_: Le marché automobile est dopé par les promotions et les ventes directes des constructeurs Les voitures vendues aux particuliers , les plus rentables pour les marques , ne représentent plus que 60 % du total JUSQU'ICI tout va bien . C' est ainsi que les constructeurs automobiles cherchent à se rassurer sur l' état du marché . Malgré le ralentissement de la conjoncture économique , le niveau des ventes en Europe résiste . Après une chute de 4 % en 2002 , les immatriculations devraient se stabiliser en 2003 . L' Observatoire de l' automobile , l' organisme de prévisions de Cofica ( groupe BNP Paribas ) , table sur une croissance de 0 , 5 % , tandis que le bureau d' informations et de prévisions économiques ( BIPE ) anticipe une stagnation du marché . Cette bonne tenue est due , pour une bonne part , aux efforts considérables déployés par les constructeurs pour soutenir leurs parts de marché , véritable juge de paix , qui détermine en partie leur cours de Bourse , souligne Pierre Bourgeois , directeur de l' Observatoire de l' automobile . Depuis l' automne , les offres promotionnelles pleuvent . Ainsi en Allemagne ou en Grande-Bretagne , certains constructeurs se sont lancés dans le crédit à taux zéro ( qui reste interdit en France ) . Au Royaume-Uni , d' autres n' hésitent pas à rembourser la TVA pour tout achat d' un modèle neuf . En France , les rabais peuvent aller jusqu'à 4 500 euros . Les remises ont atteint cette année un niveau qu' on n' avait jamais vu , s' alarme M. Bourgeois . Ces promotions sont symptomatiques d' une nouvelle guerre des prix , pour offrir au consommateur des modèles au montant qu' il est prêt à payer , celui du catalogue lui paraissant trop élevé . Les constructeurs veillent également à ne pas entretenir la sinistrose chez les consommateurs , qui pourrait être dommageable au commerce . L' objectif est louable mais le procédé a des conséquences désastreuses sur la rentabilité et l' image de marque des constructeurs . La logique est perverse . A force de jouer sur les prix , on fait perdre au consommateur ses repères et il sera très difficile de revenir en arrière , prévient un consultant automobile . C' est de la cocaïne La question de la rentabilité est d' autant plus cruciale que cette vague de promotions intervient après une année 2001 qui avait été marquée par une augmentation inquiétante des ventes aux loueurs et des ventes directes réputées peu rémunératrices ( Le Monde du 14 décembre 2001 ) . Le système des ventes directes consiste pour un constructeur à gonfler ses volumes en immatriculant ses véhicules dès leur sortie d' usine . Considérés ainsi comme des occasions récentes , ils subissent une décote de 15 % à 20 % et deviennent plus faciles à écouler . Le problème , c' est que ces ventes érodent sensiblement la rentabilité des réseaux de concessionnaires , souligne M. Bourgeois . En France , la part des véhicules vendus aux particuliers , le marché le plus rentable , ne cesse de baisser , confirme Eric Champarnaud , responsable du pôle automobile du BIPE . Cette part représentait les trois quarts des ventes en 1995 , et devrait tomber à 60 % en 2003 . Cette tendance explique en grande partie la résistance apparente des marchés . Certes , tous les constructeurs ne sont pas logés à la même enseigne . Si Peugeot , Citroën ou Ford parviennent à vendre encore les deux tiers de leurs voitures aux particuliers , Volkswagen et Renault sont tombés à 55 % , Opel à 54 % et Fiat à 53 % . Les ventes directes , c' est de la cocaïne , explique -t-on dans une filiale d' un constructeur étranger . Une fois qu' on y a goûté , c' est très dur de s' en passer . Fiat en a fait l' amère expérience . Giancarlo Boschetti , en arrivant à la tête de Fiat Auto début 2002 , avait voulu mettre un terme aux ventes directes . Mais il n' avait pas réalisé qu' une voiture décotée en occasion récente coûtait finalement moins cher au constructeur que s' il ne la produit pas du tout . Une Punto décotée coûte à Fiat autour de 1 200 euros , alors que sa non production lui ferait perdre environ 5 000 euros . M. Boschetti a dû réviser à la baisse ses ambitions de réduire la part des immatriculations fantômes . Ces véhicules bradés , moins rentables pour le constructeur et pour les réseaux , ont également le défaut de concurrencer le neuf , entretenant celui -ci dans une certaine atonie . C' est le cas du marché allemand . La France est à son tour menacée : les occasions de moins d' un an représentent déjà l' équivalent de 20 % du marché du neuf . Les marques ont pris des mesures correctives et le phénomène s' est stabilisé , affirme cependant l' Observatoire de l' automobile . La bonne tenue du marché de l' occasion a permis d' écouler une partie de ces vrai-faux véhicules d' occasion , mais nombre d' entre eux manquent à l' appel des immatriculations nationales , relève M. Bourgeois . Ceux -ci ont été exportés ou attendent encore sur des parcs .