_: L' effet Larzac Bilan du rassemblement altermondialiste sur le plateau du Larzac du 8 au 10 août 2003 - le rôle de José Bové PAS BESOIN d' attendre le « septembre brûlant » promis par José Bové , ce week-end au Larzac l' a déjà été . Ce rassemblement laisse présager un remue-ménage politique qui dépasse la crise engendrée par l' accumulation des conflits sociaux de ces derniers mois . Il est devenu banal de rappeler que « José » , par son talent d' organisateur comme d' orateur , par son « nez » politique - bien qu' il se défende d' en être un - , est parvenu à cristalliser des craintes , des mécontentements et des revendications qui sourdent du plus profond de notre société . Et en premier lieu de ceux , de plus en plus nombreux en France , qui récusent une mondialisation dont les effets pervers ne sont souvent combattus qu' en paroles par les dirigeants , politiques et économiques , du monde développé . Mais le leader de la Confédération paysanne occupe surtout un terrain politique que les partis , de gauche comme de droite , semblent lui avoir abandonné . Presque sans combat . La gauche peine à faire entendre sa voix ou plutôt ses voix discordantes . Partis traditionnels et contestataires sont à la même enseigne . Le PS paraît absent et est même devenu l' une des têtes de Turcs des altermondialistes , comme si l' amalgame démagogique gauche-droite pouvait avoir un sens . Quant aux Verts , mouvement anti-establishment par essence , il est « déboussolé » , selon les propres termes de Noël Mamère . Au sein du gouvernement , où Jean-Pierre Raffarin a tardé à prendre la mesure des effets de la canicule , il aura fallu attendre le lundi 11 août pour que quelques conseillers gouvernementaux interrompent leurs vacances et se penchent enfin sur les mesures à prendre pour les centrales nucléaires . Le succès de José Bové irrite aussi la droite . Ainsi Jean-François Copé , porte-parole du gouvernement , a -t-il dénoncé « le retour d' une extrême gauche organisée » qui « poursuit un but profond : empêcher toute réforme et paralyser la société française » . Encore faudrait -il que Matignon et l' Elysée - où Jacques Chirac dit partager les inquiétudes de José Bové sur les excès de la mondialisation - proposent une stratégie de riposte cohérente . A moins qu' on y pense que les divisions de la gauche peuvent être électoralement payantes lors des scrutins régionaux et européens de 2004 . Reste que mobiliser des centaines de milliers de jeunes , et de moins jeunes , sur le Larzac ne signifie pas ipso facto qu' ils seront prêts à descendre dans la rue lors de la rentrée sociale de l' automne . D' autant que les objectifs des manifestants ne s' additionnent pas mathématiquement et peuvent se révéler contradictoires : revendications des intermittents ou des enseignants , lutte anti-OGM , défense des intérêts du tiers-monde ... Enfin , la liberté d' expression qu' ils revendiquent s' accorde mal avec le « démontage » musclé de la tente du PS . Bref , le succès du rassemblement « Larzac 2003 » sert de révélateur des blocages de la société française . Il montre aussi les limites de l' action de José Bové .