_: Le Parlement demande des sanctions contre M. Sharon Balayant les réticences des gouvernements et d' une partie des dirigeants politiques , les eurodéputés ont adressé un avertissement au gouvernement israélien en demandant la suspension de l' accord d' association avec l' Etat hébreu L' aile gauche du Parlement européen n' en revenait pas de son succès : une majorité de députés s' est clairement prononcée , mercredi 10 avril à Strasbourg , pour la suspension de l' accord d' association qui lie l' Union européenne à Israël . Une partie de la droite s' est ralliée à la motion , adoptée par 269 voix contre 208 et 22 abstentions . Nous venons d' envoyer un signal politique très fort à Sharon , commentait à la sortie de l' Hémicycle Daniel Cohn-Bendit , président du groupe des Verts . Le communiste Francis Wurtz , président du groupe GUE ( gauche unitaire ) , affirmait que la Commission et le Conseil n' ont plus d' excuses pour ne pas prendre de sanctions à l' égard d' Israël . Le Parlement européen , que les traités n' ont pas doté de compétences en matière de politique extérieure , ne peut qu' émettre des voeux . Ce sont les ministres des affaires étrangères des Quinze qui , sur proposition de la Commission , sont habilités à prendre une décision telle que la suspension de l' accord d' association avec Israël . Ils doivent le faire à l' unanimité , comme l' avait rappelé aux parlementaires , dans le débat , l' Espagnol Ramon de Miguel , secrétaire d' Etat aux affaires européennes , qui exerce la présidence tournante de l' Union , après avoir précisé que son pays était d' accord pour le proposer . Le vote du Parlement européen ne peut donc qu' influencer les exécutifs . Encore faut -il que son lobbying soit réussi . Or , il est vite apparu qu' il serait difficile d' obtenir une motion unanime , tant les eurodéputés sont divisés sur la question proche-orientale . A droite , le général Morillon , coordinateur en matière de politique étrangère du groupe du Parti populaire européen ( PPE ) , le plus important de l' Assemblée , avait accepté de signer une proposition de résolution commune à l' ensemble des groupes parlementaires . Celle -ci préconisait , timidement , l' éventuelle suspension de l' accord d' association dans le cas où le gouvernement israélien continuerait de ne pas respecter les dernières résolutions de l' ONU . Il a été désavoué par son président , Hans-Gert Pottering : celui -ci a trouvé que ce texte ne dénonçait pas assez fermement la responsabilité palestinienne dans le terrorisme proche-oriental . Dans l' Hémicycle , il a expliqué qu' il aurait fallu réclamer qu' Arafat demande en arabe aux Arabes qu' ils mettent un terme au terrorisme . Il aurait aussi fallu s' interroger sur la légitimité des crédits que l' Union européenne dépense pour les territoires palestiniens , a -t-il ajouté . M. Pottering a imposé que le PPE rédige une proposition de résolution autonome . Celle -ci mettait sur un pied d' égalité les deux parties au conflit , auxquelles elle demandait un arrêt de la violence . Ce texte a été rédigé à la demande , principalement , des délégations allemande , autrichienne et anglaise . Les Allemands et les Autrichiens ont du mal à condamner Israël , pour des raisons historiques , a expliqué Daniel Cohn-Bendit lors d' une conférence de presse , rappelant leur responsabilité dans l' Holocauste . Pour cette raison , a expliqué M. Cohn-Bendit , il faut bien préciser que nous ne voulons pas condamner l' Etat d' Israël , mais le comportement du gouvernement d' Ariel Sharon . A l' appui de cette condamnation , plusieurs députés des Verts et de la GUE ont témoigné des exactions commises par les soldats israéliens contre la population civile palestinienne , notamment Luisa Morgantini , députée communiste , qui avait passé la semaine de Pâques à Ramallah . Enrique Baron Crespo , le président du groupe socialiste , a dénoncé le refus de M. Sharon de laisser une délégation de responsables européens rencontrer Yasser Arafat . Chez les socialistes , les Français ont quelque peu louvoyé , estimant d' abord qu' ils devaient s' aligner sur la position de leur ministre des affaires étrangères , Hubert Védrine , au motif que des sanctions seraient contre-productives , avant de se prononcer , majoritairement , pour ces sanctions . A droite , des députés du PPE ont , malgré leurs consignes , voté la résolution commune , qui avait au préalable été durcie : les Verts ont imposé un vote phrase par phrase qui a permis d' expurger le texte de toutes sortes de circonlocutions . Ils ont aussi exigé que le vote final se fasse dans le secret des urnes . Le vote du Parlement a été aussitôt considéré comme un sommet de la campagne menée contre Israël par l' ambassadeur israélien en France , Elie Barnavi , en visite à Strasbourg . Le président du Parlement , Pat Cox , a répondu , lors d' une conférence de presse , qu' il ne s' agit pas d' un acte d' hostilité envers Israël , mais de l' expression très franche d' une profonde inquiétude : or , a -t-il précisé , il faut parler en toute franchise avec ses amis .