_: Le cas Luc Ferry Ensuite que ce qui manque à ce gouvernement et qu' incarne notamment Luc Ferry , c' est une écoute sociale , actuellement remplacée par une forme de distance et d' indifférence aux malheurs et aux soucis des moins favorisés ou des plus démunis . IL Y A un cas Luc Ferry . Comment un ministre dit d' ouverture peut -il se transformer , en à peine un an , en ministre de fermeture ? Comment ce néophyte de la politique , qui dit n' en aimer guère les fourberies et leur préférer le commerce de la pensée , a -t-il pu devenir , pour les personnels de l' éducation , le symbole même de la politique telle qu' elle est de plus en plus contestée - lointaine , autiste , privilégiée , etc. ? Au lendemain du séisme politique que fut l' élection présidentielle de 2002 , l' arrivée dans l' équipe de Jean-Pierre Raffarin de ce philosophe connu du grand public semblait , à elle seule , le symbole d' une rénovation des équipes et des idées . Or , depuis la rentrée scolaire de septembre 2002 , Luc Ferry a réussi à devenir l' un des problèmes du gouvernement alors même que , loin d' être prévu en première ligne réformatrice , il était plutôt destiné à calmer le jeu face à des personnels insatisfaits , en proie au doute et à la révolte - ce qu' avait déjà commencé à faire son prédécesseur , Jack Lang . Plaidant en sa faveur , certains préféreront s' interroger sur la récurrence des protestations enseignantes , de Jospin à Ferry en passant par Allègre . Mais ce serait passer à côté des leçons des difficultés vécues par le ministre de la jeunesse , de l' éducation nationale et de la recherche . Paradoxalement , Luc Ferry , loin d' incarner une rénovation de la politique , a réussi à incarner une pratique politique que l' opinion tolère de moins en moins . De ceux qui la gouvernent , elle attend humilité , écoute et pragmatisme . C' est du registre de l' attitude , plus que du programme - cela n' exclut donc pas la conviction . L' humilité fut le premier problème de Ferry , prié par l' Elysée de réussir sa vie de ministre quand il semblait trop occupé à promouvoir son avant-dernier ouvrage ( Qu' est -ce qu' une vie réussie ? ) . L' écoute fut son deuxième obstacle quand , pour ouvrir un débat sur l' école , il asséna sa propre réflexion , d' autorité à la fois académique et ministérielle , à l' ensemble des enseignants , avec son dernier livre ( Lettre à tous ceux qui aiment l' école ) . Le pragmatisme fut son troisième contresens quand , dans ce petit livre , il fit le choix d' un parti pris idéologique affirmé , érigeant un individualisme hérité des années 1960 en cause de tous les maux . De cette mésaventure , qui , pour l' heure , se poursuit , on retiendra deux réflexions . D' abord que ministre est aussi , hélas sans doute , un métier , avec des règles et des usages .