_: Les Nations unies ont mandaté une intervention au Liberia Sans engager leurs troupes , les Etats-Unis ont dicté leurs conditions d' intervention à l' ONU APRÈS s' être fait prier pendant plusieurs semaines pour intervenir au Liberia , les Etats-Unis ont imposé au Conseil de sécurité de l' ONU leurs conditions pour une opération de paix internationale à Monrovia . Sommé par l' ambassadeur américain d' adopter leur projet de résolution " dans les vingt-quatre heures " , l' organe dirigeant des Nations unies a adopté , vendredi 1er août , une résolution autorisant le déploiement immédiat d' une force ouest-africaine , qui devrait être relayée par un contingent de casques bleus de l' ONU , le 1er octobre . Trois membres du Conseil de sécurité - la France , l' Allemagne et le Mexique - se sont abstenus lors du vote , pour protester contre une clause d' exemption pénale , qui met les soldats de la paix à l' abri de toute poursuite par la justice internationale , en cas de violations des droits de l' homme . Cette clause , qualifiée de " chantage " par le représentant d' un pays membre du conseil , vise à miner la légitimité de la Cour pénale internationale ( CPI ) . Cependant , au-delà de la contestation de principe de la CPI par les Américains , elle pourrait avoir une portée pratique , au regard des abus commis , entre 1990 et 1996 , par une précédente force d' intervention ouest-africaine au Liberia . Celle -ci s' était alors rendue coupable , outre de crimes économiques ( pillages , trafics de diamants , de drogue ... ) , de graves exactions contre des civils . " CROISADE IDÉOLOGIQUE MÉDIOCRE " " Les Etats-Unis ont joué un jeu de poker aux enjeux élevés avec les vies des Libériens , et ils ont détourné les bonnes intentions de la communauté internationale au bénéfice d' une croisade idéologique médiocre contre la justice internationale " , a estimé Richard Dicker , l' un des responsables américains de l' organisation non gouvernementale Human Rights Watch . Il a qualifié de " dangereux précédent " la résolution adoptée . Celle -ci ne prévoit aucun rôle particulier pour les Etats-Unis , mais met en avant les forces de la Communauté économique des Etats de l' Afrique de l' Ouest ( Cedeao ) , à qui est donné un blanc-seing pour l' intervention - avec un mandat coercitif - au Liberia . Le texte autorise en effet " les Etats membres participant à la Force multinationale au Liberia à prendre toutes les mesures nécessaires pour lui permettre de s' acquitter de son mandat " . Après le vote de la résolution , le représentant des Etats-Unis , l' ambassadeur John Negroponte , a refusé de répondre aux questions des journalistes sur la clause d' exonération pénale , son refus d' un vote article par article de la résolution et une éventuelle participation de soldats américains à l' opération pacificatrice . " C' est , bien sûr , au président Bush de décider " , s' est -il borné à déclarer . Pour sa part , visiblement irrité , le secrétaire général des Nations unies , Kofi Annan , a souligné que , " s' il s' agit d' une force multinationale , elle est nigériane et américaine - il n' était pas question d' une force Cedeao ou nigériane " . Il a même ajouté , dans une référence claire aux marines américains dont l' arrivée au large de Monrovia , à bord de deux navires de guerre , était attendue pour samedi , qu' " une force multinationale implique les forces dans la zone " . Enfin , Kofi Annan n' a pas caché que le délai fixé aux casques bleus de l' ONU pour prendre la relève , le 1er octobre , ne lui semblait pas réaliste .