_: TotalFinaElf a décidé de ne pas rouvrir le site chimique d' AZF à Toulouse Le comité d' entreprise devait entériner le démantèlement de l' usine , jeudi . Les 430 salariés , sans emploi depuis l' explosion du 21 septembre 2001 , seront reclassés ou mis en préretraite LE GROUPE TotalFinaElf jette l' éponge à Toulouse . Grande Paroisse , filiale de la branche chimique Atofina du pétrolier , avait convoqué , jeudi 11 avril , un comité central d' entreprise , avec l' ordre du jour suivant : orientation de la politique industrielle de Grande Paroisse-Soferti . Selon nos informations , le directeur général de Grande Paroisse , Jean-Louis Besson , devait annoncer la fermeture définitive du site AZF de Toulouse - ou plutôt sa non réouverture - , détruit le 21 septembre 2001 par une explosion qui fit 30 morts et plus de 2 000 blessés . Les cas des deux usines d' engrais de la Soferti , à Fenouillet ( Haute-Garonne ) et à Bordeaux ( Gironde ) , dont les riverains réclament la fermeture , devaient également être évoqués . Le PDG de TotalFinaElf , Thierry Desmarest , avait promis d' annoncer sa décision pour AZF à la fin du premier trimestre . Il espérait que les enquêtes en cours , tant l' officielle que celle menée en interne , lui permettraient d' y voir plus clair sur les causes de l' accident et de prendre une décision en conséquence . Mais les investigations n' ont pas permis à ce jour de déterminer clairement les causes de l' explosion . Alors le PDG a tranché , en tenant compte de la nécessité de ne pas retarder davantage l' éventuel redémarrage de l' ensemble du pôle chimique situé au sud de l' agglomération toulousaine , qui compte , outre l' usine AZF , celle de la Société nationale des poudres et explosifs ( SNPE ) voisine , et les sites Tolochimie , Isochem et Raisio . Ces deux derniers ont obtenu du Comité départemental d' hygiène un avis favorable à leur réouverture . 10 000 personnes dans la rue TotalFinaElf a dû aussi se rendre à l' évidence d' une opposition grandissante au redémarrage de l' usine AZF , parmi les élus politiques locaux , la population et même , semble , au sein des salariés d' AZF . Le 21 mars , les syndicats de la chimie avaient certes rassemblé 2 500 manifestants dans la Ville rose pour demander le redémarrage des usines . Mais deux jours plus tard , plus de 10 000 personnes étaient à leur tour dans la rue , à l' appel du collectif Plus jamais ça , pour exiger au contraire la non-réouverture de l' ensemble du pôle chimique . Selon des sondages récents , environ un quart de la population seulement serait prêt à accepter une reprise de l' activité sur la zone dévastée ( Le Monde du 26 mars ) . Lundi 8 avril , une délégation des organisations syndicales a été reçue , à Paris , par les ministres de l' industrie , de la défense et de l' environnement . Mais elle n' a obtenu que la proposition de création d' une commission locale d' information . Il est évident que la période préélectorale n' est pas favorable , le courage politique des élus étant inversement proportionnel aux enjeux , ironisait mercredi dans un communiqué la fédération chimie-énergie de la CFDT . Grande Paroisse a évidemment mis aussi dans la balance le temps et les coûts de redémarrage du site détruit par l' explosion . La reconstruction aurait pris deux ou trois ans , sans compter les délais pour obtenir les autorisations et surtout ceux , plus aléatoires , nécessaires pour convaincre les élus et les opposants , dont la capacité d' obstruction n' est pas à négliger . Une remise en service d' AZF n' aurait donc pas été envisageable avant quatre ou cinq ans , au mieux . L' entreprise aurait perdu ses parts de marché , dans un contexte de forte concurrence sur un secteur qui n' est plus en croissance , observe un spécialiste de la chimie . Reste à mener le démantèlement d' AZF et le reclassement de ses 430 salariés , dont une vingtaine seulement demeurera sur place , ceux du service informatique de Grande Paroisse . Un plan de préretraites à 52 ans sera proposé à 170 salariés immédiatement , qui pourrait concerner , ultérieurement , certains de ceux qui resteront sur le site pour oeuvrer à son démantèlement . A Toulouse même , TotalFinaElf a demandé à son ancienne filiale pharmaceutique Sanofi-Synthélabo , dont il détient toujours 25 % , de regarder , parmi les recrutements en cours dans la région , ceux qu' elle peut proposer aux salariés d' AZF . Le groupe aurait identifié une centaine de postes immédiatement disponibles dans l' ensemble de ses établissements du Sud de la France , dans les activités chimiques , raffinage et distribution . Une centaine de postes supplémentaires seront également libérés dans l' année par le simple jeu des départs naturels . Enfin , pour compenser les pertes d' emplois induites par l' accident chez les sous-traitants d' AZF , Total va renforcer sa collaboration avec la Chambre de commerce et d' industrie de Toulouse pour favoriser l' implantation de PME-PMI , en vue de la création d' un millier d' emplois dans les cinq ans .