_: Volkswagen accuse Peugeot , Citroën et Renault de casser les prix Bernd Pischetsrieder , le président de la firme allemande , dont la rentabilité est en chute libre , soupçonne ses concurrents français « d' acheter des parts de marché en Europe avec des remises de 15 à 20 % » . Dans une conjoncture difficile , l' offre accrue de nouveaux modèles exacerbe la concurrence Le Salon automobile de Francfort a ouvert ses portes , jeudi 11 septembre , dans un climat d' incertitudes pour l' industrie européenne . Les constructeurs redoutent une DÉRIVE à l' américaine du marché du Vieux Continent , avec une généralisation de la guerre des prix . Le patron de VOLKSWAGEN accuse les constructeurs français « d' acheter des parts de marché en Europe avec des remises de 15 à 20 % » . Son homologue de PSA Peugeot Citroën lui a rétorqué en comparant la RENTABILITÉ du groupe français avec celle , nettement plus dégradée , de Volkswagen . La concurrence , particulièrement vive en Europe , va encore s' accroître avec la montée en puissance de Toyota . Le PDG de BMW , Helmut Panke , explique dans un entretien au « Monde » , comment il compte élargir l' offre de la marque sans galvauder son image de marque . « Nous n' avons pas l' intention d' acheter des parts de marché en Europe avec des remises de 15 % à 20 % , contrairement à nos concurrents français. » En lâchant cette petite phrase à la veille du Salon de Francfort , qui a ouvert ses portes au public jeudi 11 septembre , Bernd Pischetsrieder , le patron de Volkswagen , est sorti de sa réserve naturelle à la surprise générale . Si le numéro un européen de l' automobile est sur la défensive , c' est avant tout parce que le marché n' a jamais été aussi concurrentiel . Le fait que , au premier trimestre , PSA Peugeot-Citroën ait rattrapé Volkswagen , en volume d' immatriculations , a dû agacer du côté de Wolfsburg , siège de VW en Allemagne . La réponse de Jean-Martin Folz , le président de PSA , ne s' est pas fait attendre . Pour lui , il n' y a pas de mystère : « La façon d' acheter des parts de marché se voit immédiatement dans les résultats , il suffit de comparer l' évolution des marges opérationnelles. » Or , au premier semestre , la marge opérationnelle de PSA a baissé de 27 , 4 % , celle de Renault de 65 % , et celle de Volkswagen de 75 , 4 % - à normes comptables comparables . « Au-delà de la polémique , personne n' a intérêt à déclencher une guerre des prix , estime un expert . Quand on fait le tour des constructeurs généralistes , on se rend compte que Fiat , Opel et Ford perdent déjà de l' argent , Renault en gagne peu et Volkswagen et PSA beaucoup moins qu' auparavant . Je doute qu' il y ait un des joueurs qui ait envie de se ruiner ... » Le marché européen pourra -t-il éviter de sombrer dans une situation comparable à celle des Etats-Unis ? Les constructeurs américains voient leur rentabilité laminée à cause des ristournes qu' ils sont obligés de proposer pour maintenir le marché à flot et soutenir la concurrence avec les Européens et les Japonais . L' hypothèse de vivre une telle situation est catégoriquement rejetée par le patron de Renault , Louis Schweitzer . « Le système de production en Europe est beaucoup plus flexible qu' aux Etats-Unis où les coûts fixes sont très élevés , ce qui incite à faire du volume et donc à faire des rabais. » Reste que le marché européen est actuellement fragile . Sur les 8 premiers mois , les immatriculations ont baissé de 2 , 2 % . « Nous avions prévu une baisse située entre - 3 % et - 4 % cette année , rappelle M. Schweitzer . Je pense que nous serons plutôt dans le bas de la fourchette. » Son homologue de PSA n' est guère plus optimiste : « Août a été mauvais avec - 4 , 7 % , reconnaît M. Folz , mais la moitié de cette baisse est imputable au marché français qui a lourdement chuté de 15 % . » Dans ce contexte , les plus flexibles s' en sortiront le mieux . PSA a d' ores et déjà annoncé une réduction de 73 000 unités de sa production . Ford et Opel sont en cours de restructuration pour rendre plus efficaces leurs usines afin d' abaisser les coûts . Mais les effets de cette rationalisation tardent à se faire sentir . « Le marché européen est très compétitif , nous avons encore beaucoup à faire sur le plan de l' offensive produit et des économies » , explique Nick Scheele , numéro deux de Ford . Car si le groupe américain a commencé à regagner des parts de marché en Europe , il a creusé ses pertes au premier semestre à 774 millions de dollars ( 693 millions d' euros ) . « Si nous ne revenions pas aux bénéfices au quatrième trimestre , nous serions très déçus » , a ajouté le président de Ford Europe , David Thursfield . L' autre américain , General Motors , n' est pas beaucoup mieux loti . Sa filiale européenne Opel repousse d' année en année son retour aux bénéfices . A Francfort , son patron Carl Peter Forster a une nouvelle fois promis de sortir du rouge en 2004 . Pour cela , Opel , comme les autres constructeurs , compte sur ses nouveaux produits , notamment l' Astra , qui sort au printemps 2004 . Cependant , là encore , la nouveauté est une condition nécessaire mais pas suffisante pour gagner de l' argent . Car le paysage européen est devenu très embouteillé . L' Astra devra se battre principalement contre la Renault Mégane , la Peugeot 307 et la Golf de Volkswagen . MARCHÉ PLUS CONCURRENTIEL Le marché est aujourd'hui beaucoup plus fragmenté et beaucoup plus concurrentiel qu' il y a quelques années . Par exemple , la première Golf , lancée en 1974 , avait dix fois moins de concurrentes dans son segment que la cinquième génération , présentée à Francfort . Cette compétition acharnée a déjà conduit à la sortie de route de Fiat . Et , dans le même temps , il faut désormais compter avec un joueur de poids supplémentaire : Toyota . Le numéro un japonais va atteindre cette année ses objectifs de vente en Europe avec deux ans d' avance sur ses prévisions , et vise désormais la vente de 1 , 2 million de véhicules à l' horizon 2010 . Depuis le début de l' année , Toyota a vu ses ventes augmenter de 9 , 2 % et les Coréens sont à + 13 , 6 % . M. Pischetsrieder n' a pas fini de pester contre la concurrence .