_: Le Congrès et l' Irak GEORGE W. BUSH a fini par obtenir ce qu' il souhaitait , une résolution du Congrès lui donnant les mains - presque - libres pour faire face à la menace irakienne quand il lui semblera opportun de le faire . La Chambre des représentants , puis , dans la foulée , le Sénat , ont voté à une large majorité , dans la nuit de jeudi 10 à vendredi 11 octobre , une résolution l' autorisant à déclencher les hostilités pour " défendre la sécurité nationale des Etats-Unis contre la menace persistante posée par l' Irak " . Il sera tenu d' en informer le Congrès quarante-huit heures au plus après le début des opérations . L' affaire était entendue avec le ralliement des caciques démocrates , logique dans le climat ambiant d' une Amérique inquiète de la menace terroriste après les attentats du 11 septembre . Aller à l' encontre de ce sentiment leur semblait suicidaire à quelques semaines d' élections législatives . Le vote passé , ils entendent se concentrer sur des arguments plus porteurs , comme les difficultés économiques et sociales . De son côté , le président avait fait un pas en mettant une sourdine à sa rhétorique guerrière , sans renier ses objectifs . Il va désormais consacrer tous ses efforts à faire voter par le Conseil de sécurité des Nations unies une résolution lui donnant le blanc-seing qu' il souhaite pour châtier Saddam Hussein si celui -ci n' accepte pas une inspection musclée de ses sites militaires . Il lui faudra en particulier convaincre la France , rétive à tout texte donnant automatiquement le droit à Washington de riposter contre Bagdad . Le texte voté va plus loin que celui qui avait autorisé le président Bush père à chasser les troupes irakiennes du Koweït . Il est plus vague encore que la fameuse résolution du golfe du Tonkin de 1964 , qui avait permis à Lyndon Johnson d' engager les Etats-Unis dans le bourbier vietnamien . On mesure le coût de cette guerre inutile devant le monument érigé à Washington sur lequel sont gravés les noms des dizaines de milliers de soldats américains qui y ont perdu la vie . Pour appuyer son argumentation , le président Bush avait affirmé qu' une résolution très ferme était indispensable afin d' amener Saddam Hussein à résipiscence . Il lui faudra montrer qu' il veut vraiment éviter la guerre dans le cas où l' Irak se plierait aux exigences de l' ONU , ou s' il ne s' agissait que d' un prétexte pour obtenir les votes dont il avait besoin . Il devra aussi présenter enfin un plan stratégique , non seulement en cas de guerre , mais pour une période post-conflit qui sera - comme l' a rappelé le général Wesley Clark , ancien commandant suprême des forces alliées en Europe - lourde de périls et d' incertitudes . M. Bush devra enfin tenir compte d' inquiétudes qui ne sont pas uniquement le fait de ses partenaires européens ou arabes . L' opinion américaine , si elle est prête à faire la guerre au terrorisme , reste réticente face à une guerre qui n' aurait pas obtenu le soutien des alliés et de l' ONU . Et elle préférerait que la Maison Blanche se préoccupât un peu plus de la crise économique et boursière en cours .