_: Les actionnaires minoritaires se mobilisent avec peu de moyens Chute des cours de Bourse , doutes sur la sincérité des comptes , controverse sur les stock-options : les griefs ne manquent pas pour les petits porteurs . Ils abordent la saison des assemblées générales bien décidés à obtenir des explications de la part de leurs entreprises Alors que la saison des assemblées générales d' actionnaires s' ouvre dans un climat houleux pour certaines entreprises , d' Alcatel à Vivendi Universal , en passant par Sidel , Schneider , Carrefour , France Télécom ou Rhodia , les petits porteurs n' ont jamais été autant présents sur le devant de la scène . Pas un patron , aujourd'hui , qui ne tente de désamorcer leur contestation en préparant en amont son AG avec les représentants de ces actionnaires très pointilleux . Trois figures de ce combat de défense des minoritaires , le cabinet Deminor , l' ADAM de Colette Neuville et l' avocat Alain Géniteau , peuvent se targuer d' avoir obtenu , par leur pugnacité , et malgré leur manque de moyens , des résultats tangibles , contre de grands groupes jusqu'ici peu soucieux de l' intérêt de leurs plus petits actionnaires L' ASSEMBLEE générale de Vivendi Universal , mercredi 24 avril , s' annonçant houleuse , Jean-Marie Messier a convoqué , mercredi 17 , les représentants des petits porteurs pour tenter de déminer le terrain . Les actionnaires minoritaires - terme qui recouvre une grande disparité , de la veuve de Carpentras , selon la vieille expression boursière , aux fonds spéculatifs américains - devraient être particulièrement présents , lors de la saison d' assemblées générales qui s' ouvre pour les entreprises . Chute des cours de Bourse , doutes sur les comptes , controverse sur les stock-options : les griefs ne manquent pas . L' Association des actionnaires minoritaires ( ADAM ) a ainsi interpellé tous les PDG des entreprises du CAC 40 sur leur politique de stock-options . Il y a encore beaucoup de progrès à faire en matière de respect des droits des actionnaires en France : comment expliquer que quinze jours avant l' assemblée de Vivendi Universal les comptes de la société n' étaient pas encore disponibles ? , s' insurge l' actionnaire activiste Alain Géniteau . Beaucoup de patrons ont désormais à coeur de border soigneusement à l' avance leur assemblée , pour éviter les affrontements . Il y a de plus en plus de contacts avant les assemblées générales pour régler les problèmes en amont et présenter des résolutions susceptibles d' être votées par les minoritaires , explique Sophie L' Hélias , une consultante qui représente des investisseurs institutionnels américains auprès de sociétés françaises . Combat inégal La montée en puissance des minoritaires reste cependant fragile . Entre des dirigeants sociaux et des actionnaires minoritaires , le combat est nécessairement inégal puisque les uns le conduisent avec les moyens de la société et les autres avec leurs ressources propres , souligne M. Géniteau . Ces ressources restent limitées . La plus ancienne des organisations , l' Association nationale des actionnaires de France ( ANAF ) , compterait 4 500 membres , tous des particuliers , qui règlent une cotisation annuelle de 100 euros . Disposant d' une permanente salariée et de membres bénévoles , elle édite notamment une lettre de conseils boursiers et donne des consignes de vote , mais sans parvenir à peser seule . Souvent , seulement 1 % du capital est représenté physiquement en assemblée générale , alors que le PDG a dans sa main énormément de pouvoirs en blanc envoyés par les actionnaires , note Fabrice Remon , associé du cabinet Deminor . Du côté de ceux qui s' allient avec des institutionnels et mènent aussi la bataille , le cas échéant , sur le terrain du contentieux , l' ADAM revendique 3 000 adhérents particuliers - dont 500 à 600 fidèles - , payant une cotisation de 50 euros , ainsi que des adhérents institutionnels . La principale ressource provient des services facturés aux institutionnels qui ne veulent pas apparaître en première ligne . En France , on est perpétuellement en situation de conflit d' intérêts , explique Colette Neuville , présidente de l' ADAM . Cela ne se fait pas qu' une sicav d' une grande banque attaque un client de cette même banque . Comme elle est quand même en droit d' être défendue , elle s' adresse à l' ADAM ... Le budget 2001 de l' association , d' environ 425 000 euros , a atteint un montant exceptionnel , en raison des procédures engagées pour les porteurs d' actions à dividende prioritaire ( ADP ) Legrand , dont de nombreux fonds d' investissements , lors du projet de fusion avec Schneider . La procédure a débouché sur un relèvement du prix pour ces porteurs , après un arrêt de la cour d' appel de Paris . Mais Mme Neuville a pris depuis longtemps l' habitude de travailler avec les moyens du bord . Pendant six ans , j' ai travaillé gratuitement , puis j' ai reçu un salaire de 25 000 francs brut , porté à 35 000 francs brut en 2001 ( ... ) . Au vu de la situation de l' association , j' envisage de suspendre mon salaire pendant trois ou quatre mois , prévient -elle . Mme Neuville a aussi eu recours à des expédients , entrant au conseil de surveillance de Paribas de 1994 à 1999 , et y percevant pour 200 000 francs de jetons de présence par an . J' ai toujours dit que les actionnaires minoritaires devaient entrer , sous certaines conditions , dans les conseil de surveillance , qui doivent exercer un véritable contrôle , et pas au conseil d' administration , qui prend les décisions , plaide -t-elle , expliquant : Chez Paribas , j' ai toujours dit ce que j' avais à dire . Frais de dossier Le cabinet Deminor , lui , demande 200 à 500 francs de frais de dossier à ses clients , qui ne souhaitent pas toujours apparaître publiquement , puis prélève entre 8 % et 12 % des sommes qu' il a récupérées . Deminor ( 6 salariés en France ) ne donne aucune autre précision chiffrée . Il est clair que , sur ce créneau , personne ne deviendra très riche , estime -t-on chez Proxinvest ( 9 salariés ) . Ce cabinet , qui travaille pour le compte d' une trentaine d' institutionnels , admet un chiffre d' affaires annuel d' environ 500 000 à 600 000 euros , pour un bénéfice net pas énorme . Son fondateur , Pierre-Henri Leroy , recevrait de 50 000 à 60 000 euros de salaire annuel .