_: Espoir malgache LE PROCESSUS qui conduisait , lentement mais sûrement , Madagascar vers l' anarchie a été interrompu par un accord de compromis conclu , jeudi 18 avril à Dakar , entre les deux hommes qui se disputent la présidence de la Grande Ile . Grâce à la médiation du président sénégalais , Abdoulaye Wade , de conserve avec le secrétaire général de l' Organisation de l' unité africaine , Amara Essy , le " président " autoproclamé , Marc Ravalomanana , et le chef de l' Etat sortant , l' amiral Didier Ratsiraka , se sont entendus sur un processus de sortie de la crise politico-constitutionnelle qui les opposait . L' autorité du président Wade , symbole - rare , il est vrai - du bon fonctionnement de la démocratie en Afrique , et respecté par les deux rivaux , a été déterminante , après des mois d' affrontements depuis la proclamation des résultats contestés de la présidentielle de décembre 2001 . MM. Ratsiraka et Ravalomanana ont accepté un nouveau décompte " contradictoire " des suffrages . Il devrait dire si , comme l' affirme le maire de Tananarive , l' opposition l' avait emporté dès le premier tour , ou bien si , comme le prétend le président sortant , il y avait eu ballottage . Dans ce cas , des institutions " de transition " prépareront un référendum , qui départagera les deux hommes . Reste à savoir si les rancoeurs et les méfiances accumulées permettront à ce processus de se dérouler sans heurts . Il y va de l' avenir de Madagascar que soit mis un terme au dangereux glissement vers une guerre civile . Déjà en crise économique , cette île de 15 millions d' habitants , grande comme la France et située au large de l' Afrique de l' Est , ne peut se payer le luxe d' une crise politique . Ni l' instinct de survie d' un président usé par vingt-deux ans de pouvoir - entrecoupés par une alternance démocratique de 1992 à 1997 - ni les ambitions d' un politicien aux dents longues , même soutenu par les églises , ne sauraient le justifier . On peut se demander si , comme l' a souhaité le secrétaire général de l' OUA , cet accord sera appliqué de bonne foi . D' autant qu' il reste flou sur certains points , en particulier sur la méthode pour décompter de nouveau les voix du premier tour et sur la date de la mise en place des institutions intérimaires . Et que , derrière une apparence d' équilibre entre les deux candidats , il semble plus favorable à M. Ravalomanana , qui tient Tananarive et qui est le favori des milieux d' affaires . En effet , en acceptant de lever les barrages routiers qui asphyxiaient la capitale et qui " clochardisaient " le pays , M. Ratsiraka abandonne la dernière arme dont il dispose pour s' accrocher à la présidence . Il faut espérer que la raison prévaudra , que le vieux président saura céder élégamment la place si - comme on peut le penser - son rival l' emporte . Et que celui -ci saura se départir d' une intransigeance passée . Les Malgaches ont avant tout besoin que leurs dirigeants se préoccupent de leur sort et remettent sur pied l' économie . Ils ne peuvent se permettre une exacerbation des clivages géographiques et ethniques .