_: L' après-Sangatte LA FERMETURE du centre de Sangatte , où s' entassaient depuis trois ans des étrangers désireux de gagner la Grande-Bretagne pour y trouver des conditions de vie meilleures , est une bonne initiative , qu' il convient de mettre au crédit de Nicolas Sarkozy . Ce hangar surpeuplé où des milliers de personnes , Afghans et Kurdes en majorité , vivaient un douloureux cauchemar avant de se lancer dans l' aventure périlleuse de la traversée de la Manche par le tunnel franco-britannique était devenu à la fois un lieu de relégation inacceptable au regard des droits de l' homme et une source permanente de conflit entre Paris et Londres . Il était nécessaire de mettre fin à cette situation déplorable pour tenter d' apporter une réponse plus humaine aux demandes des réfugiés . Reste à gérer les suites de cette décision . Le pari du gouvernement est que l' afflux des demandeurs d' asile va se tarir de lui-même dès que ceux -ci auront compris qu' ils n' ont rien à espérer en continuant de camper , dans des conditions plus précaires encore , aux portes de Calais . Il se peut qu' il ait raison et que d' ici quelques semaines la situation redevienne normale . La raison principale de l' arrivée massive d' étrangers à l' entrée du tunnel est , on le sait , l' accueil plus favorable que leur réserve la Grande-Bretagne . Or celle -ci , comme elle s' y était engagée , vient de durcir sa législation pour cesser d' apparaître comme une terre promise et décourager , autant que possible , les candidats à l' immigration . Quand cette nouvelle se sera répandue dans leurs pays d' origine , beaucoup renonceront sans doute à entreprendre le long voyage vers le nord de la France . En attendant , il est indispensable que les autorités se mobilisent , sur place , pour s' occuper de ceux qui sont là et empêcher que ne se recréent les conditions qui avaient conduit précisément à l' ouverture du centre de Sangatte . C' est le sens de la démarche des élus locaux , qui demandent au ministre de l' intérieur de les aider davantage à prendre en charge les réfugiés . Il faut ensuite , pour ceux d' entre eux qui demanderaient le droit d' asile en France faute de pouvoir se rendre en Grande-Bretagne , que l' Etat accélère les procédures d' examen de leurs dossiers . Jacques Chirac a donné pour objectif à l' Office français de protection des réfugiés et apatrides ( Ofpra ) un délai inférieur à un mois . On en est loin . Enfin , il est temps que l' Union européenne définisse une politique commune en matière d' immigration et de droit d' asile . Les efforts menés en ce sens n' ont permis que de timides progrès . Un conseil des ministres chargés des affaires intérieures doit se tenir avant la fin du mois à Bruxelles pour examiner une fois de plus la question , que les nécessités de la lutte contre le terrorisme ont encore compliquée . L' absence d' harmonisation sur des sujets aussi essentiels que le contrôle aux frontières , les conditions d' accueil des demandeurs d' asile ou le recours à une main-d'oeuvre immigrée favorise les mouvements erratiques , qui rendent la situation incontrôlable .