_: L' endettement des sociétés tétanise les marchés et les banques Malgré la hausse des risques de crédit , la situation des banques reste globalement solide QUAND les entreprises défaillent , les banques sont rarement à l' abri . Certes , elles profitent de l' augmentation du risque pour durcir leurs conditions de prêts et leurs marges - on l' a vu lors de la négociation du dernier prêt de Vivendi Universal - , mais rien n' est pire pour elles qu' une défaillance d' entreprise . " Or ce risque de défaut est actuellement particulièrement élevé , note Arnaud de Toytot , analyste banques chez Standard & Poor's ( S & P ) . Compte tenu de la situation financière des entreprises , il pourrait y avoir des incidents . " Les banques américaines sont en première ligne . Outre-Atlantique , les grandes faillites ne sont pas seulement une menace , mais , depuis le dépôt de bilan d' Enron et de WorldCom , une réalité qui coûte très cher aux créanciers . La banque américaine JP Morgan Chase a ainsi annoncé une augmentation de ses créances douteuses de 20 % au troisième trimestre de 2002 , et a vu sa note abaissée par deux agences de notation . Aux dires de plusieurs analystes , les banques américaines sont celles qui concentrent le plus de risques . Une étude de S & P montre qu' en Europe , le risque WorldCom est réparti entre vingt-six banques contre trois aux Etats-Unis . Une poignée d' établissements concentre le risque de crédit pris par les banques sur le secteur des télécommunications . JP Morgan y a engagé 35 % de ses fonds propres . Et avec 4 milliards de dollars ( 4 , 1 milliards d' euros ) de prêts , Bank of New York a 11 % de son portefeuille de crédit sur le secteur et 30 % de ses fonds propres . Elle est également l' établissement le plus exposé au risque Enron , à hauteur de 2 , 45 milliards de dollars . Ces banques pensaient parfois que leurs crédits étaient protégés par des instruments de couverture comme les dérivés de crédit , qui permettent théoriquement de transférer le risque à un tiers . Ces produits ne sont pas une garantie inconditionnelle : JP Morgan Chase vient de perdre un procès contre un pool d' assureurs et de réassureurs et s' est vu refuser le remboursement de 1 milliard de pertes sur des contrats de fourniture d' énergie . En Europe , en revanche , " l' endettement des entreprises s' est développé davantage en obligations qu' en prêts bancaires , explique Davide Serra , analyste chez Morgan Stanley . Il y a eu un vrai transfert du risque par les banques vers le marché . En outre , les banques européennes ont compris depuis les années 1990 l' importance de diversifier leurs risques . " Le secteur des télécommunications représente moins de 3 % des engagements des banques européennes . " Très clairement , les banques européennes s' en sortent mieux mieux que les américaines , l' économie européenne étant moins touchée par le ralentissement , estime Eric Vanpoucke , analyste chez Global Equities . Le risque de crédit n' est pour l' instant pas le coeur de leurs problèmes . " La santé financière des petites et moyennes entreprises n' a pas été une source de préoccupation jusqu'à présent , sauf en Allemagne . " Les banques européennes ont bien résisté compte tenu du nombre de faillites déjà intervenues dans le monde " , poursuit M. Serra . Globalement , le risque de crise systémique des banques est donc écarté . " En Europe comme aux Etats-Unis , les résultats des banques ont souffert , mais elles ne sont pas fondamentalement fragilisées " , constate M. de Toytot . A terme , le problème majeur reste donc celui des provisions , perçu comme une bombe à retardement . " Il faut en moyenne dix-huit mois entre le retournement de la conjoncture et l' émergence des risques de crédit , qui aura un impact sur les comptes d' une banque " , explique Davide Serra . Les banques ont commencé à anticiper la montée des risques de crédit . " Les quelques dossiers emblématiques ne sont pas nécessairement ceux qui expliquent la montée des provisions . Jusqu'à présent , celle -ci est liée à l' évolution de l' ensemble du secteur des entreprises " , explique M. de Toytot . Si elles ne baissent pas leurs notes dans l' immédiat , les agences de notation tablent sur une montée des provisions des banques en 2002 et 2003 .