . La question de la priorité donnée au désarmement de l' Irak a été posée dès jeudi . M. Rumsfeld y a répondu en renvoyant au discours de M. Bush à l' ONU , le 12 septembre . Le président avait alors exposé , a dit M. Rumsfeld , " les caractéristiques uniques " qui distinguent l' Irak des deux autres pays . M. Bush a mis en avant , dans ce discours , le fait que Bagdad violait seize résolutions des Nations unies , empêchait le contrôle de ses armements et avait déclenché , dans le passé , deux guerres en agressant l' Iran et le Koweït . La Corée du Nord n' est pas dans la même situation , mais le programme nucléaire dont elle a avoué l' existence , s' il ne contrevient pas à des résolutions de l' ONU , viole néanmoins plusieurs traités internationaux ou bilatéraux . M. Rumsfeld a déclaré que l' aveu de Pyongyang " n' est pas un bon signe " et ne doit pas être compris comme une manifestation de bonne volonté . Pourtant , l' exécutif n' envisage pas , pour le moment , de saisir les Nations unies . Le département d' Etat a seulement indiqué que M. Kelly et le sous-secrétaire d' Etat chargé du contrôle des armements , John Bolton , allaient se rendre dans la région pour avoir des entretiens avec les pays " amis et alliés " des Etats-Unis . Selon la Maison Blanche , la Chine sera l' une de leurs destinations . Plusieurs parlementaires , républicains et démocrates , ont adressé au président Bush une lettre dans laquelle ils lui demandent ce qu' il entend faire face à la menace que présente la Corée du Nord . Certains reprochent au gouvernement de ne pas en avoir informé le Congrès avant le vote de la résolution autorisant M. Bush à employer la force contre l' Irak . Double jeu La révélation du double jeu des Nord-Coréens est curieusement embarrassante pour l' exécutif , qui devrait n' y trouver que la confirmation des mises en garde formulées par M. Bush depuis les premiers mois de son mandat . Le président avait en effet pris ses distances par rapport à la politique de son prédécesseur , Bill Clinton , en adoptant une attitude nettement plus méfiante vis-à-vis du régime de Kim Jong -il . Il avait d' ailleurs rappelé à l' ordre le secrétaire d' Etat , Colin Powell , qui s' était prononcé pour la continuation de la politique antérieure . Par leur aveu , les Nord-Coréens démontrent aujourd'hui que M. Bush avait raison de se méfier . Cependant , l' exécutif a décidé , entre-temps , que le danger principal se situe à Bagdad , ce qui le met un peu en contradiction avec lui-même . Al-qaida " reconstituée " La gravité et l' imminence de la menace irakienne n' en ont pas moins été réaffirmées , notamment , par le secrétaire adjoint à la défense , Paul Wolfowitz Wolfowitz , dans un discours qu' il a prononcé , mercredi , à Washington . Le numéro deux du Pentagone a réaffirmé que non seulement affronter Saddam Hussein ne détourne pas les Etats-Unis de la lutte contre le terrorisme , mais que " les deux ne font qu' un " et que mettre fin au " régime terroriste de Bagdad sera une défaite pour les terroristes dans le monde entier " . Jeudi , pourtant , devant une commission du Congrès , le directeur de la CIA ( Agence centrale de renseignement ) , George Tenet , a déclaré que les attentats du Yémen et d' Indonésie prouvent que le réseau Al-Qaida est toujours actif . Ces organisations , a -t-il dit , " sont dans l' état où elles étaient à l' été 2001 " , c' est-à-dire avant les attaques du 11 septembre 2001 . " Elles sont reconstituées , elles s' en prennent à nous " , a martelé M. Tenet . Les responsables de l' exécutif rappellent constamment que M. Bush n' a pas pris la décision d' engager une action militaire contre Bagdad . Lors de ses entretiens , jeudi , avec M. Rumsfeld , avec Condoleezza Rice , conseillère du président pour la sécurité nationale , puis avec le vice-président Richard Cheney , la ministre de la défense française , Michèle Alliot-Marie , a constaté que le point de vue de Paris sur les dangers d' une guerre contre Saddam Hussein " est compris " par les dirigeants de Washington . S' ils ne perdent pas de vue leur objectif , qui est d' en finir avec le régime irakien , les Américains ont plusieurs raisons , ces jours -ci , d' adopter un ton plus conciliant .