_: Ecouter les médecins CE FUT donc un succès . La manifestation nationale des médecins et des professionnels de santé libéraux a rassemblé , dimanche 10 mars , quelques dizaines de milliers de protestataires , sensiblement plus que la police a bien voulu en dénombrer . Loin de constituer l' enterrement du mouvement engagé le 15 novembre 2001 par les médecins généralistes afin que le tarif de base de la consultation soit porté à 20 euros et celui de la visite à 30 euros , elle les encourage donc à poursuivre la lutte . La signature , le 24 janvier , d' un accord , sous forme d' un avenant à la convention des médecins généralistes , entre les caisses d' assurance-maladie et le seul syndicat MG- France , n' a pas suffi à désamorcer le mécontentement . Et cela malgré la revalorisation des actes ( 0 , 97 euro de plus par consultation ) et une rémunération des gardes et astreintes . La mise en chantier par Elisabeth Guigou , ministre de l' emploi et de la solidarité , d' une série de réunions de travail destinées à améliorer les conditions matérielles d' exercice des médecins , n' aura pas non plus permis de calmer le jeu . Il faut dire que , malgré l' organisation de deux Grenelle de la santé et un mini-mea mini-mea culpa prononcé devant leurs représentants le 5 mars , la ministre n' a pas donné aux médecins le sentiment qu' elle les écoutait vraiment . A la différence de l' opinion qui a d' emblée trouvé légitimes leurs revendications . Un Français sur deux estime même justifiée l' augmentation unilatérale des consultations , selon un sondage Ipsos pour Dimanche Ouest-France . La classe politique ne s' y est pas trompée , puisque , à l' exception d' un Lionel Jospin muet sur le sujet , tous les candidats à la présidentielle ont approuvé le mouvement des médecins . Qu' expriment les médecins généralistes et , au-delà , beaucoup de professionnels de santé libéraux ? Avant tout un profond sentiment de lassitude . Lassitude de travailler en moyenne 58 heures par semaine - et plus encore en milieu rural - , au moment où se met en place la réduction du temps de travail , et d' assurer des gardes . En même temps qu' elle se féminise ( 27 % des généralistes , contre 16 % en 1984 ) , la population médicale vieillit . Les médecins veulent donc " travailler moins et mieux " . Face à cette usure , il ne suffit pas de clamer à tout vent que notre système de santé est le meilleur du monde selon l' Organisation mondiale de la santé . A présent , le gouvernement se trouve devant une situation où il sait qu' il devra compter avec un mouvement des médecins et des professionnels de santé libéraux pendant la durée de la campagne de la présidentielle et des législatives . Qui plus est , le partenaire conventionnel qu' est MG-France vient d' adopter un tour plus radical en exigeant l' ouverture de négociations , notamment pour passer à la consultation à 20 euros . Il est temps de trouver une porte de sortie à un conflit qui dure depuis près de quatre mois . Cela passe par un geste de revalorisation immédiate des tarifs de base , même si le passage aux 20 euros est programmé à une date ultérieure .