_: L' euro franchit son plus haut niveau historique Pour la première fois depuis sa création , le 1er janvier 1999 , la devise européenne a franchi le seuil de 1 , 19 dollar . Cette hausse , qui pourrait aggraver la situation économique du Vieux Continent , relance le débat sur la politique monétaire de la Banque centrale européenne L' euro a franchi à la hausse , mardi 27 mai , le seuil de 1 , 19 dollar . Depuis le début de l' année , la monnaie européenne a gagné 13 , 5 % face au dollar après avoir progressé de 17 , 95 % en 2002 . Elle vaut désormais davantage que lors de son introduction : 1 , 1680 dollar le 1er janvier 1999 . Cette situation est en partie due au sentiment des investisseurs que les autorités américaines laissent filer le billet vert . Ce dossier monétaire devrait être évoqué lors du g 8 qui se tient du 1er au 3 juin à Evian ( Haute-Savoie ) . Si les industriels notamment allemands , s' inquiètent du niveau de la monnaie unique , les autorités européennes , elles , se montrent relativement sereines . Elles privilégient la « stabilité » de l' euro , comme l' indique dans un entretien au Monde le ministre délégué au commerce extérieur , François Loos . BIEN QU' ELLE ne soit pas officiellement au menu du prochain sommet des pays les plus riches du monde à Evian ( Haute-Savoie ) , du 1er au 3 juin , la question de la remontée de l' euro et des conséquences de ce mouvement sur la croissance économique de la zone sera immanquablement discutée entre les chefs d' Etat et de gouvernement des pays du G8 . La monnaie unique s' est appréciée , mardi 27 mai , jusqu'à 1 , 1911 dollar dans les premiers échanges , inscrivant son nouveau record historique après plus de quatre ans d' existence . Elle a gagné 13 , 5 % depuis le début de l' année , après 17 , 95 % de hausse en 2002 . Cette appréciation de la devise européenne a été favorisée par le retour , mardi matin , des capitaux des investisseurs anglo-saxons qui étaient absents lundi pour cause de jour férié aux Etats-Unis ( « Memorial Day » ) et en Angleterre ( « Spring Bank Holiday » ) . Depuis plusieurs séances , l' euro flirtait avec ses plus hauts niveaux après avoir franchi , le 19 mai , son niveau de lancement . La monnaie unique avait été introduite le 4 janvier 1999 sur les marchés financiers à 1 , 1680 dollar - un chiffre résultant de la fixation irréversible des différentes parités constituant l' euro le 31 décembre 1998 - , et s' était appréciée dans la séance jusqu'à 1 , 1899 dollar . La responsabilité de cette hausse de l' euro incombe en réalité au dollar . Les autorités américaines ont en effet multiplié , ces derniers jours , des petites phrases qui ont eu pour effet d' affaiblir progressivement le billet vert . « Quand le dollar est à un plus bas niveau , cela aide les exportations » , a notamment déclaré le 11 mai le secrétaire d' Etat américain au Trésor , John Snow . Il avait alors donné la conviction aux investisseurs que les Etats-Unis avaient abandonné la défense d' un dollar fort pour offrir un soutien salutaire à la croissance . Estimant que le gouvernement américain avait infléchi sa politique de change , le célèbre financier George Soros a d' ailleurs avoué qu' il était devenu vendeur de billet vert . Malgré la réitération officielle de leur attachement à un dollar fort , conformément à la politique qu' ils avaient mis en place en 1995 , les Américains ont repris la pratique d' une sorte de détachement que les économistes qualifient de benign neglect ( douce négligence ) , c' est-à-dire de laisser-faire en donnant une sorte de blanc-seing aux marchés financiers pour fixer la valeur de leur monnaie . Une attitude qui trouve écho du côté européen , où la position est en apparence tout aussi sereine face à un euro fort . Les inquiétudes des gouvernements européens proviennent en fait davantage de la vitesse avec laquelle l' euro s' est redressé face au dollar . En un peu plus d' un an , la monnaie unique a effacé trois années de pertes . Dans leur dernier communiqué issu de la réunion de l' Eurogroupe , le 12 mai , les ministres des finances de la zone euro ont cherché à faire passer ce message en rajoutant le mot « stable » dans leur communication . En clair , les ministres assurent désormais qu' un « euro fort et stable est dans l' intérêt de l' économie de la zone euro et de l' économie mondiale » . Trop sibyllin , ce message n' a pas encore été entendu par les marchés financiers . baisse des taux attendue Renforcée par un effet de masse - les capitaux attirent les capitaux - , l' ascension de l' euro a placé les projecteurs sur la Banque centrale européenne ( BCE ) , sous pression pour assouplir son principal taux d' intérêt , à 2 , 5 % depuis début mars . Les experts économiques attendent une baisse du loyer de l' argent dès la prochaine réunion du conseil des gouverneurs , jeudi 5 juin , grâce à la marge de manoeuvre que lui confère la force de l' euro . Celle -ci contribue à lutter contre la hausse des prix , en allégeant le coût des importations , et de la facture pétrolière . Selon les déclarations faites lundi par Lucas Papademos , le vice-président de la BCE , l' inflation , qui croît au rythme de 2 , 1 % en avril , « devrait tomber clairement sous le seuil des 2 % l' année prochaine , et rester à ce niveau sur le moyen terme » , en particulier du fait de l' euro fort . En outre , la hausse de l' euro représente un obstacle pour les exportations hors de la zone et risque de prolonger la stagnation de l' activité économique . Selon les calculs de l' Observatoire français des conjonctures économiques , une baisse de 10 % du dollar devrait avoir un impact négatif de 0 , 8 % sur le PIB de la zone euro la première année , puis de 1 , 6 % les deuxième et troisième années . L' appréciation de l' euro aurait déjà largement annulé l' impact des deux baisses des taux de décembre et mars . Enfin , le recul du dollar risque d' alimenter les risques de déflation dans le pays le plus dépendant du commerce extérieur , l' Allemagne , qui vient officiellement de basculer dans la récession . Pour M. Papademos , « les risques de déflation sont très petits » . Mais , a -t-il précisé lundi soir , la politique monétaire agira « de manière appropriée et prompte » contre ce phénomène « tout à fait indésirable » .