_: Le mur d' Israël Conséquences de la " cloture de sécurité " sur le processus de paix IL Y A TROIS ANS , dressant le constat ( ou prenant le prétexte ? ) de l' échec d' un processus de paix dans lequel il avait sa part de responsabilité , Yasser Arafat lançait ce qu' on a appelé la deuxième Intifada . Les historiens détailleront un jour la chaîne de causalités complexes qui conduisit à cette reprise de la violence entre Israéliens et Palestiniens . Le mot « intifada » est d' ailleurs mal choisi : contrairement à la première ( 1987 - 1991 ) , véritable révolte populaire , la seconde fut le fait de groupes de militants . Trois ans plus tard , la négociation de paix est morte , la société palestinienne exsangue , et Israël vit toujours à l' heure des attentats terroristes . Il ne faut pas banaliser cette dernière expression . Il ne faut pas atténuer la monstruosité - une organisation de défense des droits de l' homme a parlé de crime contre l' humanité - que représentent ces massacres de civils dans des bus , des pizzerias , des restaurants d' hôtel ou autres lieux publics . Avec , toujours , cette intention effarante : tuer le plus possible d' Israéliens . Face à cette barbarie , comment réagirait un pays de l' Union européenne ? Les Israéliens ont décidé de se protéger en érigeant un mur - ils disent une « clôture de sécu rité » - destiné à les isoler des Palestiniens de Cisjordanie . A l' origine , c' est une idée venue de la gauche . Le regretté Itzhak Rabin la partageait : Israéliens et Palestiniens avaient besoin - pour un temps au moins , pensait -il - d' être séparés de force . Les bonnes barrières font les bonnes frontières , qui font les bons voisins ... Un mur qui épouserait , grosso modo , le tracé de la « ligne verte » - celle qui séparait la Cisjordanie d' Israël avant la guerre de 1967 - préfigurerait la frontière avec le futur Etat palestinien . Le problème est que le tracé choisi par le gouvernement d' Ariel Sharon n' obéit pas à cette logique . Il mord largement sur le territoire de Cisjordanie ( notre reportage , pages 12 et 13 ) . Pour une raison : protéger les implantations israéliennes en Cisjordanie , défendre le fait accompli d' une politique de colonisation , dont Rabin disait qu' elle attentait à la sécurité d' Israël et qu' aucun processus de paix n' a interrompue . Le mur vient s' ajouter au réseau des check-points , routes de contournement et zones militaires mis en place pour défendre les implantations . Son tracé en fait un élément de la logistique déployée pour tronçonner la Cisjordanie , la transformer en une addition d' îlots entre lesquels les Palestiniens ne peuvent circuler - archipel qui ne pourra jamais constituer un Etat viable Le mur ébranle le projet de création d' un Etat palestinien qui coexisterait avec Israël . Il renforce le camp , grandissant , de ceux des Palestiniens qui prônent l' établissement d' un Etat binational en lieu et place d' Israël . Ceux -là ont la démographie de leur côté : d' ici à 2010 ou 2020 , les juifs entre le Jourdain et la Méditerranée , le territoire aujourd'hui contrôlé par Israël , seront minoritaires . Si le tracé n' en est pas modifié , qui sait si cette « clôture de sécu rité » ne s' avérera pas pour Israël comme une tragique ligne Maginot ?