_: Le fait du président LA HAUTE administration est un pilier de la République française . Souvent critiquée pour son opacité et parce que trop dans le moule exclusif de l' ENA ou à Polytechnique , elle assure néanmoins le fonctionnement de l' immense administration française avec rigueur et avec une qualité que tout le monde s' accorde à lui reconnaître : l' impartialité . Attirée par les avantages financiers du secteur privé et minée par l' affaiblissement du rôle de l' Etat dans l' Europe et dans la mondialisation libérale , cette haute administration traverse une crise profonde . Un gouvernement qui s' est promis de " rétablir l' autorité de l' Etat " devrait porter une extrême attention à ses hauts fonctionnaires . On ne peut que déplorer , dans cette perspective , de voir gonfler une polémique sur les nominations auxquelles procède le gouvernement depuis huit mois . Dans l' administration préfectorale , aux ministères de l' éducation , de l' intérieur , de la justice et de l' économie , le pouvoir déclenche presque systématiquement de vives critiques sur ses choix . Ainsi , mercredi 18 décembre , le conseil des ministres a nommé Francis Mayer à la direction générale de la Caisse des dépôts et consignations en remplacement de Daniel Lebègue , qui briguait un second mandat de cinq ans et dont le bilan dans cette institution est unanimement salué . Parallèlement , Pierre-Matthieu Duhamel , ancien collaborateur d' Alain Juppé à Matignon , a été nommé directeur du budget , Jérôme Grand d' Esnon , ancien collaborateur de Jacques Chirac à la Mairie de Paris , a été nommé directeur des affaires juridiques de Bercy , et Bernard Niquet , ancien collaborateur de Bernadette Chirac , l' épouse du chef de l' Etat , a été promu préfet des Yvelines . A l' Assemblée , le socialiste Laurent Fabius a déploré le " sectarisme " de ces décisions . Il dénonce un retour de l' Etat-RPR et déplore qu' on écarte des " hommes compétents " de la fonction publique . On peut voir dans ces critiques le jeu normal d' un parti d' opposition et lui renvoyer ses propres pratiques lorsqu' il était aux commandes . La plupart des grands commis de l' Etat avaient été remplacés en son temps par le gouvernement de gauche . Mais , depuis 1988 et le partage de l' exécutif , la nécessaire négociation entre l' Elysée et Matignon avait établi un modus vivendi . Le remplacement de certains très hauts fonctionnaires par le parti au pouvoir qui veut transmettre sa politique dans l' administration n' est pas illégitime à la condition de respecter quelques principes : éviter les chasses aux sorcières , garantir la compétence indiscutable des promus , replacer honorablement le personnel démis de ses fonctions . La fin de la cohabitation repose le problème de la règle des nominations . Celles faites depuis huit mois semblent obéir au pur arbitraire . Placer ses amis semble l' un des objectifs prioritaires du président de la République ; avoir été un ancien de ses collaborateurs le seul critère de promotion . Ce n' est pas ainsi qu' on rétablit l' " autorité de l' Etat " .