_: Bourses Dans l' attente d' une offensive annoncée des Etats-Unis en irak , tous les marchés boursiers sont en forte baisse . Aux Etats-Unis , les Bourses ont enregistré , lundi 10 mars , un décrochage historique . En Europe , les indices font grise mine : le DAX de Francfort et le Footsie de Londres sont à leur plus bas depuis sept ans . A Paris , l' indice cac 40 est à son étiage de 1997 . A Tokyo , le nikkei est à son plancher d' il y a vingt ans . La bulle Internet est complètement effacée . Au-delà des risques géopolitiques lourds , de l' Irak à la Corée du Nord , les sombres perspectives économiques inquiètent les investisseurs . Aux Etats-Unis comme en Europe , la dégradation du marché de l' emploi fait planer une sévère menace sur la consommation , seul moteur de la croissance face à un investissement en panne . L' indice cac 40 est passé sous les 2 500 points quelques minutes après l' ouverture de la Bourse de Paris , mardi 11 mars au matin . Les Bourses de Francfort et de Londres ouvraient également en baisse . " Il est toujours possible que nous observions un sursaut technique dans les prochains jours , avance Gonzague del Sarte , stratège chez Global Equities , courtier à Paris . Mais les indices boursiers sont clairement orientés à la baisse et peuvent encore chuter , par paliers , de 5 % à 10 % à moyen terme . Les marchés sont complètement déprimés . " En janvier , les analystes boursiers pariaient encore pour la plupart sur une remontée des principaux indices occidentaux , après trois années de baisse continue . L' optimisme n' est aujourd'hui plus du tout de rigueur : dans l' attente d' une offensive annoncée des Etats-Unis en Irak , les places boursières accélèrent leur glissade , à tel point que certains s' inquiètent de savoir si la guerre suffira à les faire remonter franchement . Ainsi , lundi 10 mars , au début d' une semaine cruciale , à la veille d' une possible présentation par les Américains et les Britanniques d' une deuxième résolution sur l' Irak au Conseil de sécurité de l' ONU et alors que les Etats-Unis semblent bien partis pour faire la guerre malgré un éventuel veto , les Bourses ont battu des records historiques de baisse , retrouvant leurs niveaux de 1996 ou 1997 et soldant ainsi définitivement , pour certaines , les gains de la bulle financière des années 1990 . A Wall Street , l' indice Dow Jones perdait ainsi 2 , 22 % , à 7 568 , 18 points ( - 9 , 27 % depuis le 1er janvier ) . L' indice Standard & Poor's 500 décrochait , quant à lui , de 2 , 58 % , à 807 , 48 points . Quelques heures plus tôt , à Paris , le CAC 40 s' inscrivait aussi en baisse de 2 , 38 % , à 2 513 , 61 points , retrouvant ses niveaux de 1997 et perdant 17 , 96 % depuis le début de l' année . A Londres , le Footsie abandonnait 1 , 59 % , à 3 436 , 00 points , au plus bas depuis sept ans et demi . L' indice DAX à Francfort terminait à son plus bas niveau depuis sept ans , ( 2 329 , 04 points , - 4 , 22 % ) . Enfin , mardi matin , le Nikkei à Tokyo crevait son plus bas niveau depuis vingt ans , à 7 862 , 43 points ( - 2 , 24 % ) . Les marchés redoutent évidemment la guerre et n' apprécient pas la perspective d' un conflit unilatéral , qui accentue les risques d' attaques terroristes . Mais si les cours baissent autant , " c' est surtout , selon M. del Sarte , parce que l' économie est bien plus délabrée qu' on ne le pensait il y a quelque temps " . Jean-Pierre Petit , directeur des études économiques à la Société de Bourse Exane , rappelle que , " au moment du démarrage des opérations militaires ( de la première guerre du Golfe ) , en janvier 1991 , les prix du pétrole avaient sensiblement reflué , les indices de confiance aux Etats-Unis étaient remontés et la Bourse avait repris " . Mais , selon lui , " même dans le scénario d' une guerre courte et limitée à l' Irak , les marchés commencent à comprendre qu' il est , hélas , probable qu' un tel scénario ne se reproduira pas " . Les derniers indicateurs économiques publiés montrent que la reprise est encore loin . Le taux de chômage américain pour février révèle que , au lieu des 20 000 à 40 000 créations d' emploi attendues , l' économie américaine a , au contraire , détruit sur la période 308 000 postes : " Les entreprises n' ont pas terminé leurs ajustements et ne sont pas rentrées dans une phase d' investissement " , selon M. del Sarte . La première économie mondiale serait donc en panne , comme le laissait entendre le Livre beige publié le 5 mars par la Réserve fédérale , la banque centrale américaine . Le moral des ménages , dernier " moteur allumé de la croissance " , ne tiendrait plus qu' à un fil , celui du marché immobilier , dont les analystes redoutent les premiers signes de faiblesse . SCANDALE AHOLD En Europe , le taux de chômage allemand ( 10 , 5 % , contre 9 , 6 % il y a un an ) pèse comme une hypothèque sur la première économie de la zone euro . En France , la confiance des ménages a sérieusement flanché en février , au plus bas depuis presque six ans . La décision de la Banque centrale européenne d' abaisser ses taux directeurs , jeudi 6 mars , de 25 points de base , à 2 , 5 % , n' a pas rassuré les marchés , qui ont jugé la mesure insuffisante pour relancer les économies européennes . Ces dernières , notamment leurs valeurs exportatrices , sont en outre pénalisées par l' appréciation continue de la monnaie européenne par rapport au billet vert , 1 euro s' échangeant contre 1 , 1028 dollar mardi matin après avoir atteint 1 , 1066 dollar la veille , son plus haut depuis quatre ans . Les ministres du pétrole de l' OPEP devaient se réunir mardi à Vienne pour décider d' une possible augmentation des quotas de production . Aux niveaux actuels , le brent de la mer du Nord ( 33 , 84 dollars mardi matin ) et le pétrole brut à New York ( 37 , 27 dollars lundi soir ) pèsent sur la croissance mondiale . Enfin , le scandale Ahold a mis à mal la confiance des investisseurs dans la sincérité des comptes des sociétés , confiance à peine remise de l' affaire Enron . L' action du troisième distributeur mondial a fondu de 77 , 69 % depuis le 1er janvier , après la révélation de possibles irrégularités dans ses comptes . Aujourd'hui , les actions ne paraissent pas chères et pourtant les investisseurs continuent de s' en détourner au profit des emprunts d' Etat . Les volumes échangés restent très faibles et les Bourses , en attendant la guerre , sont livrées aux fonds spéculatifs , seuls présents . Meilleure gestion des crises européennes La Banque centrale européenne ( BCE ) a annoncé , lundi 10 mars , la signature d' un accord visant à améliorer la gestion d' une éventuelle crise bancaire ou financière . La BCE , les banques centrales nationales et les instances de supervision de l' Union européenne entendent affiner leur coopération ( échanges d' information , procédures de décision ) , afin de mettre en place un réseau capable de réagir rapidement à une crise de liquidités . Dans une lettre d' intention publiée lundi , les différentes parties observent que l' intégration des marchés et la multiplication d' institutions financières installées dans plusieurs pays " augmentent la probabilité de troubles systémiques ( ... ) et élargissent le cadre d' une contagion transfrontalière " . L' accord , signé au terme de plusieurs mois de négociations , survient alors que le système bancaire allemand donne des signes de faiblesse , après une année 2002 difficile pour les principaux établissements . Il reflète aussi la volonté des banques centrales de défendre leur rôle en matière de supervision .