_: L' ONU dégradée Le retour du dossier irakien à l' ONU - ( Projet de résolution proposé par Washington Londres et Madrid - Mission confiée à Paul Bremer ) SOUS FORME d' un projet de résolution proposé par Washington , Londres et Madrid , le dossier irakien retourne à l' ONU . Certains des conseillers les plus durs du président George W. Bush auraient aimé contourner l' Organisation . Tout ce qui , dans le système multilatéral actuel , pourrait limiter l' action des Etats-Unis leur paraît condamnable - et devant être abattu . Richard Perle , l' un des collaborateurs du secrétaire à la défense , Donald Rumsfeld , célébrait avec la chute de Bagdad « la mort de l' ONU » ... L' ennemi n' est pas seulement tel ou tel groupe d' Etats voyous ou la nébuleuse du terrorisme islamiste ; c' est aussi la tour de verre qui , au bord de l' East River , abrite le bâtiment des Nations unies . Tous ceux qui estiment que l' ONU , dans son imperfection , avec ses limites et ses échecs , parfois retentissants , n' en incarne pas moins une esquisse de légalité internationale - et constitue le seul forum à pouvoir le faire - se féliciteront de voir le cas irakien de nouveau à New York . Mais c' est un retour qui porte la marque de la volonté américaine : tout faire pour diminuer le rôle politique de l' ONU . Washington reconnaît qu' il est difficile de ne pas disposer d e l' imprimatur de l' ONU pour « légaliser » l' occupation de l' Irak , c' est-à-dire l' administration directe d' un pays souverain par d' autres pays , le temps d' y installer un nouveau régime . Il faut donc en passer par le Conseil de sécurité pour qu' il « endosse » , « pour une période initiale de douze mois » , renouvelable , le pouvoir exercé à Bagdad par les pays qui ont gagné la guerre ( désignés , dans le projet de résolution , par l' expression « Autorité provisoire de la coalition » , sans qu' on sache exactement combien de pays ont l' honneur de faire partie de ladite coalition ... ) . Contrairement à l' Afghanistan , au Kosovo ou à Timor , par exemple , aucun envoyé de l' ONU n' assurera , serait -ce symboliquement , la fonction de patron de l' « Autorité » . Cette mission est confiée à l' Américain Paul Bremer ( dont il n' est pas dit qu' il doit rendre compte au Conseil ) . L' ONU est dépourvue de tout rôle politique ; elle est cantonnée dans l' humanitaire . Il s' agit de la dépouiller de son pouvoir dans le domaine de ce que sa Charte appelle le « maintien de la paix » , pour la transformer en une vaste organisation internationale d' assistance humanitaire . Pour la normalisation la plus rapide de la situation en Irak , sans doute faut -il souhaiter qu' il n' y ait pas au sujet de cette résolution d' inutiles batailles théologiques . Mais il ne faut pas non plus être dupes . L' affaire va au-delà d' une manifestation de mesquinerie de la part de l' administration Bush à l' égard du Conseil de sécurité , comme de tous ceux - du Canada à la France , en passant par le Mexique - qui ont eu le culot de lui résister dans l' affaire irakienne . Elle est profondément révélatrice de son attitude sur la scène internationale . Révélatrice de sa volonté d ' imperium solitaire , à la fois au nom du drame vécu en 2001 ( révélation de sa faiblesse ) et de son hégémonie militaire ( manifestation de sa force ) .