_: Mattei sans fusible Après la démission , lundi 18 août 2003 , du directeur général de la santé , Lucien Abenhaïm - polémique sur la gestion par le gouvernement de la crise sanitaire de la canicule LA démission , lundi 18 août , du directeur général de la santé , Lucien Abenhaïm , ne va pas simplifier la gestion par le gouvernement de la crise , sanitaire puis politique , déclenchée par la canicule de la première quinzaine du mois et les milliers de morts qu' elle a provoqués . Contrairement aux apparences , en effet , M. Abenhaïm n' est pas le traditionnel « lampiste » de l' administration qui trinque en lieu et place des responsables politiques . Il n' est pas davantage le « fusible » commode que l' on aurait fait sauter pour protéger le ministre de la santé , voire le gouvernement , des accusations de passivité ou d' impéritie qui sont lancées contre eux . Haut fonctionnaire à principes , c' est lui qui a décidé de démissionner après avoir entendu Jean-François Mattei , son ministre de tutelle , déclarer qu' il n' avait pas reçu les « signaux d' alerte » qui lui auraient permis de prendre la mesure de la catastrophe qui était en train de se jouer . Cette démission est donc loin d' exonérer à peu de frais le ministre de la santé de ses responsabilités éventuelles . Il y est , au contraire , précisément renvoyé par les premières explications de M. Abenhaïm . Certes , celui -ci insiste sur le caractère absolument exceptionnel du « séisme » climatique qui a touché la France durant la première quinzaine d' août . De même , il admet « un manque dans nos systèmes d' information » face à ce genre de situation . Enfin , il souligne que la brutalité de la catastrophe caniculaire ne permettait pas d' en prévenir toutes les conséquences . Mais il récuse fermement l' hypothèse que les pouvoirs publics n' auraient pas pris la mesure de la vague inhabituelle de décès dès le 7 août et surtout à partir du 11 août . Et il écarte tout aussi vigoureusement l' accusation selon laquelle les responsables politiques n' auraient pas été alertés en temps et en heure : les informations dont disposait la direction générale de la santé , insiste -t-il , ont été communiquées au cabinet du ministre . Or il ne fait pas de doute que , dans la torpeur estivale et après les longs mois de tension sociale du printemps , le ministère de la santé puis Matignon ont tardé à réagir . Avant de multiplier les pas de clerc et les signes d' affolement devant une situation mal perçue , puis mal expliquée à défaut de pouvoir être totalement maîtrisée . Ainsi , dimanche 17 août encore , enrageant d' être pris en défaut par les critiques du PS , le premier ministre repoussait , dans Le Journal du dimanche , « toute idée de dysfonctionnement des rouages de l' Etat » . Dès le lendemain , il était démenti par son ministre de la santé , qui invoquait précisément de tels dysfonctionnements dans les mécanismes d' alerte . La situation est d' autant plus délicate pour Jean-François Mattei qu' il ne peut guère se retrancher derrière l' habituelle répartition des rôles entre responsables politiques et administratifs . Son autorité et son crédit , depuis quinze mois , tiennent autant à son aura de grand médecin qu' à son expérience politique . Cet atout se retourne aujourd'hui contre lui .