_: Le cas Millon Nommé mercredi 3 septembre 2003 , représentant de la France auprès de l' Organisation des Nations unies pour l' agriculture et l' alimentation ( FAO ) , avec rang d' ambassadeur par Jacques Chirac AUX YEUX de la majorité , il fallait régler le cas Millon . Depuis qu' il avait choisi , le 15 mars 1998 , de s' allier avec le Front national pour conserver son fauteuil de président de la région Rhône-Alpes , avant d' en être écarté dix mois plus tard , Charles Millon était la cause de tous les déboires de la droite lyonnaise et rhônalpine , de ses divisions et de ses échecs . A commencer par la perte , en 2001 , de la mairie de Lyon au profit de la gauche . Ressassant sa mise à l' écart , ruminant sa revanche , ne menaçait -il pas , à nouveau , de la « plomber » aux régionales de 2004 , puis d' entraver la reconquête de la mairie de Lyon que guigne ouvertement le ministre de la justice , Dominique Perben ? Il fallait donc régler le cas Millon . C' est chose faite . En le nommant , mercredi 3 septembre , représentant de la France auprès de l' Organisation des Nations unies pour l' agriculture et l' alimentation ( FAO ) , avec rang d' ambassadeur , Jacques Chirac s' en est chargé . Voilà Charles Millon durablement , voire définitivement , écarté de la scène politique française . Mais à quel prix ? Certes , pourra -t-on toujours plaider à l' Elysée , il n' est pas mauvais qu' un certain nombre d' ambassades , de temps à autre , échappent aux diplomates du quai d' Orsay . Cette pratique a ses mérites , dès lors qu' elle ouvre certains grands corps de l' Etat à des hommes et des femmes qui ont fait leurs preuves ailleurs que dans la fonction publique . Mais on est alors en droit d' exiger que ces nominations ne contredisent pas les grands principes affichés par le pouvoir qui y procède . Ce qui est le cas en l' espèce . Pour trois raisons . Tout d' abord , la nomination de Charles Millon n' efface pas sa personnalité et ses choix politiques . Elle n' efface pas son alliance , jamais reniée , toujours assumée , avec l' extrême droite . Elle n' efface pas davantage sa condamnation par la cour administrative , en juillet 2003 , à rembourser 350 000 euros au conseil régional correspondant aux loyers d' un appartement qu' il s' était attribué indûment quand il présidait la région . En deuxième lieu , la mise à l' écart du « mouton noir » Millon ne lave pas la droite lyonnaise de ses compromissions . Or la majorité n' éprouve apparemment aucune gêne à faire rentrer dans ses rangs les brebis égarées , ces élus millonistes au conseil régional qui , pas davantage que leur chef de file , n' ont hésité depuis quatre ans à mêler leurs voix à celles du Front national . Enfin , et c' est l' essentiel , la France ne cesse d' afficher l' importance qu' elle attache à l' ONU . Et voilà comment elle traite l' une de ses grandes agences spécialisées ! En privilégiant une petite opération de cuisine électorale , au détriment de son image . Les pays d' Afrique et d' Asie concernés apprécieront . Le président Jacques Chirac vante une France qui , sur la scène internationale , aurait un comportement modèle . Le ministre des affaires étrangères , Dominique de Villepin , défend avec fougue une « diplomatie de principes et de résultats » . La nomination Millon illustre le contraire .