_: Tous à Porto Alegre ! LE VOYAGE à Porto Alegre est à la mode , cette année , à gauche . Six ministres , trois candidats à l' élection présidentielle , le premier secrétaire du PS à la tête d' une forte délégation , ils seront nombreux , du 31 janvier au 5 février , à assister au Forum social mondial qui fera pendant , pour la deuxième fois , au Forum économique mondial de Davos , réuni exceptionnellement à New York . Forum économique contre forum social : le symbole est fort . D' un côté , les " maîtres du monde " - économistes , banquiers , dirigeants de multinationales - qui incarnent la mondialisation triomphante . De l' autre , les " damnés de la terre " - syndicalistes , militants écologistes , intellectuels , paysans - qui se font les porte-parole actifs de l' anti-mondialisation . Apparemment , la gauche française a choisi son camp , celui du refus d' une économie de marché sans contraintes ni frontières . Elle entend montrer qu' elle est solidaire de ceux qui souffrent de la domination du capitalisme mondialisé et des injustices que celle -ci entraîne , qu' elle est du côté des opprimés , non des oppresseurs . Après tout , elle est fidèle à sa tradition de défense des peuples face aux puissants . Elle est aussi dans le droit fil du discours prononcé par Lionel Jospin à Rio le 6 avril 2001 , qui soulignait que , si la mondialisation " libère des énergies " , elle " entraîne aussi des forces négatives qu' il faut maîtriser " . Sans entrer dans le débat sur les bienfaits et les méfaits de la mondialisation , sans verser non plus dans la caricature que diffusent la plupart des adversaires de la libéralisation des échanges , on doit reconnaître que la mondialisation a certes créé des richesses mais qu' elle s' est révélée impuissante à les répartir équitablement entre les pays comme entre les diverses catégories sociales d' un même pays . Ce constat critique , les organisations non gouvernementales ont fortement aidé à le formuler . Parmi elles , l' association Attac , en France , a beaucoup fait pour accélérer cette prise de conscience . Son rapide succès a montré qu' elle avait touché juste et que nombreux étaient ceux qui se disaient prêts à partager son combat . Pour leur part , ni Lionel Jospin ni le PS , en dépit de leurs belles déclarations d' intention , n' ont fait preuve de beaucoup d' empressement pour entrer dans cette bataille . Le premier ministre a beaucoup tardé à prendre la mesure de l' importance et de la popularité du mouvement antimondialisation , se laissant même devancer sur ce terrain par Jacques Chirac , qui n' a pas hésité à se dire , en octobre 2001 , " préoccupé de la mondialisation " . Attentif aux rapports de force , Lionel Jospin a commencé sa conversion . Il faut souhaiter qu' elle ne soit pas purement électorale . Non qu' il faille nécessairement donner raison aux contestataires , qui n' offrent guère de contre-projet cohérent , partagés qu' ils sont entre souverainistes et internationalistes . Mais il est indispensable de les entendre pour avancer vers une meilleure maîtrise de la mondialisation .