_: Avoir et être Droits d' auteur : la polémique autour de la procédure intentée par George Lopez instituteur à la retraite pour son rôle dans " Etre et avoir " film documentaire de Nicolas Philibert sur la classe unique d' un village du Massif Central LA PROCÉDURE intentée par un instituteur à la retraite , Georges Lopez , contre le réalisateur , les producteurs et les distributeurs du film Etre et avoir attristera 1 767 665 personnes . Ce sont les spectateurs français du documentaire de Nicolas Philibert consacré à la classe unique d' un village du Massif central , dont l' enseignant était M. Lopez . Célébré à la sortie du film comme un saint laïque dévoué à la cause de l' éducation gratuite pour tous , Georges Lopez demande une provision de 250 000 euros et apparaît aujourd'hui mu par la force la mieux partagée dans notre société , l' appât du gain . La démarche de M. Lopez fait s' envoler une illusion créée par le film de Nicolas Philibert . Le succès d' Etre et avoir a mis en lumière la puissante nostalgie que fait naître chez les Français ( et pas chez eux seulement , puisque le film a rencontré un grand succès , de la Corée aux Etats-Unis ) l' évocation d' un temps plus simple où les parents étaient aux champs et les élèves en classe , sous la gouverne d' un maître à l' autorité à la fois directrice et protectrice . La mise en scène du film allait dans ce sens , qui a ignoré délibérément les aspects les plus contemporains de la vie des enfants et des adultes de Saint-Etienne-sur-Usson . Nicolas Philibert ne s' en est jamais caché , faisant valoir qu' un cinéaste - fût -il documentariste - n' est pas journaliste . Dès lors , la démarche de M. Lopez peut se comprendre : même si le film n' appartient pas à la fiction , il en est la vedette , apportant sa part à l' oeuvre qui se crée au fil du tournage . C' est d' ailleurs bien en vedette qu' il fut convié par la production à monter , avec ses élèves , les escaliers du palais des Festivals , à Cannes , en mai 2002 . L' espace - géographique , économique , financier - ne se divise plus ; il n' existe pas d' oasis épargnées par les flux qui agitent la planète - fût -ce une salle de classe auvergnate . Pas plus qu' il n' existe d' êtres épargnés par les lois de la célébrité qui expose ses victimes au regard de la multitude et à la circulation de sommes d' argent sans commune mesure avec celles qui font le quotidien des instituteurs ou des agriculteurs . L' action de ces forces vient donc de faire voler en éclats les images idéales du film de Nicolas Philibert . Mais , quoi qu' on pense de la procédure intentée par M. Lopez , elle ouvre un débat passionnant . Le documentaire vivait jusqu'ici aux marges de l' économie du cinéma . Or les spectateurs font preuve d' un appétit nouveau pour les films qui puisent leurs images à la source du réel . Le succès d' Etre et avoir , s uivi par celui de Bowling for Columbine , de Michael Moore , en a fait l' un des espoirs d' une industrie inquiète pour son avenir . Cette inflation des enjeux commerciaux rend inévitables des réactions comme celle de Georges Lopez . Il faudra prendre en compte cette aspiration au partage des profits générés par les documentaires . Mais avec doigté . Car le travail sur le réel aurait tout à perdre à des arrangements financiers modifiant au départ le comportement des sujets filmés . Du documentaire , souvent refuge de l' intégrité cinématographique , on passerait à la télé-réalité , fondée à l' inverse sur le principe de lucre .